Inde
Ayodhya, foyer de tensions religieuses
(Photo: AFP)
De notre correspondante à New Delhi
Le gouvernement indien a rapidement déclenché l’état d’alerte dans plusieurs régions du pays et renforcé la sécurité autour des lieux saints hindous pour prévenir toute tentative d’attentat. Le Premier ministre indien Manmohan Singh a violemment condamné les attaques et a appelé les dirigeants politiques « à maintenir la paix publique ». Des paroles destinées à apaiser les réactions violentes de certains membres du parti de l’opposition, le BJP (le Bharatiya Janata Party) le parti nationaliste hindou, qui demandent la démission du ministre de l’Intérieur pour n’avoir pas su correctement protéger le site d’Ayodhya. Un des membres du Parti a même déclaré que l’assaut était dû au « relâchement de la coalition au pouvoir vis-à-vis du terrorisme depuis l’année dernière », c’est-à-dire depuis que le BJP a perdu les élections au mois de mai dernier. Quotidiennement et depuis la partition de l’Inde en 1947, les forces spéciales de la police indienne sont en effet aux prises avec des commandos opérant dans plusieurs régions.
Lal Krishna Advani, président du parti de l’opposition, a déclaré que la controverse du temple d’Ayodhya est « de retour sur le devant de la scène ». Pour lui, l’attaque de ce lieu saint est « une affaire sérieuse et il doit y avoir une réponse équivalente ». C’est ce même homme qui était président du BJP au pouvoir en 1992, quand une foule déchaînée d’extrémistes hindous a détruit à Ayodhya la mosquée de Babri, vieille de quatre cents ans, pour y élever un temple. Dès
Querelle religieuse
En 1989, des nationalistes hindous ont déjà tenté de détruire la mosquée de Babri. Construite par l’empereur moghol Babur, cette mosquée aurait été érigée sur le lieu de naissance de Sri Ram, l’une des plus grandes divinités hindoues. En 1992, ce qui devait être une simple cérémonie religieuse pour célébrer le dieu Ram tourne au massacre. En quelques heures les extrémistes hindous rasent les dômes de la mosquée. Les émeutes qui s’ensuivront feront près de 2 000 victimes et représenteront l’événement inter-religieux le plus sanglant depuis la partition de l’Inde. Depuis lors, un temple de fortune a été construit et la bataille pour le contrôle du site a été portée devant le tribunal, mais reste sans suite jusqu’à présent. Seule une commission archéologique a été dépêchée par la cour de justice pour creuser la terre et déterminer si les ruines d’un temple existent sous les débris.
Dix ans plus tard, en 2002, une nouvelle flambée de violence embrase les deux communautés dans l’État du Gujarat à l’ouest de l’Inde. Une cinquantaine d’activistes hindous périssent brûlés dans un train, de retour de pèlerinage du site d’Ayodhya. Les musulmans sont accusés et les pogroms commis par les hindous feront plus de 2000 morts. Or, un rapport récent a démontré que le feu a été provoqué accidentellement.
Cette même année, dans l’ouest du Gujarat, un autre temple a été la cible d’attaque de terroristes pro-pakistanais militant pour l’indépendance du Cachemire, et a fait trente-deux victimes.par Marie Perruchet
Article publié le 06/07/2005 Dernière mise à jour le 06/07/2005 à 08:32 TU