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Racisme

Décès de la Noire américaine Rosa Parks

Le grand-père de Rosa Lee Parks lui répétait : «<I>N’accepte jamais les traitements iniques, d’où qu’ils viennent. Ne baisse jamais les bras devant l’injustice</I>».(Photo : AFP)
Le grand-père de Rosa Lee Parks lui répétait : «N’accepte jamais les traitements iniques, d’où qu’ils viennent. Ne baisse jamais les bras devant l’injustice».
(Photo : AFP)
Rosa Parks s’est éteinte à l’âge de 92 ans, chez elle, à Detroit (Michigan). Pionnière dans la défense des droits des Noirs américains, Rosa Parks est entrée dans l’histoire des Etats-Unis en 1955 pour avoir refusé, dans un bus, de céder sa place assise à un Blanc. Ce geste de défi, impensable dans une Amérique fortement ségrégationniste, allait marquer le mouvement pour les droits civiques des Noirs américains.

Le 1er décembre 1955, Rosa Lee Parks dit «Non ! ». «Non !», lorsqu’on lui demande de se lever à l’avant d’un bus pour céder sa place à un homme blanc. Son refus constitue une violation du règlement local en vigueur à Montgomery, ville de l'Alabama ségrégationniste du Sud américain. «Certains disent que je ne me suis pas levée tout simplement parce que j'étais fatiguée», déclarera quelques années plus tard Rosa Parks; «Ce n'est pas vrai. Je n'étais pas fatiguée physiquement, ou du moins pas plus qu'après n'importe quel autre jour de travail. Mais j'étais fatiguée de céder. J’en avais assez de toujours suivre sans protester les ordres des Blancs.»

«Le courage de Rosa Parks témoigne de ce que chacun d'entre nous a la capacité de contribuer à édifier un monde meilleur et plus juste. Cette femme restera, pour tous les antiracistes, un bel exemple de simplicité, de ténacité et de fraternité», a déclaré dans un communiqué l'organisation française SOS Racisme. Rosa Parks s’est illustrée par un refus de voir traiter les Noirs comme des citoyens de moindre importance. Sa détermination fit des émules.

Aussitôt arrêtée et conduite au commissariat de police, Rosa Parks doit s’acquitter d’une amende de 15 dollars. Un jeune pasteur de Montgomery, Martin Luther King - âgé d'à peine 26 ans - organise alors un vaste mouvement de solidarité: pendant 380 jours, les autobus de la ville sont boycottés par les Noirs. L’«arrestation» de Rosa Parks, notait Martin Luther King en 1958, «fut davantage le facteur déclenchant que la cause de la colère.». En somme, «elle s'est assise pour que nous puissions nous lever», résumera le révérend Jesse Jackson, dans un entretien au New York Times.

Ce mouvement, non-violent, contre la ségrégation et la discrimination sera déterminant pour la reconnaissance des droits civiques des Noirs, débouchant successivement sur un changement de la législation locale, celle de l’Etat, puis la législation fédérale. Un an après, le 13 novembre 1956, la Cour suprême déclare anticonstitutionnelle la ségrégation raciale. Quand il sera lauréat du prix Nobel de la Paix, Martin Luther King rendra hommage à la dignité de Rosa Parks en lui dédicaçant son œuvre intitulée Grande marche vers la liberté : «Votre témoignage original est devenu la force motrice de notre grande marche vers la liberté d’aujourd’hui. »

«Deviens quelqu’un qui sera respecté par les autres et qui les respectera aussi»

Fille d'un charpentier et d'une enseignante, se souvient le Washington Post, élevée par sa mère et ses grands-parents, Rosa Lee Parks a vu son grand-père monter la garde devant la maison familiale, un fusil à la main, alors que le Ku Klux Klan paradait dans leur rue. Il lui répétait: «N’accepte jamais les traitements iniques, d’où qu’ils viennent. Ne baisse jamais les bras devant l’injustice», tandis que sa mère lui disait : «Sois fière d’être ce que tu es. Deviens quelqu’un qui sera respecté par les autres et qui les respectera aussi.».

A vingt ans, elle milite pour le NAACP, le grand mouvement pour les droits civiques, déclarant : «J’ai connu dans ma vie bien des événements dramatiques. J’ai été témoin à plusieurs reprises d’une discrimination raciale qui s’appuyait sur la loi et, comme beaucoup d’autres, j’en ai terriblement souffert». Mais toute sa vie elle s’est souvenue de l’enseignement maternel : [Ma mère] «était une femme courageuse qui croyait dans la liberté et l’égalité. Elle disait qu’il n’existe pas de loi nous obligeant à souffrir. Elle était très hostile au racisme.».


par Dominique  Raizon

Article publié le 25/10/2005 Dernière mise à jour le 25/10/2005 à 17:37 TU

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André Kaspi

Historien, spécialiste de l'Amérique du Nord, professeur à l'université Paris1

«C'est la Cour suprême des États-Unis qui met fin au conflit en estimant que la séparation des races à l'intérieur des autobus municipaux n'est pas conforme à la Constitution.»