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Philippines

Arroyo envisage sa destitution

Gloria Arroyo est au centre d’un scandale concernant l’élection présidentielle de 2004 qu’elle a gagnée et se trouve également liée à des affaires de corruption impliquant ses proches.(Photo: AFP)
Gloria Arroyo est au centre d’un scandale concernant l’élection présidentielle de 2004 qu’elle a gagnée et se trouve également liée à des affaires de corruption impliquant ses proches.
(Photo: AFP)
Les Philippines sont à nouveau secouées par une crise politique depuis que des soupçons de fraude électorale pèsent sur la présidente Gloria Arroyo. Des affaires de corruption ont été révélées. Elles concernent son entourage. Pour mettre fin au scandale, Gloria Arroyo propose de se soumettre à une procédure de destitution.

Gloria Arroyo est prête à se soumettre à une procédure de destitution pour contrecarrer les accusations de fraude électorale lancées par l’opposition. C’est ce qu’a annoncé le porte-parole de la présidente philippine. Dans son communiqué, Ignacio Bunye estime que «la destitution n’est pas justifiée et ne sera qu’une perte de temps, mais si cela est le seul moyen de mettre fin aux dénigrements et à la démagogie politique actuels, alors nous sommes favorables à la mesure du président (de la chambre des représentants) José de Venecia ». «En dehors de la recherche de la vérité, rien n’est plus pressant qu’un retour immédiat à la normale dans le cadre de la loi» a encore indiqué le porte-parole de Gloria Arroyo.

Jusqu’où ira la plainte

José de Venecia est un allié de la présidente. Leur parti, le Lakas, est majoritaire aussi bien à la Chambre des représentants qu’au Sénat. José de Venecia va demander à la commission de la justice de cette instance parlementaire de se saisir de la plainte en destitution. Les partisans de Gloria Arroyo sont également majoritaires au sein de cette commission et ils pourront empêcher la plainte d’aller plus loin. Si malgré tout la plainte en destitution suit son cours, elle sera ensuite transmise aux députés. Un tiers de votants suffirait pour que la plainte passe au Sénat. L’institution se transformerait alors en tribunal ad hoc et pourrait juger la présidente. L’opposition a fait part de ses doutes sur le déroulement de cette procédure, estimant que la plainte a peu de chance d’aboutir.

En fait, c’est un avocat qui, le mois dernier, a lancé cette idée de procédure de destitution devant les parlementaires. Il affirmait que la présidente avait trahi la confiance de la nation.

Gloria Arroyo est au centre d’un scandale concernant l’élection présidentielle de 2004 qu’elle a gagnée. Des enregistrements téléphoniques ont été rendus publics. Si la voix de la présidente est authentifiée, ces enregistrements prouveraient qu’elle était en train de téléphoner à une personne impliquée dans le processus électoral pour lui demander de maintenir son avance d’un million de voix dans ce scrutin. L’opposition accuse Arroyo d’avoir triché pour l’emporter et réclame sa démission.

Un million de voix

Devant la montée des protestations, Gloria Arroyo, qui vient de passer tout juste un an à la tête des Philippines, a finalement reconnu la semaine dernière avoir téléphoné à un commissaire électoral au moment du dépouillement du scrutin. Elle a dans le même temps présenté des excuses publiques mais nie avoir voulu influencer le résultat du scrutin.

Gloria Arroyo se trouve mêlée à d’autres scandales. Son mari, José Miguel, a été contraint de quitter le pays après des accusations de corruption, de pots-de-vin, liées à un jeu de hasard interdit, le «jueteng». José Miguel a donc annoncé son «exil volontaire» aux Etats-Unis pour une longue période. Le ministre philippin de l’Agriculture a pour sa part été obligé de démissionner. L’administration fiscale lui reproche d’avoir sous-estimé la valeur de ses biens. Pour finir, le fils de la présidente a lui aussi quitté son poste de député après des accusations concernant des pots de vin.

La bourse de Manille a mal réagi à cette crise politique d’autant plus qu’à la fin de la semaine dernière, un projet de hausse de la TVA a été suspendu quelques heures avant son entrée en vigueur, suite à un recours de l’opposition. Cette hausse de la TVA était destinée à réduire le déficit. Le gouvernement Arroyo espérait collecter de 28 à 31 milliards de pesos (494 millions à 553 millions de dollars) cette année et peut-être 105 milliards de pesos l’année prochaine pour réduire la dépendance de Manille aux emprunts étrangers. A la suite de la suspension de ce projet par la cour suprême vendredi dernier, la bourse de Manille a perdu 4,2% lundi lors de sa première séance de la semaine. Les indices ont atteint leur niveau le plus bas depuis six mois. La banque centrale a menacé d’intervenir pour soutenir le peso.

L’armée loyale

L’opposition appelle les Philippins à manifester mais pour le moment, ces manifestations ont été relativement limitées et n’ont rien à voir avec les grandes marches qui avaient fait tomber Ferdinand Marcos en 1986 ou Joseph Estrada en 2001. Malgré les rumeurs de coup d’Etat, les forces armées, qui ont joué un rôle important dans ces épisodes politiques du passé en retirant leur soutien à ces leaders contestés, ces forces armées ont réaffirmé leur loyauté à la présidente. Un porte-parole militaire a indiqué que «l’armée resterait apolitique et ne permettrait à aucun groupe ou aucune personne d’utiliser les forces armées pour des intérêts politiques ou personnels».

Les élections de 2004 ont été marquées par de nombreuses plaintes. Des électeurs n’étaient pas inscrits sur les listes électorales ou n’ont pas réussi à trouver la circonscription dont ils dépendaient. Selon la presse locale, des repas gratuits et des enveloppes contenant de l’argent auraient été offertes à des électeurs pour qu’ils votent pour certains candidats. Les candidats de l’opposition estiment également que l’extrême lenteur du dépouillement manuel – il a duré un mois – a pu offrir des occasions de fraude. Répondant aux critiques des observateurs internationaux, Gloria Arroyo avait admis des incidents tout en parlant d’incidents isolés.

Gloria Arroyo avait succédé à Joseph Estrada, contraint à la démission en 2001. Vice-présidente, elle avait terminé le mandat de ce dernier pour se présenter ensuite en 2004.       


par Colette  Thomas

Article publié le 05/07/2005 Dernière mise à jour le 05/07/2005 à 17:28 TU