Environnement
L’Union européenne s'engage contre les incendies
(Photo: AFP)
Depuis le 1er janvier 2005, 135 000 hectares de forêts sont partis en fumée au Portugal, selon les chiffres officiels. Un samedi noir, le week end dernier, a réduit en cendres trente mille hectares de forêts dans la région de Coimbra au centre du pays. Devant faire face à vingt-six foyers d’incendies hors de contrôle et étant comme ses partenaires européens lié par la convention de protection civile, le Portugal a fait appel aux moyens de lutte contre les incendies disponibles dans les autres pays : l'Espagne, la France, l'Italie et l'Allemagne. Parmi les premiers à réagir, la France et l’Espagne ont envoyé chacun deux bombardiers d’eau (Canadair) auxquels devait s’ajouter rapidement un Canadair italien et ils ont été suivis par l’Allemagne qui a mis à disposition trois hélicoptères. Le haut-commissaire chargé de la coordination des moyens de lutte et de prévention des incendies de forêt, Antonio Ferreira do Amaral, au centre opérationnel et d’information situé à Bruxelles -et chargé de répercuter la demande- s’en est félicité en déclarant : «Ces moyens aériens opérationnels dès ce lundi matin seront une aide précieuse» car l’autonomie des Canadairs de grande puissance permet en effet de concentrer la lutte contre les flammes.
Antonio Costa souligne haut et fort qu’«il faut partager les moyens» pour réduire les coûts extrêmement élevés de la lutte s’ils restent individualisés. Le ministre portugais a souligné la nécessité de travailler au niveau européen à cette coordination, en suggérant que soit mis en chantier un «bombardier d’eau européen, construit par l’Europe, pour l’Europe car nous avons des incendies au Portugal mais il peut y en avoir en Espagne, en Italie, en Grèce…». Dimanche, Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur français s’est dit acquis à cette idée d’une «mutualisation» des forces européennes, et sans que soient données de plus amples précisions sur son contenu, Antonio Costa a indiqué que d’ores et déjà la France et le Portugal étaient «en train de signer un accord sur une aide mutuelle du point de vue de la protection civile».
Comprendre le comportement du feu pour agir plus vite
L’année 2005 est marquée par la recrudescence des incendies de forêts, mais la multiplication de ces feux ravageurs dans les régions méditerranéennes de l’Union européenne ne date pas d’aujourd’hui. S’il s’avère donc nécessaire, dans l’urgence, de mutualiser les forces de lutte, il s’agit aussi de mutualiser les connaissances pour mieux prévenir et lutter en amont. C’est ce à quoi s’emploie aussi la Commission européenne qui prête assistance aux Etats membres mais qui réalise aussi une prévision des risques -par l’intermédiaire conjugué de son Centre commun de recherche et de sa direction générale de l’Environnement. Ainsi, le système européen d’information sur les feux de forêts (EFFIS) sert à l’échange d’informations entre les Etats membres : il travaille par exemple à l’amélioration technologique de l’imagerie satellite pour fournir des informations quantitatives sur les sécheresses à l’échelle européenne afin d’accroître les capacités de prévision des feux de forêts.
Bernard Foucault, ingénieur du génie rural des eaux et forêts prône aussi le développement de modes de sylviculture plus résistants au feu, recherche sur laquelle la France est en retard sur le Canada, les Etats-Unis, l'Espagne ou le Portugal. Il mise par ailleurs beaucoup sur les plans de prévention des risques naturels qui permettent de contrôler l'urbanisation des sites sensibles. Quant au brûlage dirigé qui consiste à déclencher et maîtriser un incendie afin de détruire la broussaille et d’empêcher la progression dévastatrice des feux vers la cime des arbres, ou bien encore à opposer des contre-feux à la progression d’un incendie, ces techniques requièrent une excellente maîtrise qui implique une connaissance approfondie du feu lui-même, sujet de nombreuses recherches et de modélisations qu’il conviendrait de davantage confronter.
L'enjeu, souligne la Commission européenne, est «de comprendre le comportement du feu et de fournir aux décideurs, techniciens, pompiers, des outils qui leur permettent d'agir avec l'efficacité et la rapidité requises», mais cela ne peut se faire sans «recueillir et partager les informations», ajoute le scientifique Bernard Foucault, chargé de mission auprès du préfet de la zone Sud à la Délégation de la protection de la forêt méditerranéenne, car «il faut réajuster en permanence les objectifs de la prévention et de la lutte».par Dominique Raizon
Article publié le 22/08/2005 Dernière mise à jour le 22/08/2005 à 16:21 TU
http://inforest.jrc.it/effis/