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Tchad

Deby a dissout sa Garde républicaine

Les désertions lézardent le pilier zaghawa du président tchadien, Idriss Deby.(Photo : AFP)
Les désertions lézardent le pilier zaghawa du président tchadien, Idriss Deby.
(Photo : AFP)

«La Garde républicaine est dissoute»: la mouvance présidentielle n’est guère plus loquace que le décret signé par Idriss Deby au soir du 28 octobre et rendu public hier. Corps d’élite, la Garde républicaine regrouperait quelque 7 000 hommes chargé, notamment, de la protection du chef de l’Etat. Sa dissolution intervient au moment où, depuis la mi-octobre, l’armée, principal pilier du régime Deby, est confrontée à des désertions. Celles-ci se feraient au profit d’un nouveau mouvement politico-militaire basé dans le Far-Est tchadien, le Socle pour le changement, l’unité nationale et la démocratie (Scud).


Tout en ressemblant à une mesure disciplinaire, le décret présidentiel indique que «toutes les composantes humaines et matérielles de la Garde républicaine sont reversées à l'Armée de Terre». A défaut d’explication de texte officielle, certains en tirent la conclusion qu’il ne se passera rien de plus, ou même que la Garde pourra tout aussi subitement reprendre du service, comme cela s’est déjà produit par le passé, après une décision du même genre. Bref, il s'agirait seulement d'une saute d’humeur présidentielle. D’autres estiment, au contraire, que l’heure est grave pour un régime qui enregistre la désertion de ses fidèles les plus fervents, après une tentative de coup d’Etat, le 16 mai 2004. A l’époque, Idriss Deby avait passé l’éponge assez rapidement.

Les affaires politico-militaires du Tchad sont toujours difficiles à décrypter, surtout lorsqu’elles se mâtinent d’une connotation communautaire, zaghawa en l’occurrence, et qu'elles concernent le vivier dans lequel le pouvoir Deby plonge ses racines. La majorité massive, pour ne pas dire la totalité, des Gardes républicains est en effet zaghawa, comme Idriss Deby, lui-même parvenu aux sommets, à N’Djamena, en armes et Toyota militarisée, après avoir fomenté le renversement d'Hissène Habré à partir de son terroir zaghawa, à cheval sur les confins est du Tchad et le Darfour soudanais. Aujourd’hui, le fameux Scud prétend prendre le relais.

L’opposition tchadienne, qui observe toute cette affaire avec intérêt, assure par exemple que «l’officier Karim Ali, un des stratèges du coup d’état de mai, a réussi ,avec son groupe, à rejoindre le Scud à l'Est du pays». Sous le sceau de l’anonymat, certains dignitaires tchadiens pointent le doigt dans cette direction pour expliquer le décret présidentiel.

«Nous sommes arrivés à un point de non retour, estime-t-on parmi les responsables tchadiens…»
Stéphanie Braquehais
Correspondante de RFI à N'Djamena  [30/10/2005] 1 min 13 sec
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Pour sa part, le porte-parole du Scud, Yaya Dillo Djerou, dément toute arrivée de Gardes républicains dans son camp, tout en donnant sa version de la dissolution du corps d’élite. Les gardes républicains auraient refusé de donner l’assaut dans l’Est, contre les déserteurs.

«Il y a beaucoup de camarades dans la Garde républicaine…»
Yaya Dillo Djerou
Porte-parole du Socle pour le changement, l'unité nationale et la démocratie (Scud)  [30/10/2005] 0 min 29 sec
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Le porte-parole du Scud affirme en revanche qu'au moins 800 déserteurs l’avaient déjà rejoint lundi. En tout cas, le 14 octobre dernier, le pouvoir a dû admettre l’existence d’un tel mouvement, tout en s’efforçant de le minimiser. Mais les désertions paraissent se poursuivre. Elles troublent déjà fortement le marigot zaghawa du pouvoir.



par Monique Mas

Article publié le 30/10/2005 Dernière mise à jour le 30/10/2005 à 10:02 TU

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