Guatemala
L’ouragan Stan a fait des dégâts considérables
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Mexico
L’ouragan Stan qui a frappé les cotes mexicaines au début de la semaine dernière s’est peu à peu transformé en une gigantesque dépression tropicale. Les vents violents ont cessé mais depuis, une pluie diluvienne s’abat sur le sud-est du Mexique et l’Amérique centrale. Le Guatemala est le pays qui est le plus touché. C’est une catastrophe sans précédent : le tiers du pays est ravagé, trois millions et demi de personnes assistées (sur une population de 11 millions d’habitants), 421 villages entiers ont été endommagés, 118 sont encore coupés du monde. Les fragiles infrastructures du pays sont détruites.
Au bord du lac Atitlan, (à une centaine de kilomètres de la capitale, la situation est dramatique. Dans les deux villages si prisés des touristes de San Pedro et Santiago, des centaines de personnes, surtout des enfants ont été ensevelis sont des coulées de boue. Dans la communauté indigène de Panabaj, sur 2 900 personnes, 1 400 manquent à l’appel, ici la coulée de boue est de 5 à
Des milliers de volontaires mais il manque de la nourriture
Les Guatémaltèques qui vivent dans la capitale et les grandes villes fournissent couvertures, vêtements, médicaments, eau et nourriture qui partent aussitôt vers les zones sinistrées. Les entreprises, quelque soit leur taille, ont organisées des collectes qui sont envoyées dans les centres de réception comme
Mais la pluie incessante freine les travaux de déblayements. Même les hélicoptère Black Hawks de l’armée américaine ne peuvent décoller, tellement les conditions climatiques sont mauvaises. Et la météo prévoit l’arrivée d’une nouvelle dépression tropicale en milieu de semaine ce qui risque de compliquer encore plus la situation. Dans les villages détruits et encore isolés, on enterre les morts en vitesse pour éviter les épidémies. Mais le problème le plus urgent est qu’il n’y a rien à manger, pas d’eau potable, et que de nombreuses personnes, surtout les enfants, commencent à mourir de faim.
L’un des pays les plus pauvres du monde
C’est bien sur, l’extrême pauvreté du Guatemala qui rend la situation si dramatique. Les ouragans ont toujours existé dans cette région. (Le mot ouragan vient du maya Huracan qui veut dire le « Cœur du ciel »). Au Mexique, le pays voisin, il y a eu beaucoup de dégâts (2 millions de sans abris, 2 milliards de dollars de dégâts) mais il n’y a eu qu’une dizaine de morts grâce aux mesures préventives mises en place par le gouvernement avant l’arrivée de l’ouragan Stan. Au Guatemala, la prévention n’existe pas, il n’y a que la fatalité.
Néanmoins, le gouvernement n’est pas le seul responsable de cette tragédie. Les ouragans ont toujours la même puissance depuis un siècle, mais les dégâts sont chaque année plus importants. La faute incombe beaucoup au non respect de l’écologie, avec en ligne de mire, les transnationales de la pâte à papier, les compagnies de bois tropicaux et surtout les éleveurs de bétail ont mis en coupe, depuis 30 ans, toutes les forêts qui servaient à freiner les vents et surtout à fixer les sols. Les géologues sont catégoriques. Ils estiment que s’il y a des glissements de terrain, c’est parce que la terre se sature en eau, faute de forêts.
Le déboisement au Guatemala enlève chaque année des milliers d’hectares ; sur les flancs pentus des volcans, les arbres sont remplacés par des plantations de maïs. D’où les tragédies lorsque tout glisse vers le bas. Il faudrait donc en priorité mettre en frein à cette destruction de la nature. Et que l’aide internationale, qui promet, une reforestation de l’Amérique centrale après chaque catastrophe, prenne en main ce problème si l’on veut effectivement prendre le mal par la racine.
par Patrice Gouy
Article publié le 10/10/2005 Dernière mise à jour le 10/10/2005 à 17:20 TU