Sénégal
Les dissidents rentrent dans le rang
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Dakar
Depuis plusieurs mois, nombre d’observateurs estiment que le principal adversaire d’Abdoulaye Wade est son propre parti du fait des profondes divisions qui déchirent le Parti démocratique sénégalais (PDS).
Et la fronde lancée le 25 avril dernier par quatorze députés –devenus douze par la suite– décidés à former leur propre groupe parlementaire présageait d’une possible explosion du mouvement, qui pouvait coûter cher à l’actuelle majorité aux législatives de l’année prochaine.
D’autant que leur mentor présumé n’était autre que l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, qui fut longtemps le bras droit du président avant de tomber en disgrâce, l’année dernière.
Coup de théâtre
Ces dernières semaines, le président sénégalais a d’abord semblé opter pour la manière forte, en avalisant l’exclusion de facto des parlementaires frondeurs. Ces derniers devaient même être écartés de l’assemblée mardi dernier, à la demande de l’aile dure du Parti démocratique sénégalais.
Et puis survint le premier coup de théâtre. La réunion du Parlement est reportée sine die. Ensuite Abdoulaye Wade reçoit les douze députés frondeurs vendredi après-midi pendant plus de deux heures. Et à la sortie ils annoncent la fin de leur dissidence. Leur porte-parole Oumar Sarr est on ne peut plus clair : «Le groupe Forces de l’alternance (le nom du groupe concurrent qui devait être formé à l’assemblée) n’existe plus à partir d’aujourd’hui».
Et il se justifie en expliquant, sans plus de précisions, que le chef de l’Etat a estimé fondés les griefs des frondeurs concernant un certain nombre de «carences» du parti dirigeant.
Retour ou déclin d’Idrissa Seck ?
A Dakar, la presse s’interrogeait samedi sur les motifs réels de ce revirement, mais aussi sur le sens qu’il faut lui donner. Est-ce le début d’un retour en grâce d’Idrissa Seck ? Ou bien au contraire le début d’un lâchage par ses camarades ? Ces derniers s’en défendent en prenant soin de se présenter comme des «amis d’Idrissa Seck».
En obtenant la fin de cette dissidence parlementaire, le président sénégalais montre en tous cas qu’il veut s'attaquer aux graves divisions qui minent son parti, tout en recentrant le débat politique sur un face-à-face majorité-opposition. Une marche unitaire, que l’ensemble de ses adversaires avait prévu d’organiser à Dakar ce samedi, a été interdite pour «menaces de troubles à l’ordre public».
Dans le même temps, l’opposant Abdourahim Agne, leader du Parti de la réforme, a été arrêté le 27 mai dernier pour avoir appelé à une révolution pacifique à l’ukrainienne au Sénégal. Ses avocats ont déposé ce vendredi une demande de mise en liberté qui n’a pas encore abouti.
par Christophe Champin
Article publié le 11/06/2005 Dernière mise à jour le 12/06/2005 à 15:03 TU