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Football

Ronaldinho Ballon d'or 2005

Le joueur du FC Barcelone Ronaldinho face au madrilène Michel Salgado, le 19 novembre 2005, en championnat d'Espagne.(Photo: AFP)
Le joueur du FC Barcelone Ronaldinho face au madrilène Michel Salgado, le 19 novembre 2005, en championnat d'Espagne.
(Photo: AFP)
Il était le grandissime favori du Ballon d'or 2005. Les pronostics n'ont pas été déjoués. Le Brésilien Ronaldinho a obtenu la consécration suprême, décernée chaque année depuis 1956 par l'hebdomadaire France Football, à une très large majorité des grands électeurs (52, soit 1 électeur par pays membre de l'UEFA) devant les deux milieux de terrain anglais Frank Lampard et Steven Gerrard.

La Une de France Football avec le Ballon d'or 2005.
DR
Son sourire. Vous pouvez regarder ses pieds, ses jambes, son buste, ses bras, sa tête. Vous pouvez vous extasier devant ses attitudes de génie artistique. Vous ne pouvez pas ne pas regarder son visage. Ronaldinho sourit. Pas tout le temps sur un terrain, mais souvent. Plus souvent que n'importe quel autre joueur de la planète. A vingt-cinq ans, il est resté le gamin, le lutin ludique enfiévré par le jeu. Sous le maillot du Barça il n'a pas changé d'un iota. Il dispense le bonheur, la joie de jouer, il entraîne le public, celui de l'adversaire confondu, dans une sorte de ola sans fin. Pirouette, pichenette, galipette, il sait tout faire. Diablotin, magicien, prestidigitateur, il est Ronnie l'enchanteur. Illusionniste, il fait croire à tout le monde que le football est un jeu facile. Il est ce que la plupart des autres ne sont pas. Il a la souplesse d'une étoile de l'opéra. Il a le sens inné de l'improvisation. Il a le goût paroxystique du geste impensable. Il est le plus digne héritier de l'incomparable roi Pelé. Il redonne au football brésilien tout le génie créateur qui en a fait un football différent. Ronaldo Assis de Moreira est tout simplement Ronaldinho. Unique et déjà légendaire.

Triple lauréat du Ballon d'or, le Français Michel Platini ne cache pas son admiration: «Ronaldinho, c'est celui qui rend le football plus beau et plus artistique. Il donne du bonheur à tout le monde, et il est beau avec son sourire. Avec lui le football est un jeu, un art et c'est la représentation du jeu que j'aime. Il est non seulement brillant individuellement, mais, en plus, il est altruiste. Il a l'art de la bonne passe. Il ne fait pas que des dribbles. Parce que j'en ai vu qui faisaient des dribbles et des jonglages, mais qui ne savaient pas faire de passes. Eux, ils sont bons pour le cirque. Ronaldinho, lui, est bon pour le football». Oui, Ronaldinho est féérique. Chaque touche de balle est un enchantement. Chaque montée offensive est un émerveillement. Sait-il lui-même ce qu'il va imaginer, improviser ? Le regard de tous se porte sur lui. Chacun se demande quand il touche le ballon ce qu'il va en faire. Va-t-il se lancer dans une succession d'arabesques destinées à égarer ses adversaires ? Va-t-il lancer vers le but un partenaire en lui adressant la passe-caviar ? Son génie tient en ce que son jeu est illisible par l'adversaire et qu'il est toujours d'une élégance rare, exceptionnelle. Chacune de ses apparitions ressemble à un concert dont il serait tout à la fois le virtuose et le chef d'orchestre.

Pour son cinquantième trophée, France Football ne pouvait rêver meilleur récipiendaire. L'énoncé de son seul diminutif - comme en possèdent tous les joueurs brésiliens - évoque instantanément le football. A son sourire, à son talent, Ronaldinho ajoute son altruisme et son humilité, celle d'un homme, comme beaucoup de ses semblables sorti des favelas, qui a su dispenser des rayons de luminosité sur des terrains régulièrement minés par l'enjeu, celui non pas de gagner mais d'abord de ne pas perdre.


par Gérard  Dreyfus

Article publié le 29/11/2005 Dernière mise à jour le 29/11/2005 à 10:42 TU