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Cinéma d’Asie

Carnet de bord d’un juré, à Vesoul

Stéphane Lagarde.(Photo : Laurence Aloir/RFI)
Stéphane Lagarde.
(Photo : Laurence Aloir/RFI)
Le festival international des cinémas d’Asie s’installe à Vesoul, jusqu’au 7 février, pour la douzième année consécutive. Cette année, le festival porte notamment un regard particulier sur le cinéma ouzbek. Parmi les membres du jury international figure Stéphane Lagarde, journaliste à RFI qui, jour après jour, va tenir pour le site rfi.fr le journal du festival, vu de l’intérieur.

Jeudi 9  février : Un grain dans l’oreille

"Grain in ear", le lauréat de l'édition 2006 du festival de Vesoul.(Photo: DR)
"Grain in ear", le lauréat de l'édition 2006 du festival de Vesoul.
(Photo: DR)

La fille sur la photo est coréenne et elle vend du kimchi sur son triporteur. Le chou fermenté étant aux Coréens ce que la cocaïne est au vendeur de pneus de Medellin, jusque là rien que de très normal. Sauf qu’ici, l’héroïne de Grain in Ear ne vit pas en Corée mais en Chine. Chaleur torride dans la grande banlieue de Pékin. Comme l’indique sa chemisette, nous sommes en été. Tout est comme au ralenti chez le réalisateur adepte des plans fixes. On en mange donc pendant près d’une heure et demie, jusqu’au long plan séquence finale où la colère contenue de l’héroïne finit par exploser. Zhang Lu n’est pas un bavard, son cinéma non plus. « Un peu comme dans les estampes, un seul trait de pinceau en dit souvent plus que de longues phrases explique ce réalisateur Chinois d’origine coréenne. Les pessimistes font souvent des comédies, les optimistes comme moi font des films tristes. »

Tristes ou pas, c’est en tous cas le meilleur de la compétition cette année -je suis difficilement objectif sur ce point vu je sais- Grain In Ear a fait l’unanimité au sein du jury de Vesoul, mais il a aussi séduit Abbas Kiarostami (Prix New Current au Festival de Pusan) et la semaine de la Critique à Cannes. Ca roule pour Zhang Lu. Le Cyclo d’or lui a été attribué en moins d’une heure de délibération. La méthode mise en place par le président du jury international a bien fonctionné. Notre cher Buddhadeb Dasgupta qui tous les soirs nous rencontrait au restaurant pour parler cinoche. Une sélection sur un coin de table comme le veut la légende :  Qu’as tu pensé de celui-ci ? Moi j’ai préféré celui-là. Au final, nous n’avions plus que 3 films dans le chapeau. Re-resto et re-délibération, et un grand bravo à Zhang pour son Cyclo. 

Mercredi 8 : Happy Zhang Lu

(Photo : Stéphane Lagarde/RFI)
(Photo : Stéphane Lagarde/RFI)

Ceux qui aiment le cinéma ont repris le train pour Paris ce matin. Les calicots rouges aux caractères chinois accrochés dans les rues du centre-ville seront bientôt retirés, même chose pour le titre du quotidien local resté sur la vitrine de l’épicier (voir photo). « Pour une fois qu’il se passe un truc à Vesoul », me disait hier la vendeuse de baskets. Et il s’est effectivement encore passé un truc cette année. Plus de 20 000 spectateurs ont partagé les cinémas venus d’Asie, c’est un nouveau record pour les organisateurs et pour l’ensemble d’une ville très largement mobilisée autour de l’événement. Résultat : on a dansé tard sous la tente des festivals cette nuit. Vesoul a la gueule de bois et en particulier les cinéphiles qui ont partagé la fête avec les équipes des films en compétition. Un moment de convivialité que l’on rencontre très rarement dans les grands festivals. Hou Hsiao-hsien, le maître du cinéma taiwanais bras-dessus, bras-dessous avec les festivaliers, et parmi les premiers à lever les bras sur la musique iranienne apportée par les copains d’Abolfazl Jalili dont le film Full or Empty a décroché deux prix (Inalco et Musée Guimet.)

