Proche-Orient
Retrait de Gaza : l’essentiel est accompli
(Photo: AFP)
L'évacuation des colonies de Gaza a marqué samedi une pause religieuse. A quelques heures du shabbat, l’armée israélienne avait achevé l’essentiel de la mission qu’elle s’était fixée dans la bande de Gaza, avec l’évacuation vendredi de la colonie de Gadid, seule implantation dont la fermeture était programmée pour cette journée. Selon un porte-parole de l’armée, «la résistance a été très faible.» Selon une méthode bien rôdée, des centaines de policiers et militaires ont investi la colonie, dont la majorité des habitants était déjà partie, vendredi matin. Un bulldozer de l’armée a défoncé le portail et bousculé le barrage symbolique érigé par le dernier carré des militants opposés au départ. Comme au cours des deux jours précédents, les forces de l’ordre ont été accueillies par des insultes et divers projectiles lancés par des jeunes gens réfugiés sur les toits des bâtiments.
La veille, les évacuations avaient donné lieu à des mouvements de résistance, pour la plupart sans violences excessives, à l’exception de la synagogue de la colonie de Kfar Darom où l’expulsion des récalcitrants a engendré des débordements qui ont fait 75 blessés, dont 31 soldats. Selon un porte-parole de l’armée, «250 personnes ont été arrêtées à la suite de ces violences.»
Vendredi, Gadid était la 18e colonie évacuée par la force depuis le début des opérations militaires, mercredi. Sur les 21 implantations israéliennes de Gaza, il en reste donc trois à évacuer : Bnei Atsmona, Katif et Netzarim. Jeudi, plusieurs sources officielles israéliennes annonçaient que l’opération prendrait fin en début de semaine prochaine, soit très en avance sur un calendrier qui prévoyait trois semaines d’opérations pour atteindre l’objectif. Selon le témoignage d’un officier recueilli par l’AFP, l’état-major israélien avait choisi de commencer par démanteler la plus grande des implantations, Neve Dekalim, afin briser le moral des opposants. Selon le professeur Moshé Lissak de l’université de Jérusalem, les militaires mobilisés pour l’occasion avaient subi un entraînement psychologique particulier au cours des mois précédents afin de faire preuve de retenue et de ne pas se laisser influencer par la détresse des colons.
«Ne pas se limiter à Gaza»
Après la redoutable efficacité dont l’armée a fait preuve au cours de cette mission, les autorités israéliennes recueillent de nombreuses réactions de satisfaction de la communauté internationale. Dans son édition de vendredi, le journal israélien Yediot Aharonot publie une interview du président égyptien Hosni Moubarak qui qualifie le chef du gouvernement de l’état hébreu, Ariel Sharon, de «brave et audacieux», estimant qu’il «est capable de faire la paix» et appelant notamment à poursuivre le processus par «des négociations sur la Cisjordanie, la délimitation des frontières, etc.». Au risque de froisser son allié, l’administration américaine a appelé à poursuivre le processus. Dans un entretien au New York Times, jeudi, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a appelé à «ne pas se limiter à Gaza», au lendemain d’une déclaration ambiguë de M. Sharon indiquant que «la colonisation a été un programme sérieux qui va se poursuivre et se développer.»
Jeudi, le secrétaire général de l’ONU a néanmoins salué «la courageuse décision du Premier ministre Sharon de mener à bien le processus douloureux du désengagement de la bande de Gaza et d’une partie du nord de la Cisjordanie.»
M. Sharon est attendu en début de semaine prochaine dans la bande de Gaza où il tirera, avec les chefs de l’armée et de la police chargés des opérations de démantèlement des installations israéliennes, «les leçons de l’expérience pour faire en sorte que l’évacuation (des colonies de Cisjordanie) se fasse sans violence», a déclaré un responsable militaire de l’opération. Car une fois l’évacuation de Gaza achevée, lundi, les autorités israéliennes procéderont mardi au démantèlement de deux implantations de Cisjordanie, conformément au plan de désengagement élaboré initialement. Les colonies de Sanur et Homesh sont les deux dernières du groupe des quatre établies dans le nord de la Cisjordanie dont le démantèlement était prévu au cours de cette phase de retrait des implantations juives des territoires palestiniens.
par Georges Abou
Article publié le 19/08/2005 Dernière mise à jour le 21/08/2005 à 14:43 TU