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Proche-Orient

Sanour et Homesh tombent à leur tour

Les soldats israéliens investissent la colonie de Homesh (Cisjordanie).(Photo: AFP)
Les soldats israéliens investissent la colonie de Homesh (Cisjordanie).
(Photo: AFP)
Les forces de sécurité israéliennes, qui en une semaine ont mis fin à trente-huit ans d’occupation de la bande de Gaza par l’Etat hébreu, ont évacué mardi deux colonies de Cisjordanie devenues le bastion des opposants au plan de retrait d’Ariel Sharon. Les autorités, qui craignaient une très forte résistance, se sont certes heurtées au refus de partir des colons et de leurs partisans. Mais le déchaînement de violence tant redouté n’a finalement pas eu lieu.

Pas moins de 5 500 policiers, militaires et garde-frontières ont été mobilisés pour l’évacuation de Sanour et Homesh, deux petites implantations du nord de la Cisjordanie devenues ces derniers jours un symbole pour les détracteurs d’Ariel Sharon et de son plan de désengagement. Alors que l’évacuation de la bande de Gaza, qu’Israël occupait depuis trente-huit ans, n’a duré qu’une semaine, les autorités redoutaient que celle des quatre colonies de Cisjordanie ne soit beaucoup plus problématique, les colons et leurs sympathisants ultra-nationalistes ayant menacé de recourir à la violence pour résister à leur évacuation, allant jusqu’à promettre «un Stalingrad de Samarie».

Car, si les implantations de Ganim et Kadim étaient complètement désertées mardi de leurs habitants –pour la plupart laïcs–, Sanour et Homesh avaient elles, en revanche, des allures de camps retranchés. Les trente familles appelées à être évacuées de ces deux petites colonies ont en effet étaient rejointes ces derniers jours par des centaines de colons opposés au retrait, dont beaucoup de «jeunes des collines», venus des implantations sauvages environnantes et connus des autorités pour leur extrémisme et leur violence. «Nous ne serons pas les gogos de Kfar Darom», une des colonies de la bande de Gaza évacuées la semaine dernière, avaient d’ailleurs prévenu ces derniers.

Signe de leur détermination, à la veille de l’arrivée des forces de l’ordre, des barricades de fortune ont été érigées autour des deux implantations. Les jeunes colons ont également enroulé des barbelés autour des toits des principaux bâtiments et abattu les cloisons des maisons pour entasser les gravats dans les cages d’escalier et empêcher ainsi la progression des soldats et des policiers chargés de les évacuer. Ils ont en outre entassé des projectiles et des stocks de produits chimiques qu’ils avaient fermement l’intention de déverser sur leurs assaillants. Et avant même que les forces de l’ordre ne se positionnent à l’entrée de ces deux colonies, ces jeunes ultra-nationalistes ont enflammé des pneus, mis le feu à des bennes à ordures et verser de l’huile sur les routes qui quadrillent les deux implantations.

L’armée autorisée à riposter

Mais imperturbables face à ces menaces, les forces de l’ordre ont investi tôt mardi matin et quasi-simultanément Sanour et Homesh, déterminées à mener vite et à bien leur mission. Des bulldozers ont défoncé les entrées principales de ces deux implantations ouvrant la voie aux soldats et aux policiers qui ont été accueillis par des jets d’œufs, de légumes et de sauce tomate. Appuyés par des canons à eau, casqués, portant des gilets pare-balles et munis de boucliers anti-émeutes et de matraques, les forces de sécurité étaient prêtes à tout. Elles ont même reçu l’autorisation de riposter en cas d’attaques, les services de renseignement israéliens ayant laisser entendre que certains activistes, armés de fusils et de grenades, avaient l’intention de s’en servir. «Si des extrémistes ouvrent le feu contre nos forces, nous riposterons pour les neutraliser», avait d’ailleurs averti Israël Yizthak, le commandant des forces de police en Cisjordanie. Et signe de l’inquiétude des autorités, le chef d’état-major en personne, le général Dan Haloutz, était sur le terrain, aux côtés de ses hommes.

Mais finalement rien de tel ne s’est produit. Militaires et policiers n’ont en effet rien affronté de nouveau que ce qu’ils avaient déjà rencontré la semaine dernière dans les colonies de la bande de Gaza. Après avoir évacué les synagogues et les écoles talmudiques des deux colonies ainsi que l’ancienne forteresse qui servait à Sanour de poste de police sous le mandat britannique et dans lesquelles s’étaient retranchés les colons les plus radicaux, ils ont procédé à l’évacuation des maisons une à une. Mardi en fin d’après-midi, les deux derniers bastions des opposants au plan de retrait d’Ariel Sharon tombaient sans qu’aucun coup de feu n’ait été tiré.

Prévue pour durer au moins quatre semaines, l’application du plan de retrait ardemment défendu par le Premier ministre israélien aura duré moins de dix jours. Depuis lundi, plus aucun civil israélien ne se trouvait en effet dans la bande de Gaza et les quatre petites implantations du nord de la Cisjordanie étaient évacuées de leurs habitants et des centaines d’opposants au retrait venus leur prêter main forte. Un succès politique incontestable pour Ariel Sharon tant sur le plan intérieur que sur la scène internationale.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 23/08/2005 Dernière mise à jour le 23/08/2005 à 17:47 TU