Pour le jury international, le Cyclo d’or a été attribué à l’unanimité à Zhang Lu pour Grain in Ear (Chine) visiblement très heureux hier lors de la cérémonie de clôture. Le grand prix du jury revient, lui, à Erkak (Le gardien) du réalisateur ouzbek Yousoup Razykov. Dans ce conte moderne sur l’Ouzbekistan d’aujourd’hui, un adolescent accompagne, ou plutôt surveille sa belle sœur lors d’un long voyage en bus. Longue route au travers des montagnes comme dans Gilaneh de Rakhshan Bani-Etmad (prix Netpac), sauf que cette fois il s’agit de l’Iran. Les voyages qui sont visiblement très à la mode cette année puisque le prix du public va à l’Express des Steppes. Les spectateurs ont adoré la virée en train dans la steppe Kazakh d’Amanzhol Aitouarov. Tous ça fait évidemment beaucoup de monde sur l’estrade. « C’est la première fois que je monte sur une scène où nous sommes plus de 30 a plaisanté Hou hsiao hsien. » Un peu en retrait, Jeon Soo-il mon camarade du jury avait alors les yeux fixé sur la salle comble du théâtre Edwige Feuillère. « Il y a une majorité de femmes ici et quasiment pas de jeunes », constatait alors le réalisateur sud-coréen. Pour une fois, la ménagère de 50 ans n’était pas devant TF1.

Lundi 6 février : Une nuit au néon

Jeon Soo-il, réalisateur sud-coréen et membre du jury.(Photo : Stéphane Lagarde/RFI)
Jeon Soo-il, réalisateur sud-coréen et membre du jury.
(Photo : Stéphane Lagarde/RFI)

On peut encore faire le poirier à 62 ans. Le président du jury nous l’a encore prouvé cette nuit. La vie nocturne étant plutôt calme passé 22 h 00, il faut bien s’occuper. Les néons de la nuit vésulienne se résument essentiellement à l’enseigne de la pharmacie sur un trottoir mouillé. Nous sommes là bien loin des mégalopoles asiatiques. Je me souviens encore du regard désespéré de mon camarade réalisateur Jeon Soo-il le premier soir. Difficile de reprendre goût à la tranquillité de cette petite commune française (18 000 habitants), quand on vient du grand port sud-coréen de Pusan (5 millions d’habitants.) L’idée des désormais traditionnels « apéro moquette » dans nos chambres d’hôtel, c’est lui ! Assis en tailleur entre le lit et le radiateur, un bout de fromage, du jus de pomme, du soju (alcool coréen) et nous voilà partis pour des discussions à n’en plus finir. Le cinéma, l’amour, la vie ou encore comme hier soir les médecines orientales. Et vas-y que je te masse le pied, que je te dessine la carte des points d’acupuncture dans la main, sans compter donc cette démonstration de yoga à 5 h 00 du matin par le génial Buddhadeb Dasgupta : preuve que l’on peut avoir été une célébrité du 7ème art et garder la tête sur terre. C’est fatigant finalement un festival. Il y a les soirées chansons avec les Iraniens au restaurant, la discothèque avec les Kazakhs, ou encore la gentillesse de certains festivaliers. Qui a dit qu’on s’ennuyait à Vesoul ? Pour les invités venus de très loin, les particuliers (à commencer par les organisateurs) n’hésitent pas à ouvrir leur porte. C’était le cas l’autre soir. Une habitante nous a reçu chez elle, quarante personnes autour d’un repas asiatique.

Dimanche 5 février : Madame Hou

Hou Hsiao-hsien est à Vesoul.(Photo: Stéphane Lagarde/RFI)
Hou Hsiao-hsien est à Vesoul.
(Photo: Stéphane Lagarde/RFI)
Elle découpe la tourte comtoise en tous petits morceaux. La viande d’un coté, la croûte de l’autre, elle avait déjà fait pareil avec les croissants au déjeuner. Des petites bouchées pour madame Hou. Les cheveux noirs, un léger rouge à lèvres, madame est arrivée hier soir de Bruxelles avec son réalisateur de mari. Hou Hsiao-hsien est à Vesoul. C’est le genre de chose qui ne passe pas inaperçue. Plus de 100 couverts ont été servis sous la tente du festival ce midi. Les fans sont venus de toute la région pour apercevoir le maître taiwanais auquel on rend hommage au travers d’une rétrospective de ses films. Bousculade autour de la table, tout le monde veut être en photo avec les Hou. Clic Clac ! Madame et Monsieur sourient et se prêtent au jeu des autographes. Petit col roulé beige pour elle, jogging et casquette pour lui, tous deux repartiront à pied vers leur hôtel afin de profiter du soleil de la fin d’après midi. Là pour le coup, plus question d’être dérangé. « Je suis très heureux de voir que les rues de Vesoul sont vides le dimanche. Les gens sont tous au cinéma s’enthousiasme Yousoup Razykov. » Le réalisateur du Gardien -film ouzbek en compétition- est d’autant plus heureux que son film a déjà trouvé un distributeur en France.

