Société de l’information
Ordinateur à 100 dollars : pour qui ?
(Photo: Mounia Daoudi/RFI)
De notre envoyée spéciale
Alan Kay, créateur de l'ordinateur portable. (Photo: Mounia Daoudi/RFI) |
Mais pour cela, il faudra d’abord que les six premiers pays choisis pour le lancement du projet –l’équipe du MIT est actuellement en négociation avec six Etats : le Nigeria, l’Egypte, l’Inde, la Chine, le Brésil et la Thaïlande– aient passé commande mais aussi payé les cinq à dix millions de premières unités. Et si tout va bien, dans six mois les écoliers de ces pays auront, chez eux, cette petite merveille de technologie, star incontestée de cette deuxième phase du Sommet mondial de la société de l’information. Car Nicholas Negroponte insiste sur ce point. L’ordinateur à 100 dollars devra appartenir à ces enfants. Pas question, en effet, de le fournir à des Etats pour équiper des écoles ou des administrations. L’expérience montre que l’on prend soin de ce qui nous appartient, affirme-t-il. «Avez-vous déjà lavé une voiture de location ?», lance-t-il non sans humour.
Les dangers du marché noir
Présentation du système par Nicholas Negroponte. (Photo: Mounia Daoudi/RFI) |
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Un autre danger guette l’arrivée de ce portable, fruit de plusieurs années de recherche : le marché noir. Comment en effet empêcher que des familles dans le besoin ne le revendent pour de l’argent ? Comment éviter que la corruption ne vienne gangrener une opération qui se définit comme non lucrative et qui se donne pour ambition de faciliter l’accès à la connaissance et au savoir dans les pays pauvres ? Là encore des moyens existent. «Techniquement, il est possible, affirme Nicholas Negroponte, de désactiver la machine si elle ne se trouve pas dans le périmètre, le village, où elle est censée se trouver». Mais le directeur compte surtout sur la spécificité de cet ordinateur pour décourager les trafics. «Personne n’irait voler un camion postal. Il n’y a pas de marché pour vendre un tel véhicule», affirme-t-il. Il faudrait parvenir, explique-t-il, à ce que ce portable, destiné à des enfants pauvres, deviennent un objet connu de tous et que sa revente devienne à ce titre impossible.
Nicholas Negroponte croit dur comme fer à son «100$ laptop». Son projet a reçu le soutien financier de grands groupes tels Advanced Micro Devices, Google, News Corp ou encore Red Hat. Plus de 4,5 millions de commandes ont déjà été passées. Et même si les négociations avec les administrations des pays concernés s’avèrent ardues, il ne perd pas l’espoir qu’un jour son projet «Un portable par enfant» se réalise. «J’ai toute la vie pour ça. Je n’ai pas d’autres projets que celui-là», affirme, visiblement déterminé, celui qui l’on surnomme le pape du numérique.
par Mounia Daoudi
Article publié le 17/11/2005 Dernière mise à jour le 17/11/2005 à 12:43 TU