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Nations unies

La réforme renvoyée à plus tard

La sécurité américaine est sur les dents aux abords des Nations unies.(Photo : AFP)
La sécurité américaine est sur les dents aux abords des Nations unies.
(Photo : AFP)
A l’occasion du soixantième anniversaire de leur création, les Nations unies accueillent le plus grand sommet de leur histoire. Cet anniversaire devait marquer un renouveau avec une grande réforme. Elle se concrétise par un compromis. A l’ouverture de la réunion, le président américain a remercié le monde pour l’aide apportée après le passage du cyclone Katrina. Et le secrétaire général a prononcé un plaidoyer pour la mise en oeuvre de la réforme.

Plus de 100 chefs d’Etat et une centaine de chefs de gouvernement participent à ce sommet exceptionnel organisé pour marquer le soixantième anniversaire des Nations unies. Parmi les grands leaders de la planète présents à New York, l’Américain George W. Bush, le Russe Vladimir Poutine, le Chinois Hu Jintao, le Japonais Junichiro Koizumi qui vient d’être réélu, le Britannique Tony Blair ou encore le Français Dominique de Villepin.

Cette pléiade de politiciens doit, durant les trois jours de sommet, se prononcer sur un document de 35 pages dont le contenu résume les grands axes de la réforme des Nations unies. L’organisation internationale a vieilli, ses tâches se sont élargies, les objectifs à atteindre doivent être revus.

Une négociation compliquée

La veille de l’ouverture du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, les délégations des 191 pays membres des Nations unies avaient réussi in extremis à se mettre d’accord sur le contenu de ce document préparatoire. Pendant plusieurs semaines, la diplomatie était à l’œuvre, chaque pays ou groupe de pays voulant pousser la réforme dans le sens le plus intéressant pour lui. Le document présenté aux chefs d’Etat et de gouvernement est donc le fruit de tous ces compromis. Les diplomates reconnaissent que le projet est beaucoup moins ambitieux que prévu. Kofi Annan, le secrétaire général de l’organisation s’en est cependant dit satisfait, tout en reconnaissant qu’il espérait mieux. «Je pense que c’est un succès, c’est un bon document, il peut nous servir de base pour poursuivre nos efforts. Nous aurions tous aimé obtenir davantage, mais c’est un pas en avant important», a déclaré le secrétaire général des Nations unies avant l’ouverture du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement.

Les droits de l’Homme font du sur-place

Concernant les droits de l’Homme, le document est très en-deçà des propositions initiales. Il propose effectivement de créer  un Conseil des droits de l’Homme mais renvoie à plus tard des points concrets qui donneraient réellement naissance à ce nouvel organisme. Plusieurs organisations non-gouvernementales ont fait part de leur déception sur cette question. Des associations de défense des droits fondamentaux comme Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International (AI) regrettent que la création de ce Conseil reste en suspens, alors qu’il devait remplacer la très contestée Commission des droits de l’Homme des Nations unies.

Le désarmement supprimé du texte

Concernant la question décisive du désarmement et la non-prolifération, Kofi Annan n’a pas mâché ses mots au sujet de la trop grande prudence des pays membres des Nations unies. «C’est une honte», a déclaré le secrétaire général. Cette question du désarmement, qui est pourtant dans l’air du temps, n’est même pas évoquée dans le document de travail soumis aux chefs d’Etat et de gouvernement. Et c’est la deuxième fois cette année que les dirigeants de la planète refusent de faire évoluer leurs positions. En mai dernier, la conférence de révision du Traité de non-prolifération nucléaire s’était terminée sur un échec. Au moment où l’Iran et la Corée du Nord précisent leurs intentions d’entrer dans le club des pays nucléarisés, Kofi Annan demande tout de même aux dirigeants de la planète de «s’emparer du problème et de faire preuve d’autorité».

Le minimum sur le terrorisme

Autre grand vide dans cette sorte de profession de foi proposée aux grands de ce monde, le terrorisme. Le document ne parvient pas à le définir, les négociateurs n’ayant pas accepté la formulation minimale : «tuer des civils dans des buts politiques est du terrorisme». La déclaration condamne le terrorisme sous toutes ses formes sans faire la relation entre les attentats et les populations civiles. Les nations arabes avaient souhaité qu’une phrase du texte parle du droit de résister à l’occupation étrangère.

En marge du sommet, le Conseil de sécurité doit adopter, à l’occasion d’un vote des chefs d’Etat et de gouvernement présents à New York, une résolution appelant à la répression de l’incitation au terrorisme.

Une seule création

Pour résorber les conflits, le document préparatoire annonce la création d’une Commission de consolidation de la paix. Les Etats membres des Nations unies sont d’accord. Ce nouvel organe onusien devrait aider les pays sortant d’une guerre à reprendre pied. Cette Commission-là devrait être opérationnelle d’ici la fin de l’année.  Une question n’a pas été tranchée : cette Commission rendra-t-elle des comptes au Conseil de sécurité ou à l’Assemblée générale dans laquelle les pays en développement sont majoritaires ?

Le développement, la pauvreté

En matière de développement, le document réaffirme les Objectifs du Millénaire, qui visent à réduire la grande pauvreté d’ici 20015. Pour les pays riches, le niveau de l’aide au développement à atteindre reste 0,7% de leur Produit intérieur brut (PIB). En échange, le texte demande une nouvelle fois aux pays en développement d’améliorer leur gouvernance.

La déclaration de principe qui devrait être adoptée d’ici vendredi par les leaders politiques réunis à New York ne parle plus de l’élargissement du Conseil de sécurité. Ce projet de réforme a été abandonné, il avait créé trop de tensions. 


par Colette  Thomas

Article publié le 14/09/2005 Dernière mise à jour le 14/09/2005 à 17:26 TU

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