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Grippe aviaire

L’Europe sur le qui-vive

Les Etats européens ont décidé de prendre le maximum de précautions pour renforcer le dispositif anti-grippe aviaire, déjà adopté depuis plusieurs mois par la Commission européenne.(Photo : AFP)
Les Etats européens ont décidé de prendre le maximum de précautions pour renforcer le dispositif anti-grippe aviaire, déjà adopté depuis plusieurs mois par la Commission européenne.
(Photo : AFP)
En quelques jours, les cas d’oiseaux infectés par le virus de la grippe aviaire se sont multipliés en Europe. En Grèce, en Italie, en Autriche, en Allemagne, les autorités ont décelé la présence du H5N1 sur des oiseaux sauvages morts. En Slovénie, au Danemark, en Hongrie des cas suspects ont été repérés. Face à cette progression de l’épizootie et dans la perspective du retour des oiseaux migrateurs d’Afrique lors des prochaines semaines, les autorités de la plupart des Etats européens ont accru leur vigilance et adopté des mesures de prévention. L’objectif est de tout mettre en œuvre pour éviter la contamination des volailles domestiques ou, au moins, la limiter au maximum si elle devait avoir lieu.

L’Union européenne ne veut plus de plumes. La Commission a pris sa décision le 15 février à la suite de l’identification du H5N1 dans plusieurs pays de l’UE en quelques jours. L’embargo sur les plumes non traitées, qui était déjà appliqué à la Turquie et à ses voisins, a été étendu à «tous les pays tiers». Il s’agit de la première mesure de renforcement du dispositif anti-grippe aviaire, déjà adopté depuis plusieurs mois par la Commission de Bruxelles.

Au-delà des contrôles des mouvements d’oiseaux sauvages et de l’interdiction d’importer des volailles ou des produits dérivés en provenance des pays touchés par le virus, l’Union européenne a élaboré des recommandations pour limiter les risques de propagation qui prévoient, pour le moment, l’enfermement des volailles domestiques dans un rayon de 3 kilomètres autour des zones où des oiseaux sauvages malades ont été retrouvés et un renforcement de la surveillance dans un rayon élargi à 10 kilomètres. Mais les experts vétérinaires de l’UE, qui se réunissent les 15 et 16 février, doivent aussi maintenant examiner la question de l’abattage des volailles et de la destruction des oeufs en cas de contamination dans les élevages.

Le retour des oiseaux migrateurs augmente les risques

Il est vrai que la succession de cas repérés en une semaine au sein des pays de l’Union européenne montre que le danger se rapproche. Après la Grèce et l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne ont annoncé avoir identifié le virus H5N1 sur des cadavres d’oiseaux sauvages, respectivement dans le Land de Styrie (sud) et sur l’île de Rügen (mer Baltique). D’autre part, le retour des oiseaux migrateurs partis hiverner en Afrique, où le virus a été identifié au Nigeria, est imminent. Et les experts de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) notamment, estiment que ce phénomène va constituer un facteur supplémentaire de risque de propagation de l’épizootie en Europe. Car plus le nombre d’oiseaux sauvages porteurs du virus sera important, plus les volailles domestiques seront exposées.

Dans ce contexte, les Etats européens ont décidé de prendre le maximum de précautions et beaucoup ont déjà mis en œuvre des mesures qui vont souvent au-delà des recommandations de Bruxelles. L’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège, la Suède, la Suisse ont décidé de confiner l’ensemble des volailles d’élevage. L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a, elle aussi, estimé nécessaire d’élargir la claustration des volailles, qui est déjà en vigueur dans 58 départements, à l’ensemble des élevages, et à défaut de vacciner les animaux. Car la France est soumise à «un risque aggravé», notamment en raison du fait qu’elle se trouve sur le trajet de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau revenant d’Afrique de l’Ouest entre février et mai. Le gouvernement français a suivi l’avis de l’Afssa et a donc lui aussi décidé, mercredi, le confinement général des oiseaux et volailles élevés en plein air. Mais aussi la vaccination des canards et oies d’élevages dans 3 départements (Landes, Loire-Atlantique, Vendée), celle des oiseaux des parcs ornithologiques et l’interdiction de tous rassemblements d’oiseaux.

Eviter les contacts entre oiseaux sauvages et volailles domestiques

L’objectif prioritaire est d’éviter les contacts entre les oiseaux sauvages éventuellement porteurs du H5N1 et les volailles domestiques. Il s’agit d’une part de préserver les élevages, mais aussi de protéger l’homme de la contamination. Intérêts économiques de la filière avicole et santé humaine font en quelque sorte cause commune puisque l’on n’a jamais démontré, jusqu’à présent, que l’homme pouvait être infecté par l’intermédiaire des oiseaux sauvages. C’est généralement le contact rapproché avec des oiseaux de basse-cour qui a provoqué la contamination. Du coup, le meilleur moyen d’éviter une épidémie humaine est d’empêcher les poulets d’attraper la grippe aviaire. A la différence de l’Afrique, l’Europe dispose d’infrastructures vétérinaires et sanitaires suffisamment performantes pour que cet objectif ne soit pas totalement illusoire.


par Valérie  Gas

Article publié le 15/02/2006 Dernière mise à jour le 15/02/2006 à 18:00 TU

Dossiers

(Conception : Bourgoing / RFI)

Audio

Claire Arsenault

Journaliste à RFI

«La Grèce, l'Italie, l'Autriche ont des cas confirmés de grippe aviaire. L'Allemagne, la Belgique, la Roumanie, la Tchéquie sont en attente de résultats. »

[15/02/2006]

Moussa Kaka

Correspondant de RFI à Niamey (Niger)

«De sources proches des services vétérinaires, plusieurs dizaines de poules et de canards appartenant à des particuliers sont morts dans l’est du pays.»

[15/02/2006]