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Algérie

Pour un renforcement des liens économiques

Le ministres français des Finances, Thierry Breton, et le président algérien Abdelazziz Bouteflika, le 12 novembre 2005.Photo : AFP
Le ministres français des Finances, Thierry Breton, et le président algérien Abdelazziz Bouteflika, le 12 novembre 2005.
Photo : AFP
Le ministre français de l’Economie, des Finances et de l’Industrie a terminé ce samedi une visite de 24 heures en Algérie. Thierry Breton a été reçu notamment par son homologue algérien Mourad Medelci, et par le ministre algérien de l’énergie et des mines. Le partenariat économique entre Paris et Alger se trouve un peu plus renforcé, au travers des deux accords de coopération signés lors de cette visite. En toile de fond, il y a la perspective de la signature toujours attendue d’un «traité d’amitié» entre la France et l’Algérie.

Cette visite de Thierry Breton, la première en Algérie depuis son arrivée à la tête du Ministère de l’Economie et des Finances, s’est voulue un nouveau signal fort en matière de partenariat économique. Au niveau bilatéral, d’abord, le ministre français de l’Economie et des Finances a signé avec son homologue Mourad Medelci, un accord de coopération entre les écoles nationales des impôts de deux pays. Ensuite, cette visite avait aussi un intérêt en matière d’investissements privés. La délégation française comprenait plusieurs hommes d’affaires, venus rencontrer leurs partenaires algériens. Ainsi, le groupe français Suez Environnement et la société Algérienne des eaux ont signé un contrat pour la gestion du réseau de distribution d’eau à Alger. Montant de l’accord : 120 millions d’euros sur cinq ans. Parmi les autres entreprises françaises représentées, les sociétés pétrolière Total, et gazière Gaz de France. L’Algérie fournit à la France 22% de son approvisionnement en gaz et 7,5% de son approvisionnement en pétrole.

 Actualiser «l’aide-mémoire»

Sur le plan commercial, la France est le premier fournisseur de l’Algérie, et son quatrième client. Les exportations françaises s’élèvent à 3,13 milliards d’euros. Les importations tournent autour de 2,6 milliards d’euros. Cette position privilégiée en matière d’échanges économiques pourrait encore se consolider. C’est précisément ce qui a déjà été convenu en juillet 2004, avec la signature d’un «aide-mémoire sur le partenariat pour la croissance et le développement». Ce document signé à l’époque par Abdellatif Benachenchou, ministre algérien des Finances et Nicolas Sarkozy, ministre français de l’Economie, fixait comme objectif, «l’accroissement des investissements en Algérie, le renforcement de la coopération bilatérale dans plusieurs secteurs stratégiques (les transports, l’eau, l’urbanisme, les hydrocarbures, les télécommunications…) et l’élargissement de la coopération financière». D’après les autorités françaises, ce partenariat défini en 2004, s’élevait alors à deux milliards d’euros.

A peine Thierry Breton reparti d’Alger, d’autres rendez-vous économiques franco-algériens se profilent déjà à l’horizon. Mercredi 15 novembre, une délégation d’entrepreneurs algériens, conduite par le président du Forum des chefs d’entreprises, est attendue à Paris, pour une rencontre avec des homologues français. Le même jour, toujours à Paris, un colloque organisé par la branche internationale du Medef (patronat) et l’agence de promotion des entreprises françaises à l’étranger (Ubifrance). Le thème : «L’Algérie, ouverture du marché, tonicité de la croissance et politique volontariste de grands projets».

En attendant le «traité d’amitié»…

A l’évidence, l’heure est au dynamisme dans les relations entre les deux rives de la Méditerranée. Au moins, en matière économique. En revanche, sur le plan politique, les observateurs soulignent quelques nuages dans le ciel franco-algérien. Et pourtant, les gestes forts se sont succédés ces dernières années : la visite d’Etat du président algérien Abdelaziz Bouteflika en France en juin 2000. Puis la visite d’Etat du président français Jacques Chirac en mars 2003. Enfin, les nombreux passages à Paris et à Alger, de ministres des deux pays. Ces gestes diplomatiques participent à la «construction d’une relation nouvelle», pour reprendre les termes officiels des communiqués. Une relation tournée vers l’avenir, ayant cicatrisée le passé douloureux de la guerre entre la France et l’Algérie, entre 1954 et 1962. Signe attendu de ce partenariat d’exception, le «traité d’amitié» censé sceller la «relation nouvelle» entre Paris et Alger. Mais voilà, ce traité n’a toujours pas été signé.

Annoncé dès 2003, il aurait du être conclu au printemps 2005. «Il sera signé d’ici la fin de l’année», a promis Renaud Muselier, secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères, lors d’un déplacement à Alger en mai dernier. Confirmation dans le message envoyé par le président franças Jacques Chirac à son homologue Abdelaziz Bouteflika, à l’occasion de la fête nationale algérienne, le 1er novembre dernier. Encore plus récemment, lors de sa visite à Alger, ce samedi, Thierry Breton a rencontré le président algérien, et il lui a remis un nouveau message de Jacques Chirac, justement dans la perspective de ce traité d’amitié. Alors d’où vient le blocage ? En partie, de la loi votée en février par le Parlement français. Une loi qui exige des programmes scolaires, «la reconnaissance de l’œuvre positive» de la présence française durant la colonisation. «Cette loi représente une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme», a dit le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Autre commentaire, cette fois d’une association de défense des droits de l’homme en Algérie : «Si les Algériens ont tourné la page sans oublier, sans goût de la victimisation, la France réussira-t-elle à exorciser ses propres démons, à en finir avec la mentalité coloniale ?»

Le quotidien algérien l’Expression, dans son éditorial du 10 novembre, expliquait que la visite de M. Thierry Breton était aussi «destinée à préparer le séjour du président Jacques Chirac. Une visite qui devrait intervenir avant la fin de l’année». Aucune date n’est avancée, pour autant…


par Olivier  Péguy

Article publié le 12/11/2005 Dernière mise à jour le 12/11/2005 à 16:33 TU