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France

Banlieues : Chirac passe aux travaux pratiques

Chirac reçoit Louis Schweitzer président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité.(Photo: AFP)
Chirac reçoit Louis Schweitzer président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité.
(Photo: AFP)
Huit jours après son intervention télévisée en pleine crise des banlieues, Jacques Chirac sonne le rassemblement. Lundi, les représentants des maires de France ont été reçus à L’Elysée. Cela a été l’occasion pour le chef de l’Etat de rappeler qu’il ferait appliquer la loi Solidarité et Renouvellement urbain (SRU) de décembre 2000 qui impose aux communes un minimum de 20% de logements sociaux. Mardi, c’était au tour des dirigeants des chaînes de télévisions et des partenaires sociaux, sur fond de grèves, de plancher sur la diversité et l’emploi des jeunes des quartiers difficiles.

Les trois grandes centrales syndicales CGT, CFDT, FO et le Medef pour les patrons, ont été invités ensemble à trouver des idées pour l’emploi des jeunes dans les cités, où le chômage peut atteindre les 40%. Lors de sa déclaration aux Français le 14 novembre, le président Chirac avait parlé du «poison que sont les discriminations». C’est pour cela que Louis Schweitzer, président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations, a aussi été convié à cette réunion. Bien qu’à diplôme égal, les jeunes issus des quartiers sensibles aient beaucoup plus de problèmes pour trouver un emploi, Jacques Chirac estime cependant «que le modèle d’intégration français fonctionne massivement». Selon lui, il suffirait donc de lui apporter quelques aménagements pour que la machine à intégrer se remette en route. Ce volontarisme est pourtant mis à mal dans son propre camp. Ainsi, Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur, a encore dénoncé samedi, «la faillite du modèle d’intégration».

Destinées à combler les lacunes de cette intégration, Jacques Chirac a annoncé mardi que des négociations allaient s’ouvrir entre les entreprises et les partenaires sociaux. Chacune des parties réunies autour du chef de l’Etat, a «montré une vraie envie de lutter contre les discriminations à l’embauche dans les entreprises», a pu constater François Chérèque de la CFDT. Jean-Claude Mailly (FO) a souhaité que soit rétablie «l’autorité de l’école républicaine» mais aussi qu’on réponde «aux urgences sociales telles que le chômage ou la désertion des services publics». Comme il l’avait déjà dit lors de sa déclaration la semaine dernière, Jacques Chirac a réaffirmé son refus d’appliquer des quotas, rejoint en cela par les syndicats présents et le Medef.

Payer pour ne pas loger les pauvres

Tous les partenaires sociaux se sont dits prêts à avancer en faveur de la diversité, à la condition que le secteur public en fasse autant. Sans préjuger des négociations qui devront là aussi s’établir, le Président a confirmé que la fonction publique territoriale s’ouvrirait dès 2006, à des jeunes sans qualification. Cette mesure avait été décidée en juillet dernier ; elle devrait concerner 20 à 25 000 jeunes sans diplôme. Ces jeunes de 16 à 25 ans, suivront une forme d’apprentissage qui débouchera sur leur recrutement dans la fonction publique sans qu’ils aient besoin de passer un concours.

En recevant les maires, Jacques Chirac a aussi montré du doigt les communes qui se soustraient à l’obligation des 20% de logements sociaux. En gros, un tiers des 742 communes françaises soumises à la loi SRU, refusent de l’appliquer. Citée en mauvais exemple, Neuilly-sur-Seine, une banlieue cossue de l’ouest parisien, dont le maire est un certain Nicolas Sarkozy. Le chef de l’Etat a demandé aux préfets de dresser la liste des villes contrevenantes avant la fin de l’année, pour que leur soit appliquées les pénalités prévues. Les communes récalcitrantes préfèrent le plus souvent payer une amende annuelle de 152 euros par logement social manquant plutôt que de le construire. Au pire, l’amende peut être doublée. Des sénateurs socialistes ont proposé de quintupler le montant des amendes. Plus radical, l’ancien ministre socialiste, Jack Lang, suggère de frapper d’inéligibilité, les maires qui n’appliqueraient pas cette loi.

Le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et les responsables des chaînes de télévision nationales viennent clore les échanges du jour. Eux aussi se verront demander de mieux refléter la diversité de la société française. On leur reproche en effet souvent de ne donner à voir qu’une France très éloignée de sa complexité. Jacques Chirac comme il l’a laissé entendre récemment, demandera aux responsables des télévisions, de faire en sorte que les écrans français ressemblent enfin à ceux qui les regardent. Sur ce terrain il est suivi par 79% des Français qui souhaitent que leur télévision aient enfin vraiment la couleur alors que 18% y sont réticents.


par Claire  Arsenault

Article publié le 22/11/2005 Dernière mise à jour le 22/11/2005 à 16:50 TU

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