Proche-Orient
Gaza, un minuscule territoire pauvre et surpeuplé
(Photo: AFP)
Coincée entre Israël, au nord et à l’ouest, l’Egypte, au sud, et la mer Méditerranée, à l’est, la bande de Gaza est un bout de terre de 362 km² dépourvu de ressources naturelles et qui souffre d’une pénurie d’eau. Ce territoire, de 45 km de long sur 6 à 10 km de large, a fait partie jusqu’en 1917 de l’Empire ottoman. Puis il est tombé dans l’escarcelle du Royaume-Uni et a fait partie de la Palestine sous mandat britannique. Placée sous l’administration de l’Egypte après la première guerre israélo-arabe de 1948-1949, la bande de Gaza a été occupée en 1956, lors de la campagne de Suez, par Israël qui l’a évacuée en 1957. L’Etat hébreu l’occupera de nouveau dix ans plus tard, à l’issue de la guerre des Six-Jours. Mais la première implantation juive de ce territoire, celle de Netzarim, ne sera construite qu’en 1972.
Lorsque le Premier ministre Ariel Sharon annonce, le 2 février 2004, son intention d’évacuer la bande de Gaza, quelque 8 000 Israéliens vivent dans les vingt et une colonies qui ont été édifiées sur les meilleures terres et disséminées un peu partout sur ce territoire. Ils occupent environ 33% de cette bande côtière, partagés entre les zones de résidence, les terrains agricoles et les positions de l’armée chargée de les protéger. La seule implantation de Netzarim nécessite le déploiement en permanence d’une compagnie de tanks et d’une division d’infanterie. Les Israéliens de la bande de Gaza possèdent leur propre réseau routier –interdit aux Palestiniens– qui les conduit
La route sud vers Khan Younes. Le pont appartient à la route des colons qui va vers le Goush Katif, circulation alternée et interdiction de s'arrêter à proximité du pont sous peine d’essuyer des tirs. Cette route est aujourd'hui fermée par les israéliens et les militaires palestiniens. (Photo : Manu Pochez/RFI) |
Les quelque 1,4 million de Palestiniens de la bande de Gaza ont donc dû, jusqu’à présent, se contenter des 67% de territoire restant et se partager 20% des ressources en eau. Avec 3226,3 habitants au km², la densité de population sur ce bout de terre est en effet la plus élevée au monde et environ 900 000 de ses habitants sont des réfugiés qui depuis trois générations s’entassent dans des camps comme ceux de Jabalya, Khan Younes ou Rafah. En 1948-49, le territoire a en effet reçu en quelques jours l’afflux d’environ 200 000 réfugiés arabes chassés de Palestine par la victoire militaire du tout nouvel Etat hébreu.
Les habitants de la bande de Gaza n’ont pas de nationalité reconnue. La plupart d’entre eux sont porteurs d'une carte magnétique rédigée uniquement en hébreu qui permettait, avant l’Intifada, à quelque 120 000 personnes d’aller quotidiennement travailler en Israël. Les plus âgés ont encore des papiers spéciaux égyptiens, acceptés dans certains pays arabes mais qui ne leur permettent pas d'aller en Egypte. Ceux qui veulent se rendre à l'étranger doivent le faire avec des documents de voyage israéliens qu'ils n'obtiennent que s'ils sont parfaitement en règle avec l'occupant. Depuis la signature des accords d’Oslo, l’Autorité palestinienne peut délivrer, après en avoir référé à Israël qui continue de contrôler le registre de population, des cartes d’identité palestiniennes.
Près de cinq années d’Intifada ont en effet asphyxié l’économie de la bande de Gaza. Selon les derniers chiffres de la Banque mondiale, plus de 70% de la population vit ainsi en dessous du seuil de pauvreté avec moins de deux dollars par jour, une proportion qui s’élevait à moins de 25% il y a cinq ans. Le chômage dans ce Territoire frappe en outre près de moitié de la population active –contre seulement 15% au début de l’Intifada– tandis que les jeunes âgés de moins de 18 ans constituent 60% de la population. Le revenu annuel moyen d’un habitant de la bande de Gaza est de 600 dollars contre 19 530 pour un citoyen israélien.
par Mounia Daoudi
Article publié le 11/08/2005 Dernière mise à jour le 15/08/2005 à 15:23 TU