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France

SNCF : bras de fer entre CGT et gouvernement

La SNCF entame, ce lundi 21 novembre, un mouvement de grève «illimité et reconductible».(Photo : AFP)
La SNCF entame, ce lundi 21 novembre, un mouvement de grève «illimité et reconductible».
(Photo : AFP)
La grève à la SNCF a démarré lundi à 20 heures. Quatre fédérations de cheminots, la CGT, SUD-Rail, FO et la Fgaac (conducteurs) ont déposé un préavis pour une grève illimitée et reconductible par période de 24 heures. On s’attend à de sérieuses perturbations car ces quatre organisations représentent 72% des 165 000 cheminots français, dont 48% pour la seule CGT, et 95% des conducteurs. Pour le gouvernement, c’est un bras de fer qui s’engage dans un climat perturbé. Après le conflit à la SNCM où le gouvernement a remporté la partie, et à la RTM qui bloque les transports publics de Marseille depuis plus de six semaines, la CGT entend bien montrer au gouvernement Villepin que sur les rails, elle garde la haute main.

Et de six. Depuis le début de l’année, c’est en effet le sixième mouvement de grève qui paralyse la SNCF (Société nationale des chemins de fers). Tout le week-end, les portables n’ont pas cessé de sonner entre syndicats et direction de la SNCF, dans l’espoir que les syndicats fassent marche arrière. Louis Gallois, le président de la SNCF, s’est dit prêt à saisir toutes les occasions pour éviter cette grève. Rappelant le motif principal de l’appel à la grève, contre une «privatisation rampante , Louis Gallois estime que les cheminots se font peur avec un «épouvantail à moineaux». Quant au ministre des Transports, Dominique Perben, il s’est dit prêt à donner aux syndicats une confirmation écrite de sa volonté de ne pas privatiser la SNCF.

A la crainte d’une privatisation qui ne dirait pas son nom, les grévistes de la SNCF ont assorti leur préavis de grève d’une vingtaine de revendications. Les cheminots sont inquiets en effet de voir leur entreprise perdre le monopole de la gestion, de l’exploitation et de la maintenance des lignes, comme le laisse entrevoir un projet de loi passé en douce, affirment-ils, au Sénat. Ce projet selon Didier le Reste, secrétaire-général de la CGT-Cheminots, ouvre la porte aux partenariats public/privé pour le financement et la construction des futures lignes de train, notamment à grande vitesse. Ce à quoi Dominique Perben rétorque que  les compétences de la SNCF ne sont pas affectées par son projet de loi. Autres points d’achoppement, le financement des lignes régionales et l’engagement que les syndicats exigent de l’Etat à ne fermer aucune de ces lignes. Emplois et salaires sont aussi sur la liste, avec notamment la demande de l’abandon de la suppression prévue de 2 330 postes de guichetiers, l’embauche de 1 000 cheminots supplémentaires en 2005 et la revalorisation des salaires et retraites.

Plus de 20 revendications pour un dialogue de sourds

Dans ce large panier de revendications, les syndicats espèrent bien que chacun y reconnaîtra les siennes. La CGT mise gros dans ce conflit. Au moment où le front syndical se fissure à la Régie des transports de Marseille (RTM), les mauvaises langues prêtent à la puissante fédération cheminote des arrières-pensées quant aux retombées de cette grève. Elle se produit en effet à quelques mois des élections professionnelles à la SNCF, qui distribuent les cartes pour les quatre ans à venir. Tout est en place donc pour un conflit à haut risque et sauf coup de théâtre de dernière minute, les Français vont connaître un mardi noir. Même le ministre des Transports, Dominique Perben, a reconnu que la grève paraissait difficile à éviter. Il n’a pas réussi en effet à convaincre les syndicats, malgré une lettre de quatre pages, dans laquelle il leur demande de «ne pas engager une grève sur un malentendu».

Les syndicats ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, ce sont simplement des paroles en l’air . «Comment peut-on penser que la SNCF échappe à la privatisation après France Télécom, Air France, EDF, GDF ou la SNCM ?», se demande Didier Le Reste de la CGT. De son côté, Eric Falempin, secrétaire général de FO-Cheminots, déplore que le courrier du ministre ne contienne aucune assurance sur les privatisations partielles qui ont cours dans l’entreprise actuellement. Ce dialogue de sourds pourrait déboucher sur une reconduction du mouvement. Une hypothèse «cauchemardesque pour les gens», reconnaît Eric Falempin, puisque cela coïnciderait avec la grève de la RATP annoncée pour mercredi, qui touchera métro et bus parisiens.

Reste à savoir si le mouvement risque de se prolonger ou de se propager à d’autre secteurs de la fonction publique. En arrière-plan de ces questions, se profile pour les usagers la crainte du retour des grandes grèves de 1995. En réaction au plan Juppé, ces mouvements avaient paralysé le pays pendant trois semaines bloquant les transports, la Poste, l’enseignement puis des entreprises privées.

par Claire  Arsenault

Article publié le 21/11/2005 Dernière mise à jour le 21/11/2005 à 17:12 TU

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Grégory Roux

Secrétaire fédéral de la CGT- Cheminots

«Ils veulent éclater la SNCF pour éventuellement mieux la privatiser.»