Et pendant ce temps là, les projections s’enchaînent. Trois aujourd’hui rien que pour la compétition, il ne reste donc plus que deux films à voir avant que le jury international ne rende sa décision. Si jamais il tient jusque-là, car visiblement la cuisine franc-comtoise ne convient pas à tous les estomacs. Deux membres sont malades dont le président Indien. Buddhadeb Dasgupta ne boit plus que du thé, il trouve que le poisson des restaurants alentours manque de fraîcheur. Aujourd’hui la cuisine aussi est mondialisée explique pourtant Hou hsiao-hsien lors de la conférence de presse. « Prendre un espresso  à Taipei, c’est aussi simple qu’en France affirme le réalisateur de Three Times. A Shanghai et à Pékin en revanche, il faut faire la  queue parce que c’est la mode. » Une manière de moquer « certains réalisateurs chinois (qui) ne font qu’imiter l’occident. » « Avant les gens étaient nés de la nature, aujourd’hui ils naissent de la société poursuit le Taiwanais. Je veux continuer à faire des films simples avec plein d’énergie dedans. » Au bout de la salle Madame Hou relève la tête. Sur une feuille blanche elle a griffonné les bouches qui flottent comme des nuages sur l’affiche du festival. Elle n’a pas dit un mot.

Samedi 4 février : Bunso

Bunso, documentaire philippin en compétition au festival de Vesoul.(photo : DR)
Bunso, documentaire philippin en compétition au festival de Vesoul.
(photo : DR)
Comment ça marche un festival ? Un peu comme le cinéma au fond. Il faut d’abord trouver des ronds, choisir ensuite ce qu’on mettra sur l’affiche, et surtout une bonne dose de bonne volonté. C’est un peu ce qui se passe à Vesoul. Pendant la semaine du festival, une quinzaine de bénévoles se dépensent sans compter.

Yannick par exemple qui s’occupe du bon déroulement de chaque séance. « C’est bon pour le doc en salle 4 ? On y va pour le film en compétition en salle 5 ! » Il court, il court et puis quand il a le temps il va jeter un œil sur le parking. Les plaques d’immatriculations sont formelles. Ici une voiture de Lausanne, là un car d’Allemands et puis bien sûr toute la France qui roule : « Les festivaliers venus du Sud sont beaucoup plus nombreux cette année, assure t-il, et eux ils ne sont pas en vacances ! » Pour cette belle bobine de passionné, rien n’est plus gratifiant qu’une séance pleine à craquer. La Montagne au bijou par exemple. Papier vitrail, dessin, pate à modelé, l’animation iranienne fait un tabac auprès des plus jeunes. Quelque 8 000 scolaires sont attendus jusqu’à mardi dont une majorité de petits des maternelles.

Les joues rondes, l’œil rieur, Joselyne aussi est bénévole. C’est elle qui conduit dans sa grande voiture les membres du jury. Hôtel, projections, sorties, et bien sûr tout ce qu’elle peut de cinéma. Joselyne est cinéphile ça oui, et grâce à elle nous sommes arrivés à temps aux documentaires vendredi soir. Merci, merci. Qu’aurions nous manqué là ! Nous en avions entendu parler après sa diffusion en Corée du Sud cet été, le très attendu Bunso, le cadet  est enfin arrivé à Vesoul plein écran. Le jury international ne récompensant que les fictions, nous pouvons sortir de notre réserve. Un conseil : allez-y, les yeux grands ouverts. Dans ce documentaire intimiste sur la situation des enfants incarcérés aux Philippines, Ditsi Carolino filme avec une infinie douceur le terrible quotidien des mineurs confrontés à la dureté des adultes. Nuit à même le sol dans des cellules surpeuplées, partage de la nourriture à midi… « On est heureux quant il pleut », dit l’un des jeunes protagonistes. Tous les prisonniers dansent alors entre les gouttes, c’est leur première douche en dix jours.

