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Cambodge

Prise d’otages dans une école : un enfant tué

Les forces de police cambodgiennes se sont massées autour de l'Ecole internationale de Siem Reap où s'est déroulée la prise d'otages.(Photo : AFP)
Les forces de police cambodgiennes se sont massées autour de l'Ecole internationale de Siem Reap où s'est déroulée la prise d'otages.
(Photo : AFP)
Un petit Canadien de trois ans a été tué jeudi lors d’une opération de police qui a mis fin à une prise d’otages qui a duré près de six heures dans l’école internationale de Siem Reap, dans le nord-ouest du Cambodge. Un des quatre ravisseurs a également été tué dans cette intervention qui a permis l’arrestation de trois autres preneurs d’otages.

Le Cambodge.
(Carte: SB/RFI)
Il était neuf heures et demie ce jeudi matin lorsque quatre hommes armés d’un seul fusil d’assaut AK-47, le visage cagoulé, ont investi la petite école internationale de Siem Reap qui accueille les enfants des nombreux expatriés résidant dans cette ville située à proximité du site historique d’Angkor Wat. Les ravisseurs ont d’abord pris en otages soixante-dix élèves et trois enseignants avant de libérer une quarantaine de personnes et se retrancher dans une classe avec une trentaine d’enfants âgés de deux à six ans et un instituteur. Les quatre hommes, dont on ne connaît pas les motivations, ont exigé une somme de 1 000 dollars, six fusils d’assaut AK-47, six grenades et une fourgonnette pour les conduire à la frontière thaïlandaise. Soucieux de ne pas mettre en danger la vie des enfants, les forces de sécurité cambodgiennes, arrivées en nombre sur les lieux, ont rapidement accédé à l’une des revendications des preneurs d’otages en leur fournissant un véhicule. Selon un diplomate, les autorités ont également accepté de payer la rançon exigée mais les négociations ont achoppé sur la volonté des ravisseurs de prendre «trois ou quatre enfants avec eux».

L’armée et la police cambodgiennes ont bouclé le secteur pendant que les autorités tentaient de négocier par téléphone portable la libération de tous les otages. C’est lorsqu’elles ont refusé de fournir aux preneurs d’otages des armes que la situation a vraisemblablement dérapé. Selon le ministre de l’Information, Khieu Kanharith, les ravisseurs auraient en effet tué un petit garçon de trois ans pour contraindre leurs interlocuteurs à revenir sur leur décision et ont «menacé d'exécuter les enfants un par un». «Nos forces ont alors décidé de donner l'assaut», a-t-il ajouté. Des témoins ont rapporté que plusieurs salves de coups de feu ont été tirées dans l’enceinte de l’école avant qu’une vingtaine de policiers et de soldats ne forcent les portes de l’établissement pour secourir dans la plus grande confusion les otages qui étaient retenus depuis près de six heures.

La piste terroriste écartée

Selon l’agence Reuters, un médecin qui a examiné le corps du petit Canadien a déclaré qu’il avait reçu une balle dans la tête, confirmant la version des autorités cambodgiennes. La plupart des élèves de l’école internationale de Siem Reap sont des enfants d’expatriés nombreux dans cette petite ville du nord-ouest du Cambodge où ils travaillent dans les domaines du tourisme et de l’humanitaire. La cité est relativement prospère en comparaison du reste du pays, l’un des plus pauvres du Sud-Est asiatique.

Les motivations des ravisseurs n'ont pour l’instant toujours pas été clairement établies. Mais il semblerait, selon plusieurs témoins, qu’il s’agirait plutôt d’un acte crapuleux. L’un de ces témoins, présents sur les lieux du drame, a même laissé entendre que les preneurs d’otages le sont devenus par opportunité. «Ils avaient l’allure de gangsters. On aurait dit qu’ils étaient en fuite et qu’ils ont pénétré dans l’école sans avoir réellement de plan», a-t-il confié à l’Agence France Presse. Les ravisseurs, dont l’un aurait été tué pendant l’assaut, ont tous été identifiés. Agés d’une vingtaine d’années, ils sont tous originaires de la capitale Phnom Penh et sont arrivés à Siem Reap dans la soirée de mercredi. Trois d’entre eux avaient été employés dans une société de gardiennage et le dernier était maçon.

Les autorités cambodgiennes avaient dans un premier temps évoqué des motivations politiques pour expliquer cette prise d’otages. «Nous nous demandons s'il s'agit d'éléments des Combattants pour la liberté du Cambodge ou s'ils ont été recrutés par une firme ou un pays pour détruire le tourisme au Cambodge», avait notamment déclaré le ministre de l’Information Khieu Kanharith. Ce groupe armé avait été en novembre 2000 l'auteur d'une attaque avortée au Cambodge et son chef, Chun Yasith, un Cambodgien naturalisé américain, a été arrêté début mai 2005 en Californie pour activités terroristes. La piste d’un crime crapuleux semble aujourd’hui la plus plausible. Le Premier ministre Hun Sen s’est d’ailleurs empressé d’affirmer que les preneurs d’otages n’appartenaient à aucun réseau terroriste.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 16/06/2005 Dernière mise à jour le 16/06/2005 à 18:24 TU