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Emirats arabes unis

La mort d’un modernisateur

L'émir de Dubaï, Maktoum ben Rashed al-Maktoum (à droite), est décédé le 4 janvier 2006. Son frère, le cheikh Mohammad ben Rached al-Maktoum lui a succédé.(Photo : AFP)
L'émir de Dubaï, Maktoum ben Rashed al-Maktoum (à droite), est décédé le 4 janvier 2006. Son frère, le cheikh Mohammad ben Rached al-Maktoum lui a succédé.
(Photo : AFP)
En visite privée en Australie depuis le 28 décembre, Cheikh Maktoum, 62 ans, est « décédé à l’aube », selon un communiqué officiel publié mercredi par son cabinet et le ministère des Affaires étrangères des EAU. Son cadet, le prince héritier, cheikh Mohammad ben Rached Al-Maktoum, lui a automatiquement succédé à la tête de l’émirat de Dubaï.

Personnage clef et indispensable dans l’émirat de Dubaï et au sein des Emirats arabes unis, Cheikh Maktoum ben Rached Al-Maktoum, a trouvé la mort, selon plusieurs sources officielles dont l’Agence de presse des Emirats, Wam, à Brisbane la capitale du Queenland, le deuxième Etat australien. Pour sa part, la presse australienne note qu’arrivé dans la ville « le 28 décembre, avec une suite de 33 personnes », il est décédé dans « un hôtel de Queenland », « de crise cardiaque », affirme ABC la radio nationale australienne. De son côté, un responsable émirati, qui a requis l'anonymat, a indiqué sans autre précision qu’il était «décédé de mort naturelle». Les funérailles officielles devraient avoir lieu jeudi.

Le vrai patron à la barre

A l’annonce du décès de Cheikh Maktoum, un deuil national de 40 jours a été décrété dans les Emirats et les administrations resteront fermées pendant une semaine. Les médias émiratis ont interrompu leurs programmes pour diffuser des versets du Coran. Sur tous les écrans est apparu le portrait du défunt.

Son frère, cheikh Mohammad ben Rached Al-Maktoum, prince héritier et autre « homme fort » de Dubaï qui assume aussi les fonctions de ministre de la Défense des Emirats est devenu de facto le nouvel émir de Dubaï (la famille Al Maktoum règne sur Dubaï depuis 1833). C’est d’ailleurs à ce titre qu’il recevra « avec la famille Maktoum les condoléances pendant trois jours », indique Wam. Même s’il est quasiment assuré de devenir vice-président et Premier ministre des Emirats arabes unis, comme le prévoit une coutume des EAU, Cheikh Mohammad doit encore attendre la décision finale du conseil fédéral composé de sept émirats :  Abou Dhabi, Dubaï, Charjah, Foujaïrah, Ras Al-Khaïmah, Ajman et Oum Al-Qaiwaïn.

En attendant, toutes les festivités du Dubaï shopping festival lancé en 1996 sur l’initiative de l’ex-émir et de son frère, ont été annulées. Ce rendez-vous commercial annuel attire au moins 3 millions de visiteurs grâce à ses soldes, ses loteries pour gagner des villas, des voitures de luxe, de l’or et des promotions spéciales sur l’électronique et l’audiovisuel ainsi que dans plus de 500 boutiques d’articles de valeur, le tout complété par de gigantesques feux d’artifices, des carnavals et des parades.

Politique axée sur l’économie

Le souverain grand amateur de chevaux de course, a marqué également son pays par de grands projets innovants. Comme son père, cheikh Rached Al Maktoum, décédé à la tête de l’Emirat en octobre 1990, il a choisi la voie du développement économique alors que quelques-uns de ses voisins comme l’Irak et l’Iran, ont suivi celle de la militarisation. Il a été, avec le tout nouvel émir de Dubaï, le promoteur de la zone franche de Jabel Ali qui promeut les industries de haute technologie. Servant à la fois au commerce de réexportation et à l’industrie, ce centre d’affaires bénéficie de nombreux avantages, entre autres une absence d'impôt sur le revenu, de droits de douane, de taxes à l'exportation, la possibilité de rapatrier tous les bénéfices (salaires et capitaux), l’absence de restriction sur les changes et exonération d'impôts sur les sociétés pendant quinze ans, etc.

Cheikh Maktoum a réussi ainsi à faire de son pays l’un des « miracles » économiques du Golfe. Grâce aux dollars provenant de la vente du pétrole et du commerce de l’or, l’Emirat de Dubaï s’est développé et est devenu le premier centre commercial et touristique du Moyen-Orient, avec une capitale moderne adossée au désert. Peuplé seulement de 1,2 millions d’habitants, le pays connaît un réel essor économique avec « une croissance 16% par an », et est souvent comparé à certains pays asiatiques comme la ville-Etat de Singapour.


par Muhamed Junior  Ouattara

Article publié le 04/01/2006 Dernière mise à jour le 04/01/2006 à 18:53 TU

Audio

Fatiha Dazi-Heni

Chercheuse associée au Ceri, spécialiste des monarchies du Golfe

«Le nouveau dirigeant de Dubaï, Mohammad ben Rached Al-Maktoum, est celui qui a transformé l'émirat en cité-monde.»