Vendredi 3 février : « J’aime beaucoup les steppes »

Le Majestic, multiplexe où ont lieu les projections.(Photo : Stéphan Lagarde/RFI
Le Majestic, multiplexe où ont lieu les projections.
(Photo : Stéphan Lagarde/RFI
La phrase m’a été susurrée à l’oreille par un spectateur hier soir. Chut ! C’est bien le type de secret que les mordus de cinéma ont généralement du mal à confier. « J’aime beaucoup les steppes. » Mais c’est bien sûr, et pourquoi pas les grandes marées tant qu’on y est ? C’est embêtant ce genre de passion. Allez raconter ça à votre moitié sur l’oreiller : « Bichkek pour les vacances ? Mais t’es complètement siphonné mon pauvre vieux ! » Même chose avec le boucher du coin, il vous prendra à coup sûr pour un tendre illuminé. Sauf… Sauf si le boucher est lui-même dans la confidence et que lui aussi est prêt à rouler 50 kilomètres à travers la plaine franc-comtoise pour aller voir un film kirghize sous-titré. C’était d’ailleurs le cas de mon spectateur hier soir. La soixantaine bien tassée, lui est retraité. L’œil gourmand du cinéphile et la bonhomie de ceux qui n’ont pas lésiné sur l’infernal trio cancoillotte, saucisses, pomme de terre, il est assez représentatif du public que l’on rencontre ici. Des spectateurs avides de 7ème art, qui en onze ans de festival, sont devenus incollables en matière de cinéma asiatique. D’où les propos incroyables tenus à la sortie des salles. Morceaux choisis : « Cette Iranienne me fait penser à Sokurov le Russe. C’est comme de la peinture au cinéma. » « C’est long mais on en redemande. Je n’ai jamais vu un documentaire aussi complet sur l’Irak. » Ou encore « Il y a de plus de films qui viennent de nulle par ; au moins avec l’Asie centrale on sait où on est ! »
 

Preuve peut-être que les Français ont besoin d’un ailleurs ? Preuve surtout du long travail pédagogique auprès des scolaires également très nombreux aux séances. « Il y a des festivals faits à Paris par des boîtes de communication, et d’autres qui sont profondément ancrés dans leur ville », est-il écrit en préface du catalogue 2006. Vesoul fait définitivement partie de la seconde catégorie. Voilà peut-être pourquoi notre spectateur a lui aussi décidé de prendre sa voiture pour venir boulotter de la pellicule cette semaine. Il faut dire qu’il n’a pas trop le choix. Après douze éditions, l’événement a finit par prendre de la ceinture. L’ancien lieu de projection au centre-ville était devenu trop petit, il a fallu déplacer la programmation au Majestic à l’entrée de la ville. Cannes, Berlin et Venise ont leur palais des festivals, Pusan (Corée du Sud) et Vesoul ont désormais leur multiplexe. Alors évidemment, ce n’est pas ce qu’il y a de plus joli vu de l’extérieur un multiplexe, mais qu’est-ce que c’est confortable à l’intérieur ! Et si les invités (journalistes, acteurs, réalisateurs) préfèrent pour l’instant retourner au centre-ville après les films, ils devraient finir par s’habituer. Après tout, c’est aussi un peu l’Asie ce grand hangar posé au milieu de nulle part. D’un côté la voie rapide qui ceinture l’ouest de la ville, de l’autre des hôtels pour VRP et un lycée ; avec la brume sur la région vallonnée, il flottait là, hier soir, comme un air de déjà vu. Un air de steppe, pardi !

Jeudi 2 février : Gilaneh est arrivé !

Le grand sourire de l’actrice iranienne Fatemeh Motamed Arya illumine le restaurant chinois de Vesoul. (Photo : Stéphan Lagarde/RFI)
Le grand sourire de l’actrice iranienne Fatemeh Motamed Arya illumine le restaurant chinois de Vesoul.
(Photo : Stéphan Lagarde/RFI)
On peut avoir une moustache et être d’une sensibilité incroyable. C’est fou comme le poil revient à la mode dans les festivals cet hiver. April Snow du Coréen Hur Jin-ho aura certainement influencé le ciel de l’Est français. Il neige sur la toile comme sur la ville. Du blanc partout sur les trottoirs de Vesoul ce matin, ce qui a immédiatement entraîné une forte poussée des fourrures sur les cols et les coiffes des invités. Heureusement, la très belle et très remarquée Aizhan Aitenova est déjà équipée. Etudiante à l’Institut des Technologies d’Almaty, elle rayonne désormais dans L’express des steppes (en compétition). Ce film kazakh est présenté ici en première française, une véritable curiosité puisque le pays ne produit que 6 à 7 longs métrages les bonnes années. Gare au nez qui coule ! Pour ceux qui ont moins l’habitude, c’est la ruée sur le rayon bonnets. Le cas de Layth Abdulamir, réalisateur dont les bacchantes ont largement repoussé depuis le tournage du Chants des absents. Là encore, le public franc-comtois aura apprécié ce portrait sensible de l’Irak au travers de ses multiples communautés, décidemment loin, très loin, des images télévisées.
 
