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France

Dix-sept morts dans un incendie à Paris

17 personnes dont plusieurs enfants sont morts dans un incendie cette nuit à Paris.(Photo: AFP)
17 personnes dont plusieurs enfants sont morts dans un incendie cette nuit à Paris.
(Photo: AFP)

Un terrible incendie a ravagé dans la nuit de jeudi à vendredi un immeuble du XIIIe arrondissement de Paris où étaient logées des familles africaines. Environ 130 personnes vivaient dans ce bâtiment de six étages. Le feu s’est déclaré à 0h17 (heure locale) et semble s’être rapidement propagé dans la cage d’escalier. Le Plan rouge, qui permet de mettre en oeuvre une action coordonnée de l’ensemble des secours, a été déclenché à 1h06. Plus de deux cents pompiers sont intervenus pour maîtriser le sinistre. Ils ont dû lutter contre les flammes pendant plusieurs heures avant de pouvoir éteindre le feu. Certains habitants de l’immeuble ont été pris au piège et ont péri. Le bilan est très lourd. Il fait état de 17 personnes décédées, parmi lesquelles figureraient au moins 6 enfants, et d’une vingtaine de blessés. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, s’est rendu sur place dès vendredi matin pour rencontrer les habitants de l’immeuble rescapés de l’incendie. Et le chef de l’Etat Jacques Chirac a exprimé «sa profonde compassion personnelle et celle de la Nation» aux victimes et à leurs proches. Il a aussi demandé que «les enquêtes en cours fassent au plus tôt toute la lumière sur les circonstances exactes de ce drame».


L’origine du feu n’a pas encore été déterminée. Tout ce que l’on sait pour le moment c’est que l’incendie semble s’être déclaré dans la cage d’escalier et s’être ensuite rapidement propagé entre le troisième et le sixième étage, prenant au piège les habitants qui dormaient dans les appartements de cet immeuble situé dans le XIIIe arrondissement de Paris (bd Vincent Auriol). Malgré l’intervention rapide des pompiers, le sinistre a pris beaucoup d’ampleur et il a fallu près de trois heures pour venir à bout des flammes.

Lorsqu’ils ont pénétré dans l’immeuble, les sauveteurs ont découvert 17 victimes dont les corps n’ont pas encore été identifiés. Six enfants au moins et une femme enceinte en feraient partie. Vingt-trois blessés sont aussi à déplorer. Deux, dont un enfant, se trouvent dans un état grave et ont été transportés en urgence dans des hôpitaux parisiens (Pitié-Salpétrière et Trousseau). Les témoignages des rescapés sont terrifiants. Une mère a perdu quatre de ses six enfants dans ce sinistre. Il semble qu’au moins une personne se soit jetée par la fenêtre pour se soustraire aux flammes. Les pompiers ont réussi à en sauver plusieurs autres qui appelaient à l’aide avant qu’elles ne sautent.

Des familles africaines

Les habitants de l’immeuble étaient tous des immigrés africains originaires du Mali essentiellement, mais aussi du Sénégal, de Côte d’Ivoire et de Gambie. En tout, environ 130 personnes vivaient là. Il s’agissait de familles avec de nombreux enfants en attente de logements sociaux. Elles avaient été installées dans ce bâtiment par l’association caritative Emmaüs, dont le président Martin Hirsch a déclaré qu’il s’agissait «d’un immeuble d’habitation tout à fait classique». Un point de vue confirmé par le député-maire socialiste du XIIIe arrondissement, Serge Blisko, pour lequel ce bâtiment «réquisitionné par l’Etat et géré par Emmaüs était ancien mais pas insalubre».

Et pourtant, plusieurs témoignages mettent en cause la vétusté de cet immeuble. Des habitants ont affirmé qu’il y avait «des rats et des souris», «des fissures dans les murs» et que «l’escalier de bois bougeait». Il semble d’ailleurs que des travaux étaient prévus pour réhabiliter les locaux. Mais cela aurait nécessité de reloger les occupants, ce qui s’était avéré impossible, selon Jacques Oudot, le président de l’Association France Euro habitat (Freha) qui gérait cet immeuble pour le compte d’Emmaüs. Le problème du nombre trop important d’habitants de l’immeuble a aussi été évoqué comme un facteur aggravant.

Deux drames en quatre mois

Il ne s’agit pas du premier incendie meurtrier dans un immeuble où sont logés des immigrés africains. Au mois d’avril dernier déjà, un feu s’était déclaré dans un hôtel parisien où des familles défavorisées étaient hébergées. Vingt-quatre personnes avaient succombé dans les flammes. Cela avait provoqué à l’époque une polémique sur les conditions de logement des familles immigrées, qui n’a pas manqué de resurgir aujourd’hui. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui s’est rendu vendredi matin sur les lieux du sinistre, a d’ailleurs estimé qu’un recensement «de tous les immeubles (de Paris) qui peuvent présenter une situation de dangerosité en terme d’incendie et de sur-occupation» était nécessaire.

Le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, a pour sa part déclaré que «ce drame horrible» devait interpeller tous ceux «qui peuvent avoir une influence sur la politique du logement». Il a ajouté à l’adresse du gouvernement : «Je voudrais que nous soyons épaulés, que le relogement d’urgence ne repose pas que sur la collectivité parisienne». Le président socialiste de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, a lui aussi insisté sur la «crise du logement» et «l’insuffisance de la construction de logements sociaux» tout en insistant sur le fait que «l’hébergement d’urgence est avant tout une compétence de l’Etat». Il s’agit, en effet, d’un problème de grande ampleur. Le président de Droit au logement (DAL), Jean-Baptiste Eyraud, a déclaré qu’actuellement on dénombre à Paris «plus de 50 000 familles mal logées ou en attente d’un vrai logement».


par Valérie  Gas

Article publié le 26/08/2005 Dernière mise à jour le 26/08/2005 à 18:00 TU

Audio

Sophie Marsaudon

Envoyée spéciale à Paris XIII

«Des voisins ont vu des femmes et des enfants sauter par les fenêtres pour tenter d'échapper aux flammes.»

Antoine Boutonnet

Directeur départemental de l'urgence et du secourisme à la Croix-Rouge

«Pour les survivants s'est d'abord le deuil ensuite c'est l'aspect matériel, le logement. C'est le problème numéro un.»