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Football

La chasse à Lyon est ouverte

Gérard Houiller, l'entraîneur de l'équipe de Lyon.Photo : AFP
Gérard Houiller, l'entraîneur de l'équipe de Lyon.
Photo : AFP
Lyon sera-t-elle la première équipe française à remporter cinq titres nationaux consécutifs ? Après avoir égalé le record détenu conjointement par Saint-Etienne (1967 à 1970) et par Marseille (1989 à 1992), le club de la grande métropole rhodanienne ambitionne de réussir cette année la passe de cinq. Incontestable numéro un des années 2000 en France le club présidé par Jean-Michel Aulas affiche cette saison un double objectif : le titre national et au moins une place dans le carré d’as de la Ligue européenne des champions.

Leader incontesté du football français depuis quatre saisons, le club des bords du Rhône aborde le championnat 2005-2006 avec l’étiquette de grand favori. Pourtant sa politique s’inscrit totalement dans une stratégie de continuité : quelques départs de moindre importance, quelques arrivées intéressantes comme celles du milieu de terrain marseillais Benoît Pedretti ou de l’attaquant norvégien John Carew (26 ans, 46 sélections, 66 matches européens). Consolider les acquis, renforcer certains secteurs, notamment offensifs, tel a été le maître mot de l’intersaison. Tout porte à croire que la vision à long terme engagée, il y a une quinzaine d’années, par Jean Michel Aulas n’a cessé de se densifier. Plusieurs inconnues demeurent, à commencer par le changement d’entraîneur.

Lyon ne souhaitait pas laisser partir Paul Le Guen, mais ce dernier en fin de contrat a estimé qu’il n’avait plus grand chose à apporter au groupe et qu’il lui fallait vivre une autre expérience. Pour le moment nul ne sait s’il vivra une année sabbatique ou s’il posera ses bagages dans un autre club. Il ne s’est pas encore décidé. Son remplaçant, Gérard Houiller, n’est pas un inconnu. Après avoir notamment dirigé le Paris Saint Germain, il a exercé ses talents pendant six années à Liverpool, expérience irremplaçable pour un homme ambitieux et dont il s’agit du retour sur le terrain après une année blanche. Habitués au travail de Le Guen, les joueurs s’adapteront-ils à de nouvelles méthodes ? On a toujours ne serait-ce qu’un petit doute à l’instant de poser l’équation. Deuxième inconnue : l’éventuel départ du milieu de terrain ghanéen Michaël Essien, couronné meilleur joueur du dernier championnat et dans le collimateur du richissime Chelsea. Aux dernières nouvelles celui qui constituait un trio de choc avec le Brésilien Juninho et le Malien Mahamadou Diarra serait plus proche de la Tamise que du Rhône.

Trois ou quatre challengers et au moins autant d'inconnues

Etonnant second l’an passé, Lille qui n’a fait aucune folie à l’heure du recrutement (trois joueurs) ne peut plus compter sur l’effet de surprise. Au contraire il doit s’attendre à être une des équipes à battre. Saura-t-il courir deux lièvres à la fois, national et européen ? Les premiers matches de la compétition seront, à cet égard très instructif. L’AS Monaco, toujours sous la houlette de l’ex-capitaine de l’équipe de France championne du monde en 1998, Didier Deschamps, ne cache pas ses intentions : le titre. Pour les réaliser il a fait signer l’Espagnol Gerard en provenance du FC Barcelone, le Bordelais Camel Meriem et l’ancien international Olivier Kapo qui sort d’une expérience infructueuse à la Juventus de Turin et qui vient chercher en Principauté une sorte de réhabilitation et, pourquoi pas, une relance en sélection nationale. Pas de folies au Paris Saint Germain. Le club de la capitale a effectué un recrutement solide avec l’Ivoirien si brillant à Auxerre, Bonaventure Kalou, le solide défenseur tchèque David Rozehnal et le milieu Vikash Dhorasoo dont la saison au Milan AC sera passée inaperçue.

Du ballon, du spectacle pour un spectacle vraisemblablement de meilleur qualité que celui montré lors des saisons précédentes. Cette fois le PSG se pose en sérieux challenger, d’autant que les problèmes internes au club semblent n’être plus qu’un lointain souvenir. Marseille, contre vents et marées, reste une des attractions de l’épreuve parce que rien ne s’y fait tout à fait comme ailleurs. L’OM a changé d’entraîneur et appelé Jean Fernandez à la place de Philippe Troussier. Sur le terrain les arrivées les plus notables sont celles du milieu nigérian Wilson Oruma, excellent à Sochaux, de l’attaquant sénégalais de Strasbourg Mamadou Niang, du Français Sabri Lamouchi de retour au pays après cinq années passées dans le Calcio et du Brésilien de Benfica André Luis. Instruit des derniers avatars du club, on affiche profil bas du côté de la Canebière, mais mieux vaut recommander une certaine prudence. C’est quand l’OM ne claironne pas que le titre est son ambition qu’il peut se révéler le plus dangereux.

On le voit, comme au début de chaque saison, ce sont à peu près toujours les mêmes noms qui sont avancés pour le trio de tête. Mais de la même manière que personne n’attendait Lille il y a un an, certaines équipes, soit en perte de vitesse, soit en reconstruction, sont décidées à jouer leur rôle dans la compétition. Plusieurs noms reviennent régulièrement à l’heure des pronostics : Lens, Rennes, Toulouse. D’autres viendront peut-être déjouer les certitudes initiales. Et c’est ce qui fait la saveur du championnat de France, où les valeurs sont généralement plus resserrées que dans les autres grands championnats continentaux.

Curieusement alors qu’on attendait de nombreux mouvements dans les clubs, en règle générale, les vingt équipes ont plus libéré de joueurs qu’elles n’en ont achetés. Et pourtant avec la nouvelle manne (600 millions d’euros) apportée par Canal+, désormais diffuseur unique des matches du championnat, on s’attendait à ce que certains cassent leur tire-lire. Il n’en a rien été. Et c’est sans doute très bien ainsi. Car le spectateur français est plus intéressé par la victoire de son équipe que par le curriculum vitae de ses recrues. Reste à savoir ce que fera l’équipe de France pas certaine d’aller à la Coupe du monde en Allemagne. Un échec lors des éliminatoires aurait, sans nul doute, des conséquences sur la fréquentation des stades et l’engouement du public. Les clubs et la sélection nationale ont des intérêts communs.


par Gérard  Dreyfus

Article publié le 30/07/2005 Dernière mise à jour le 30/07/2005 à 13:20 TU