L’Irakien était d’ailleurs parmi les premiers à applaudir au restaurant chinois ce midi. «Gilaneh est arrivé !» Le message sur le téléphone portable a déclenché une explosion de joie au déjeuner. Hip, hip, hip ! Concert de cuillères sur les bols, grand sourire de l’actrice Fatemeh Motamed Arya et pleurs de joie de l’un des organisateurs. Bloqué au festival de Pune, au Sud de Bombay, le film iranien en compétition avait dû être déprogrammé la vieille. Ce n’est pas faute de savoir voyager. Après Pusan, New York, Toronto, Montréal, Dhaka, Rome, Goa et Pune, le film débarque donc à Vesoul. «C’est l’islam qui s’est entendu avec les Iraniens, pas les Iraniens avec l’islam», commente le producteur Djahanguir Kossari quand ont évoque avec lui les problèmes de l’Iran d’aujourd’hui.  Et d’ajouter, parlant de la réalisatrice : «Le cinéma continuera en Iran, car ces femmes-là n’ont pas peur !» Et c’est vrai qu’elles n’ont pas froid aux yeux les filles sur les écrans de Vesoul. Courrez sur le DVD si vous ne l’avez pas encore vu ! En première séance ce jeudi était projeté Les garçons de Fengkueï d’Hou Hsiao-hsien. Bonheur au réveil où, pour revenir aux questions de pilosité, on a découvert qu’à Taiwan en 1983 les actrices avaient du poil sous les bras.

Mercredi 1er février : « Les bronzés ? I don’t know ! »

Buddadeb Dasgupta, président du jury du 12ème Festival international des cinémas d’Asie de Vesoul
(Photo: Stéphane Lagarde/RFI)
Buddadeb Dasgupta, président du jury du 12ème Festival international des cinémas d’Asie de Vesoul
(Photo: Stéphane Lagarde/RFI)
« Les bronzés ne nous font pas peur », ont prévenu les organisateurs à l’ouverture du festival, et c’est vrai qu’elle a l’air un peu toute seule l’affiche de la méga-production française du jour. Blanc, Jugnot, Lhermitte, Clavier et les autres n’ont qu’à bien se tenir. Sur le fronton du Majestic, le multiplexe qui accueille l’ensemble des projections, les films des steppes ont la part belle. Ouzbékistan-France, 1-O. Un peu comme si une équipe de division 4 jouait la surprise en Coupe du Monde : ici les files d’attente ne bruissent que de noms venus d’ailleurs. Vite, vite« T’as pris ton ticket pour Bez Stakha («Sans peur», d’Ali Khamraev) ? Il paraît que c’est déjà complet ! » Une boulimie de cinéma qui emporte tout sur son passage. A la projection d’ouverture mardi soir, les spectateurs n’ont fait qu’une bouchée des 700 sièges du théâtre Edwige Feuillère. Pour un peu, le président du jury international (voir photo) restait à la rue.
 

Tiens ! En parlant de bronzé, en voilà un que l’on a croisé ce matin au supermarché en quête d’une crème hydratante. Le froid de l’hiver vesoulite ? Non, la climatisation pendant le voyage ! Une sacrée trotte : 20 heures depuis Calcutta, en passant par Delhi, Bombay, Paris, puis le train jusqu’ici. Cela valait bien la « big room » réclamée par l’intéressé à son arrivée à l’hôtel. « Une grande chambre pour faire de l’exercice », nous a-t-il précisé. Véritable célébrité à Vesoul depuis sa première venue au festival en 2001, adulés par les cinéphiles du monde entier depuis Uttara (prix du meilleur réalisateur à Venise en 2000), Buddhadeb Dasgupta est un grand amateur de yoga. Sourire détendu et poignée de main chaleureuse à la vendeuse de cosmétiques. La semaine prochaine, l’auteur des Chroniques indiennes ira présenter à Berlin son dernier film. Pour ce qui est du Patrice Leconte et des 950 écrans dans toute la France en revanche, il sert une moue dubitative : « Les bronzés ? I don’t know. »


par Stéphane  Lagarde

Article publié le 01/02/2006 Dernière mise à jour le 10/02/2006 à 08:49 TU

Les liens

WEB

Le site du festival des cinémas d'Asie à Vesoul

Audio

Le 12e festival international des cinémas d'Asie de Vesoul

«Dans notre démarche de départ, il y avait l'envie de promouvoir une ville de province.»

[01/02/2006]