Politique française
Internet, un nouveau militantisme
Quelle place pour les partis politiques face aux nouvelles formes de militantisme et à Internet ? Assez de collage d’affiches, de distribution de tracts. Les militants se veulent de plus en plus éloignés de cette image, qui appartient désormais au siècle passé. Ce sont des cyber-militants qui utilisent l’Internet comme tribune politique et que les partis politiques voudraient bien récupérer.
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Les formations politiques françaises vivent une véritable crise de représentativité. Les plus grands partis du pays, l’UMP, majoritaire à droite, et le Parti socialiste, à gauche, comptent chacun moins de 200 000 adhérents. Leurs militants consacrent de moins en moins de temps aux activités partisanes.
Mais cette crise de représentativité n’est pas une désaffection à l’égard de la politique. Au contraire, le référendum sur la constitution européenne a été l’occasion d’un vaste débat en France. Associations, collectifs et syndicats se sont beaucoup mobilisés, de même que les simples citoyens que la question européenne ne laisse visiblement pas indifférents. Mais ce retour du militantisme n’a pas semblé passer par les partis politiques traditionnels.
Beaucoup soulignent le rôle tenu par Internet dans l’issue du scrutin du 29 mai dernier (presque 55% des électeurs ont voté « non ». Le taux de participation a atteint presque 70%). Le Web a notamment servi aux opposants de la constitution européenne, et plus largement à tous ceux qui se sentaient éloignés des plateaux de télévision ou des grands médias traditionnels. C’est ce qui apparaît dans l’étude menée par Franck Ghitalla et Guilhem Fouetillou de l’Université de technologie de Compiègne sur l’utilisation d’Internet pendant la campagne du référendum européen.
Pour les partis politiques qui désirent élargir leur audience, Internet apparaît comme l’outil idéal. De nombreux hommes politiques se lancent dans l’aventure, avec plus ou moins de succès. Le socialiste Julien Dray a par exemple ouvert un blog, c’est-à-dire un journal personnel et virtuel. Pour le consulter il faut aller sur Skyblog, un véritable phénomène en France.
Nouvelles formes de militantisme
Le Web correspond bien aux nouvelles formes de militantisme, apparues en France dans les années 90. Aujourd’hui, la société est plus individualiste. L’engagement devient plus ponctuel, il revêt souvent une forme plus transnationale. Les militants veulent prendre part aux délibérations, ils veulent jouer un rôle de contre-expertise.
Tout cela tranche avec l’adhésion à un parti de masse, qui constitue une adhésion à un projet global commun, Le site de la réunion des collectifs parisiens pour le non et le site créé par Olivier Auber et Sébastien Sauteur, illustrent bien cette nouvelle façon de s’impliquer dans la vie de la cité grâce à l’Internet.
Internet devient un média de masse mais, pour l’instant, les sites politiques restent assez confidentiels, comme le souligne Fabienne Greffet, maître de conférences à l’Université Nancy II. Ils n’attirent qu’une petite minorité des internautes. Ils permettent d’affirmer l’existence d’un groupe ou d’une communauté et ne deviennent très fréquentés qu’au moment des campagnes électorales. Mais ils existe déjà un site consacré à la net-politique, c’est-à-dire à la politique sur internet. Et ceux qui sauront utiliser intelligemment l’Internet auront un avantage incontestable lors de l’élection présidentielle de 2007.
par Juliette Rengeval
Article publié le 26/07/2005 Dernière mise à jour le 26/07/2005 à 09:37 TU