Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France

Mehdi Ben Barka, quarante ans après

Mehdi Ben Barka lors d'une conférence de presse, en janvier 1959, à Casablanca.(Photo : AFP)
Mehdi Ben Barka lors d'une conférence de presse, en janvier 1959, à Casablanca.
(Photo : AFP)
Une place Ben Barka, un film, mais aussi un juge d'instruction pour relancer l'enquête, marquent la disparition, à Paris, le 29 octobre 1965, du professeur Mehdi Ben Barka, intellectuel et homme politique, figure de proue de l'opposition marocaine et du mouvement anticolonialiste.

L'affiche du film «J'ai vu tuer Ben Barka» de Serge Le Péron.
DR
Le 29 octobre 1965, le professeur marocain Mehdi Ben Barka, figure intellectuelle et politique du mouvement anticolonialiste, était enlevé en plein cœur de Paris, à Saint-Germain-des-Prés, devant la brasserie Lipp où il devait déjeuner avec le cinéaste Georges Franju. Ce dernier projetait de tourner un documentaire sur la décolonisation avec le président de la Tricontinentale qui rassemblait à l’époque les Etats nouvellement indépendants. Un repris de justice français, visiblement commandité par les services marocains et leurs relais en France, Georges Figon s’était entremis auprès de Georges Franju pour lui suggérer un rendez-vous avec Mehdi Ben Barka, l’un des pères du parti marocain de l’indépendance, l’Istiqlal, fondateur du parti de l’Union nationale des forces populaires, condamné à mort par contumace par le Maroc du roi Hassan II pour des raisons politiques.

«Devant la brasserie Lipp, deux policiers l’interceptent, Mehdi Ben Barka se retrouve dans la villa d’un truand français, Georges Boucheseiche…»
Mouna El Banna
Journaliste à RFI  [29/10/2005] 1 min 16 sec
Real    Windows

Quarante ans après, l’affaire Ben Barka n’est pas totalement élucidée, malgré deux instructions judiciaires. Le corps du nationaliste marocain n’a jamais été rendu à sa famille. Les circonstances de sa mort n'ont pas été établies. Conduite dans une France en pleine campagne présidentielle du général de Gaulle (face au candidat socialiste François Mitterrand), l'enquête judiciaire a mené rapidement à des hommes politiques, des policiers et des truands français. Elle a aussi révélé la présence à Paris, au moment des faits du ministre marocain de l'Intérieur de l’époque, le général Mohamed Oufkir, du directeur de la sûreté nationale marocaine, Ahmed Dlimi, ou même du chef des brigades spéciales marocaines, un certain Chtouki.

Ouvert le 5 septembre 1966, un premier procès voit le banc des accusés vidé de moitié, pour cause de «suicide» ou de protection du Maroc où le roi Hassan II refuse la comparution d’Oufkir en France. Un second procès, ouvert le 17 avril 1967 en l'absence de la famille Ben Barka, se solde par une rafale d’acquittements, la condamnation d’Oufkir par contumace, la réclusion à perpétuité, gelant les relations franco-marocaines pendant deux ans. En 2003, le secret défense levé en France, la famille Ben Barka relance l’affaire. Après avoir ignoré deux commissions rogatoires de la justice française en 2003 et mai 2005, le ministre marocain de la Justice a désigné un juge d'instruction, le 5 octobre 2005. Il devrait recevoir son homologue français dans les semaines à venir. Mais pour Bachir, le fils aîné de Mehdi Ben Barka, «la responsabilité politique de l'acte criminel, qui a abouti à la mort de mon père, émane du plus haut niveau de l'Etat marocain», à savoir feu le roi Hassan II.

«On en est aux mêmes questions sans réponses...»
Bachir Ben Barka
Le fils aîné de Mehdi Ben Barka  [29/10/2005] 5 min 29 sec
Real    Windows

Abusé par le malfrat Georges Figon, le cinéaste Georges Franju n’a jamais tourné le documentaire qui servit d’appât au cinéphile engagé Mehdi Ben Barka. Mercredi sort dans les salles françaises un film au scénario de polar mais non moins réaliste, «J'ai vu tuer Ben Barka» tourné par le cinéaste Serge Le Péron, à partir du récit de l'escroc Georges Figon. Lundi, le maire de Paris, Bertrand Delanoë va dévoiler la plaque d’une nouvelle place Mehdi-Ben-Barka, tout près du lieu de l’enlèvement. L’inscription à sa mémoire indiquera «Mehdi Ben Barka, homme politique marocain - 1920-1965».



Article publié le 29/10/2005 Dernière mise à jour le 29/10/2005 à 14:08 TU