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G77

Les pays du sud organisent la résistance

Les délégations des 132 Etats membres du G77 posent pour la photo de famille du sommet.(Photo: AFP)
Les délégations des 132 Etats membres du G77 posent pour la photo de famille du sommet.
(Photo: AFP)
Ce matin, s’est ouvert dans l'émirat du Qatar, le deuxième sommet des Etats membres du G77, plus la Chine. Une réunion internationale pour tenter de défendre d’une seule voix les intérêts des pays en voie de développement.
De notre correspondant à Doha

Quartier bouclé, policiers déployés, c'est sous haute surveillance qu'a démarré mercredi matin le deuxième sommet des pays du Sud, le plus grand rassemblement international jamais organisé au Moyen-Orient. A l'abri des regards, dans les salles de conférence d'un hôtel de luxe de la capitale, les délégations des 132 états membres de ce groupe fondé en 1964 par 77 pays vont tenter de définir une position commune leur permettant de peser face aux pays du Nord.

Pour ces deux jours de discussion, en présence d’une soixantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, les participants se sont fixés trois priorités, dont les deux premières sont directement liées à l’ouverture en septembre prochain de la 60e assemblée générale des Nations unies. Une réunion au cours de laquelle les Etats membres se pencheront sur la réforme de l’organisation internationale et dresseront un premier bilan des objectifs de développement fixés il y a 5 ans, lors du sommet du Millénaire.

Front commun aux Nations unies

Sur la modernisation des institutions onusiennes d’abord, le G77 entend formuler à Doha une série de propositions visant à renforcer leur représentation au sein de l’organisation. L’élargissement du Conseil de sécurité avec l’entrée de deux nouveaux membres permanents, l’Inde et le Brésil, est la mesure phare de cette initiative dont le succès n’est pas assuré en raison des tensions persistantes entre certains pays du Sud. Le Pakistan refuse notamment de soutenir une candidature indienne.

Le consensus devrait en revanche être beaucoup plus facile à établir à propos de l’état d’avancement des objectifs de développement fixés par l’ONU dans sa déclaration du Millénaire. Lors des réunions préparatoires, les délégations du G77 ont en effet largement dénoncé l’inaction des pays industrialisés et le non respect de leurs engagements pris il y a 5 ans. «Le Sud a donné suite aux exigences fixées, notamment en terme de libéralisation des économies», constatait ainsi dés lundi le ministre qatarien des Affaires étrangères, avant d’appeler «les pays du Nord à honorer leurs promesses». En particulier l’engagement convenu en l’an 2000 de consacrer 0.7% de leur PNB à l’aide au développement ou bien celui de réduire l’endettement endémique des pays du Sud qui demeure un véritable fardeau.

Annulation de la dette: mieux vaut tard que jamais

L’annonce en début de semaine de l’annulation de la dette de 18 pays pauvres, estimée à 40 milliards de dollars, n’a d’ailleurs rien changé aux griefs et à l’amertume des Etats du G77. S’ils ont tous salué l’initiative du G8, ils la considèrent néanmoins «très insuffisante». «Mieux vaut tard que jamais», a commenté le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères jamaïcain, Delano Franklyn, dont le pays assure cette année la présidence du G77, tandis que son homologue malaisien condamnait lui les conditions fixées à cette annulation (bonne gouvernance et lutte contre la corruption) «qui remettent en cause la souveraineté des Etats.»

La déclaration finale du sommet de Doha qui sera adoptée jeudi pourrait donc aussi rejeter catégoriquement le principe même de toutes conditions préalables à l’octroi d’une assistance au développement.

Renforcement de la coopération entre les pays du Sud

Troisième enjeu enfin de cette réunion internationale, qui relève lui des relations commerciales sur la planète, le G77 entend renforcer la coopération économique entre ses membres. «Plus d’échanges entre pays du sud, pour contourner la domination des économies du nord et essayer de rééquilibrer le commerce international», résumait un diplomate sénégalais, après avoir rappelé que les échanges entre pays africains ne représentaient que 3% du commerce mondial. Le sommet de Doha devrait donc aussi mettre en avant un plan d’action destiné à renforcer le multilatéralisme. Son contenu précis reste encore flou mais il pourrait notamment reprendre une initiative de l’émir du Qatar, présentée lors de son discours d’ouverture: la création d’un fond de développement des pays du Sud, auquel l’émirat s’est engagé à verser 20 millions de dollars si sa création est retenue.


par Aurélien  Colly

Article publié le 15/06/2005 Dernière mise à jour le 15/06/2005 à 12:00 TU