Balkans
L’étau se resserre autour de Ratko Mladic
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Belgrade
Vendredi matin, le quotidien Danas de Belgrade, réputé pour le sérieux de ses informations, a affirmé qu’il avait localisé le fugitif, grâce à des informateurs dont le journal ne peut pas révéler l’identité. Ratko Mladic se trouverait «dans une grande ville de Serbie centrale». Le gouvernement serbe a apporté un démenti à ces informations, en niant également que les moindres pourparlers soient en cours pour obtenir la reddition du général.
Depuis 1995, Ratko Mladic, l’ancien général en chef des Serbes de Bosnie, défie la justice internationale. Inculpé de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide, notamment en raison du massacre de Srebrenica, le fugitif se cache très probablement depuis des années en Serbie, où il a longtemps joui de la protection de l’armée.
Ces dernières semaines, Belgrade a notablement amélioré sa coopération avec le TPI de La Haye, en procédant à l’arrestation de nombreux inculpés. En visite à Belgrade la semaine dernière, la procureure générale Carla Del Ponte avait félicité les autorités serbes, tout en continuant à exiger l’arrestation de Ratko Mladic et de Radovan Karadzic. Selon la plupart des informations disponibles, ce dernier se cacherait en Bosnie, tandis que le TPI affirme que Ratko Mladic serait bien en Serbie, malgré les démentis officiels de Belgrade.
Jeudi, les États-Unis ont levé les sanctions qu’ils avaient imposé en janvier dernier à la Serbie et Monténégro, à cause de la mauvaise coopération du pays avec le TPI. Au total, près de 26 milliards de dollars d’aide américaine devraient être rapidement débloqués. Cette décision américaine a été interprétée comme un signal indiquant que le dossier Mladic pourrait connaître un dénouement rapide.
Les autorités serbes très divisées
La bonne coopération avec le TPI est également une condition exigée pour poursuivre le rapprochement européen de la Serbie. Au début du mois d’avril, Belgrade a reçu un «avis de faisabilité» positif pour son adhésion au processus européen d’association et de stabilisation, mais la poursuite des négociations est totalement liée à l’éventuelle arrestation du général Mladic.
Jusqu’à présent, les autorités serbes étaient très divisées sur ce dossier, le Premier ministre Vojislav Kostunica demeure très réservé envers toute forme de coopération avec le TPI, tandis que les courants démocratiques, notamment le Président de la République Boris Tadic, y sont favorables. Il semble cependant que Vojislav Kostunica lui-même soit prêt à avaler beaucoup de couleuvres au nom de l’objectif européen.
Cependant, nul ne sait qui contrôle exactement les différents services de sécurité du pays. Vojislav Kostunica a permis le retour de nombreuses figures de l’ancien régime de Milosevic, notamment dans les services secrets, tandis que l’armée constitue toujours une citadelle autonome, qui n’obéit pas forcément au pouvoir politique.
Dans le passé, Ratko Mladic a fait savoir à plusieurs reprises qu’il ne se rendrait jamais sans combattre jusqu’au bout, et il disposerait d’une garde personnelle toujours importante. Selon certaines sources officieuses, le fugitif aurait récemment demandé aux autorités serbes de verser une pension à vie aux hommes de cette garde en échange de sa reddition.par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 10/06/2005 Dernière mise à jour le 10/06/2005 à 17:55 TU