Caucase
Assaut sanglant sur Naltchik
(Photo : Télevision russe Vesti)
(Carte: RFI) |
Les premiers moments de surprise passés, des renforts ont très vite été dépêchés sur place. Des chars se sont ainsi positionnés dans plusieurs quartiers, tandis que des hélicoptères survolaient la ville qui compte quelque 280 000 habitants. Le centre de la capitale a très vite été cerné par des policiers en armes et des soldats ont été dépêchés à la recherche des assaillants dont le nombre varie selon les sources. Ils seraient ainsi, à en croire les agences de presse russes, entre 150 et 300. «Les attaques ont été méticuleusement planifiées et synchronisées», a confié à Reuters une source proche de la police.
Des otages dans un commissariat
Les militaires en embuscade dans les rues de Naltchik. (Photo : TV-Russe) |
Le représentant de Valdimir Poutine pour le sud de la Russie, Dmitri Kozac, est en outre parti d’urgence pour la région. Il a confirmé que plusieurs personnes avaient été prises en otage par les assaillants. «Des combats se poursuivent au commissariat n°3 où, malheureusement, il y a des otages. Une opération de police s’y déroule actuellement», a-t-il déclaré peu après son arrivée dans la capitale de la Kabardino-Balkarie. Se voulant rassurant, Dmitri Kozak a démenti que la situation ait échappé au contrôle des autorités locales. «Il n’y a ni chaos général, ni assaut général. Les bandits qui ont attaqué aujourd’hui le système de sécurité de la ville ont été dans l’ensemble dispersés. Il y a encore des foyers isolés, deux foyers exactement», a-t-il précisé.
Revendication tchétchène
Les attaques de jeudi, qui selon un dernier bilan ont fait une soixantaine de morts, en majorité des assaillants, ont été revendiquées par des séparatistes tchétchènes. Le site Internet Kavkaz-Center, proche des indépendantistes, a, quelques heures après le début de l’assaut, annoncé avoir reçu un bref communiqué. Ce document affirme que «les forces du Front du Caucase, unité des forces armées tchétchènes, se sont introduites dans la ville de Naltchik aux côtés des Brigades Yarmouk de Kabardino-Balkarie». Yarmouk est une organisation islamique locale qui avait été la cible, en janvier dernier, d'une importante opération des forces de sécurité de la Kabardino-Balkarie. Une opération lancée en représailles à une attaque perpétrée un mois auparavant contre une antenne de l'agence de lutte contre le trafic de stupéfiants et au cours de laquelle les assaillants avaient saisi un important arsenal.
Il semblerait par ailleurs que l’assaut de jeudi ait été lancé quelques heures après une opération policière menée dans une banlieue de la ville contre un groupe d'«extrémistes religieux». Selon l’agence russe Interfax, plusieurs militants radicaux auraient en effet été arrêtés lors de cette descente de police et les attaques de jeudi ne seraient qu’une tentative de leurs partisans de les libérer.
Quoiqu'il en soit, l'opération commando lancée contre les principaux centres de pouvoirs de la Kabardino-Balkarie n'est que la dernière d'une série d'attaques qui, depuis plus d'un an, déstabilisent tout le Caucase russe, et non plus la seule Tchétchénie. Cette république à majorité musulmane est en en effet en proie à une instabilité grandissante, tout comme l'est l’Ingouchie ou encore l’Ossétie du Nord où des scènes de guerre sont de plus en plus courantes. C’est ainsi qu’en juin 2004, des combattants armés, essentiellement tchétchènes et ingouches, avaient lancé de nuit, sous la direction du chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev, une série d'attaques contre les bâtiments des forces de l'ordre en Ingouchie provoquant la mort de 88 personnes, en majorité des membres des forces de l'ordre dont les bâtiments étaient la cible prioritaire des assaillants. En septembre 2004, un commando pro-tchétchène avait occupé une école de Beslan, en Ossétie du nord voisine. Plus de 1 200 otages avaient été détenus trois jours avant que les forces spéciales ne donnent l’assaut. Bilan : 331 morts, dont 186 enfants.
par Mounia Daoudi
Article publié le 13/10/2005 Dernière mise à jour le 13/10/2005 à 12:59 TU