France
Mehdi Ben Barka, quarante ans après
(Photo : AFP)
L'affiche du film «J'ai vu tuer Ben Barka» de Serge Le Péron. DR |
|
Quarante ans après, l’affaire Ben Barka n’est pas totalement élucidée, malgré deux instructions judiciaires. Le corps du nationaliste marocain n’a jamais été rendu à sa famille. Les circonstances de sa mort n'ont pas été établies. Conduite dans une France en pleine campagne présidentielle du général de Gaulle (face au candidat socialiste François Mitterrand), l'enquête judiciaire a mené rapidement à des hommes politiques, des policiers et des truands français. Elle a aussi révélé la présence à Paris, au moment des faits du ministre marocain de l'Intérieur de l’époque, le général Mohamed Oufkir, du directeur de la sûreté nationale marocaine, Ahmed Dlimi, ou même du chef des brigades spéciales marocaines, un certain Chtouki.
Ouvert le 5 septembre 1966, un premier procès voit le banc des accusés vidé de moitié, pour cause de «suicide» ou de protection du Maroc où le roi Hassan II refuse la comparution d’Oufkir en France. Un second procès, ouvert le 17 avril 1967 en l'absence de la famille Ben Barka, se solde par une rafale d’acquittements, la condamnation d’Oufkir par contumace, la réclusion à perpétuité, gelant les relations franco-marocaines pendant deux ans. En 2003, le secret défense levé en France, la famille Ben Barka relance l’affaire. Après avoir ignoré deux commissions rogatoires de la justice française en 2003 et mai 2005, le ministre marocain de la Justice a désigné un juge d'instruction, le 5 octobre 2005. Il devrait recevoir son homologue français dans les semaines à venir. Mais pour Bachir, le fils aîné de Mehdi Ben Barka, «la responsabilité politique de l'acte criminel, qui a abouti à la mort de mon père, émane du plus haut niveau de l'Etat marocain», à savoir feu le roi Hassan II.
|
Abusé par le malfrat Georges Figon, le cinéaste Georges Franju n’a jamais tourné le documentaire qui servit d’appât au cinéphile engagé Mehdi Ben Barka. Mercredi sort dans les salles françaises un film au scénario de polar mais non moins réaliste, «J'ai vu tuer Ben Barka» tourné par le cinéaste Serge Le Péron, à partir du récit de l'escroc Georges Figon. Lundi, le maire de Paris, Bertrand Delanoë va dévoiler la plaque d’une nouvelle place Mehdi-Ben-Barka, tout près du lieu de l’enlèvement. L’inscription à sa mémoire indiquera «Mehdi Ben Barka, homme politique marocain - 1920-1965».
Article publié le 29/10/2005 Dernière mise à jour le 29/10/2005 à 14:08 TU