France
Des mesures sociales accueillies avec scepticisme
(Photo : AFP)
Le retour de l’apprentissage dès 14 ans se justifie, selon le premier ministre, parce qu’il constitue «une nouvelle chance pour des jeunes qui vont d’échec en échec». Cette décision est loin de faire l’unanimité. Premiers acteurs de l’apprentissage, les représentants des artisans sont très partagés. Les Chambres de métier et de l’artisanat (APCM) se montrent quant à elles plutôt favorables à cette baisse de l’âge, 14 ans au lieu de 16 ans. Elles y voient «une réponse à long terme pour une filière qui marche avec plus de 80 % de taux d’insertion à l’issue de la formation». Autre son de cloche à l’Union professionnelle artisanale (UPA) où on craint que le dispositif ne soit perçu comme «une voie de garage, un choix par défaut». L’UPA souligne également les difficultés d’assurer une formation à des jeunes «qui n’ont pas acquis les savoirs de base comme la lecture, l’écriture ou le calcul».
Les syndicats d’enseignants se montrent plus que sceptiques. Ainsi, le SE-Unsa, deuxième fédération de l’Education nationale, juge l’abaissement de l’âge de l’apprentissage «réactionnaire et rétrograde». Le Snetaa, principal syndicat de lycées professionnels, estime de son côté que «c’est une fausse solution pour régler le problème de l’échec scolaire. On ne se débarrasse pas d’un problème en le déplaçant». Pour la ligue de l’enseignement qui regroupe 30 000 associations tournées vers les jeunes, «le gouvernement tente de sauver ceux qui peuvent l’être avec des bourses au mérite et d’éjecter les autres en apprentissage à 14 ans»
Des internats d'excellence
Les dispositions prévoient également de multiplier par trois le nombre de bourses au mérite. Il y a moins de 30 000 bénéficiaires actuellement ; ils devraient être 100 000 à la rentrée 2006. Ces bourses qui sont des compléments aux bourses classiques, existent en réalité depuis la rentrée 2000. Elles sont attribuées à des lycéens ayant de bons résultats scolaires et appartenant à des familles aux revenus modestes. Il est aussi prévu de créer, dès janvier, 5 000 postes d’assistants pédagogiques dans 1 200 collèges des quartiers sensibles. Ces postes étaient déjà programmés; on se contentera d’accélérer leur mise en place.
L’autre volet éducatif du plan du gouvernement prévoit la création de dix internats d’excellence «pour les élèves les plus prometteurs et les plus motivés». Il s’agit en fait des mêmes structures que les «internats de réussite éducative» mises en œuvre par Jean-Louis Borloo dans le cadre de son plan de cohésion sociale. Les premiers internats ont ouvert lors de la dernière rentrée et on devrait en compter une trentaine d’ici 2009.
Echaudées et paralysées dans leur action par les baisses de subventions, les associations se montrent pour le moins réservées après l’annonce par Dominique de Villepin de leur attribuer 100 millions supplémentaires en 2006. Fédérations et coordinations d’associations, notamment celles chargées de formation et de réinsertion, attendent de voir l’argent. Au titre de l’emploi, chaque jeune se verra proposer une solution spécifique sous la forme d’un stage, d’une formation ou d’un emploi. Par ailleurs, 15 zones franches, destinées à inciter les entreprises à s’installer dans les quartiers sensibles, viendront s’ajouter aux 85 existantes.
Au chapitre de l’intégration, une agence de la cohésion sociale et de l’égalité des chances verra le jour ainsi que la création de préfets délégués à l’égalité des chances. Pour le moment, rien n’a encore été précisé sur le contenu de ces missions. Côté sécurité enfin, 2 000 agents de police supplémentaires seront recrutés à partir de janvier 2006 et affectés dans les quartiers défavorisés. A ce jour, 9 000 représentants des forces de l’ordre sont encore mobilisés dans ces quartiers.
par Claire Arsenault
Article publié le 09/11/2005 Dernière mise à jour le 09/11/2005 à 17:53 TU