Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Nations unies

Pauvreté et paix au menu du sommet

Le Premier ministre français, Dominique de Villepin à la tribune des Nations unies.(Photo : AFP)
Le Premier ministre français, Dominique de Villepin à la tribune des Nations unies.
(Photo : AFP)
Alors que la réforme des Nations unies est presque totalement enterrée, le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement se concentre sur de grandes questions toujours d’actualité, la paix et la pauvreté. A ce sujet, la France a poussé son projet de taxe sur les billets d’avion.

La France a profité de l’ampleur exceptionnelle du sommet organisé à New York à l’occasion des 60 ans des Nations Unies pour pousser son projet de taxe internationale sur les billets d’avion. L’argent ainsi prélevé servirait à financer la lutte contre le sida dans les pays pauvres. C’est Dominique de Villepin, le Premier ministre français, qui a présenté ce projet aux Nations unies puisqu’il remplace le président Chirac en convalescence. Comme la France, le Brésil est partisan de ce «prélèvement mondial de solidarité». Le Chili, le Royaume-Uni, l’Allemagne, et dans une moindre mesure l’Espagne, soutiennent cette idée. Paris, Santiago, et Londres, ont l’intention d’instaurer cette taxe sur les billets d’avion dès 2006 afin de créer «un effet boule de neige».

La taxe s’ajoutera au prix du billet comme les taxes d’aéroport existantes. Le montant du prélèvement pourrait être de cinq euros en classe économique et de vingt euros en classe affaires, a expliqué à New York le Premier ministre français. Il estime que cette taxe pourrait rapporter chaque année une dizaine de milliards de dollars. Toutes les modalités ne sont pas arrêtées et ce surcoût pourrait au départ s’appliquer uniquement sur les vols internationaux.

Une idée qui fait son chemin

Une soixantaine de pays ont apporté leur soutien à cette démarche. Pourtant, au niveau mondial, l’initiative mettra peut-être du temps à se concrétiser car l’industrie du tourisme est réticente à un renchérissement du prix des billets d’avion, une surtaxe carburant étant depuis peu entrée en vigueur. « Tout argent est bienvenu. Mais les propositions actuelles de taxes sur les billets d’avion ne sont qu’une incidence face aux besoins financiers », a commenté l’organisation non gouvernementale Actionaid International.

Comme les chefs d’Etat et de gouvernement sont aussi les ambassadeurs de l’économie de leur pays, une rencontre doit avoir lieu en marge du sommet entre le président argentin Nestor Kirchner et le Premier ministre français. Les deux hommes doivent discuter du départ d’Argentine du groupe Suez. Avant même ce tête-à-tête, le ministre argentin des affaires étrangères expliquait que l'Etat (argentin) n’allait pas assumer l'endettement d'une entreprise privée étrangère (française). Il y a quelques jours, le groupe Suez a annoncé son retrait du marché argentin de distribution d'eau. Suez était en conflit depuis plusieurs années avec les autorités notamment au sujet du prix de l’eau. Le chef de la diplomatie française avait souhaité auparavant que «le retrait s'opère dans le respect des intérêts de l'entreprise pour ne pas décourager les investissements étrangers dans ce pays».

La première visite du président iranien

Sur le plan politique, la première visite du nouveau président iranien aux Nations unies a constitué l’un des temps forts du sommet. Alors que le programme nucléaire iranien suscite de l’inquiétude aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, Mahmoud Ahmadinejad a indiqué que son pays était prêt à partager sa technologie nucléaire avec d’autres pays musulmans. Il ne l’a pas dit à la tribune des Nations unies mais à l’occasion d’une rencontre avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. «La République islamique  ne cherchera jamais à se doter d’armes de destruction massive et, en fonction des besoins des pays musulmans, nous sommes prêts à transférer un savoir-faire nucléaire vers ces pays », a déclaré le président iranien. Alors qu’il n’avait fait aucune allusion au programme nucléaire de son pays dans sa première intervention devant les Nations unies, Mahmoud Ahmadinejad devrait en parler samedi - dans la seconde - et faire de nouvelles propositions pour mettre fin à la crise. C’est ce qu’a indiqué son entourage à New York. Le Premier ministre français a appelé l’Iran à se «conformer» à ses engagements de non-prolifération nucléaire et à poursuivre le «dialogue». 

Autre rencontre bilatérale en marge de ce sommet exceptionnel : le président Bush et le président chinois Hu Jintao. Le numéro un américain devrait se rendre en Chine en novembre.

Le président russe Vladimir Poutine est intervenu jeudi devant ses congénères, expliquant que les Nations unies devaient être au centre du combat contre le terrorisme, qualifié de «successeur idéologique du nazisme». «Je suis convaincu que le terrorisme est aujourd'hui le principal défi posé aux Droits de l'homme et aux libertés, ainsi qu'au développement durable des Etats et des peuples», a indiqué le président russe dans son discours.

Bien que la réforme qui prévoyait d’élargir le Conseil de sécurité soit reportée, le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, a réclamé un siège permanent pour l’Afrique au sein de cette instance, la plus prestigieuse de toutes. Pour le président Wade, il s’agit de corriger «l’injustice historique faite à l’Afrique, continent de 53 membres des Nations unies, privé de représentation permanente au Conseil de sécurité».

Clinton invente le contre sommet

L’ancien président américain Bill Clinton a profité de la présence à New York de leaders politiques venus du monde entier pour lancer l’Initiative mondiale Clinton (CGI). Son programme : aider à lutter contre la pauvreté, les conflits, les changements climatiques. La CGI veut également promouvoir les règles de bonne gouvernance. L’ancien président américain se défend de vouloir créer une organisation concurrente des Nations unies ou même du forum mondial de Davos. «Chaque participant repartira avec une liste de tâches à accomplir, ceux qui ne les rempliront pas ne reviendront pas l’année suivante», a expliqué Bill Clinton à la presse. Les observateurs estiment que cette initiative pourrait donner un salutaire coup de pouce à Hillary Clinton, candidate démocrate déclarée pour la prochaine présidentielle.


par Colette  Thomas

Article publié le 15/09/2005 Dernière mise à jour le 15/09/2005 à 17:28 TU