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Sommet des Amériques

Bush, vedette malgré lui

En Argentine, une large part de l'opinion se montre hostile à la venue du président américain.(Photo: AFP)
En Argentine, une large part de l'opinion se montre hostile à la venue du président américain.
(Photo: AFP)
Le président des Etats-Unis n’est pas le bienvenu en Argentine : des affiches «W. GO HOME» et «STOP BUSH» ont été placardées dans les rues de Mar del Plata. La station balnéaire, à 400 km de Buenos Aires, accueille les 4 et 5 novembre, le IVè Sommet des Amériques.

De notre correspondante dans la région

Les hostilités sont ouvertement déclarées, à en croire ce sondage où 57% de la population se dit opposée à la venue de George W. Bush en terres australes, sa présence faisant craindre aux habitants des violences ou un attentat. Et puis, les Argentins n’apprécient guère le déploiement de forces pour protéger un président qui débarque avec 300 gardes du corps. La paranoïa concerne surtout Mar del Plata, où 7 000 hommes quadrillent déjà la ville pour assurer la sécurité des 34 chefs d’Etat invités.

Diego Maradona, l’ancien joueur de football converti en admirateur de Fidel Castro, orchestre la révolte. Au jour de l’ouverture du sommet, il prendra la tête d’une grande marche avec le président du Venezuela Hugo Chavez, le dirigeant bolivien des planteurs de coca Evo Morales, la mère d’un soldat américain mort en Irak Cindy Sheehan… et d’autres symboles de l’opposition à la politique des Etats-Unis. Le président argentin Kirchner s’abstiendra : il a choisi la discrétion, n’empêchant pas la marcha mais n’y participant pas.

Après le 11 septembre, les priorités ont changé

Ce IVe Sommet ne s’ouvre donc pas dans un très bon climat : il aurait dû être, mais il ne le sera pas, l’aboutissement de l’intégration des Amériques, «de l’Alaska à la Terre de Feu». Lors de la première rencontre, en 1994 à Miami, avait été programmée la création de l’Alca, l’Association de Libre Commerce des Amériques prolongeant l’Alena qui lie Canada, Etats-Unis et Mexique. Mais, signe que les états du sous-continent ne sont pas totalement inféodés aux «yankees», les négociations sont au point mort. Le Brésil a notamment pris la tête des pays qui exigent une égale répartition des sacrifices, en commençant par le délicat dossier agricole, sujet de frictions sur des produits comme le sucre, le coton, les oranges ou le raisin.

Le président américain a déjà dit que la priorité était actuellement aux négociations de l’OMC. Mais il voudrait quand même voir fixer une nouvelle échéance pour l’Alca à Mar del Plata. Les Sud-américains sont réticents. Certains, comme les membres du Mercosur et de la Communauté Andine, préfèrent auparavant resserrer leurs liens mutuels. D’autres prônent une autre direction, comme le Vénézuelien Chavez qui a créé avec le Cubain Castro l’Alba, l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques.

Avant sa première élection, George Bush avait manifesté son intérêt pour le sous-continent, montrant notamment qu’il parlait espagnol. Mais, après les attaques du 11 septembre 2001, les priorités ont changé et la région a été mise entre parenthèse. Les Sud-américains se sont sentis abandonnés, mais libres de s’organiser.

Bush-Lula : relation cordiale

Et, à cet égard, Hugo Chavez disputera sans doute la vedette à son homologue américain lors de ce sommet. Dans ses rendez-vous internationaux, le prolixe président d’une puissance pétrolière aime rappeler, en détails, les menaces américaines qui planent sur lui depuis l’échec du coup d’Etat d’avril 2002. Les deux hommes devraient se retrouver face à face, ce qui est rare.

Le renforcement de la démocratie dans le sous-continent sera évoqué, et George Bush a laissé entendre, avant de quitter Washington, qu’il comptait sur le soutien de Lula, le chef d’Etat brésilien qui est déjà intervenu diplomatiquement auprès du Vénézuelien au plus fort des tensions avec les Etats-Unis. Pour cela, le président Bush fera une escale de quelques heures à Brasilia. Politiquement affaiblis dans leur pays respectif, les deux hommes se retrouveront dimanche autour d’un barbecue à la résidence officielle Granja do Torto. Malgré leurs divergences politiques, ils entretiennent une cordiale relation. Cette première escale au Brésil de George Bush sera marquée, dans huit grandes villes du pays, par des manifestations contre «sa politique guerrière en Irak» et le projet de l’Alca.


par Annie  Gasnier

Article publié le 03/11/2005 Dernière mise à jour le 03/11/2005 à 09:07 TU