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Grippe aviaire

L’Algérie prend des mesures préventives

L'Algérie renforce ses dispositifs contre la grippe aviaire.(Photo: AFP)
L'Algérie renforce ses dispositifs contre la grippe aviaire.
(Photo: AFP)
L’apparition de l'épizootie au Nigeria et les vagues printanières de migration d’oiseaux du sud vers le nord ont mis les autorités en état d’alerte maximale. Un comité de vigilance est en place. Un réseau de vétérinaires quadrille le pays et des stocks de Tamiflu sont en voie de constitution.

De notre correspondant en Algérie

Ces dernières semaines, le gouvernement a consacré deux conseils des ministres à l’adoption d’une nouvelle série de mesures préventives et au déblocage d’enveloppes financières considérables. De source officielle, on rappelle que dès l’apparition de la maladie aux Pays-Bas et en Allemagne en 2003, il a été interdit d’importer des intrants avicoles ou des produits d’origine aviaire à partir de ces pays. Cette interdiction a été élargie aux pays asiatiques en 2004, à ce jour. Tout comme il n’est plus possible d’importer des oiseaux exotiques, quelle que soit leur provenance. Aux aéroports et aux frontières terrestres, les contrôles douaniers et vétérinaires sont devenus plus stricts.

Pour deux raisons objectives, cette épizootie est prise très au sérieux. Les élevages avicoles algériens rassemblent entre 120 à 140 millions de poulets et la filière fait vivre des dizaines de milliers de personnes. Ensuite, l’Algérie est une zone de passage pour les oiseaux migrateurs en hiver et au printemps. A ces périodes, on estime que 250 000 à 300 000 oiseaux sauvages traversent le territoire. Ils effectuent des haltes dans 560 zones humides recensées, toutes placées sous surveillance par les services des forêts mobilisant 7 000 agents dont quelque 500 vétérinaires. L’hiver dernier, plus de 600 prélèvements ont été effectués sur des oiseaux migrateurs, tous négatifs.

Actuellement, le dispositif national, qui compte également des cellules de veille au niveau de tous les départements, a été renforcé. Toutefois, les vétérinaires se plaignent de l’insuffisance des moyens matériels mis à leur disposition notamment les désinfectants et les véhicules. Le ministère de l’Agriculture, dont ils relèvent, soutient le contraire. Pour leur part, les vétérinaires, dont la compétence est avérée, ont pris à témoin l’opinion publique et attendent des pouvoirs publics qu’ils satisfassent leurs besoins professionnels.

Une baisse de la consommation de près de 50%

Sur le terrain, l’alerte à la grippe aviaire a été déclenchée à trois reprises. A Oran, le décès d’un vieux paysan, éleveur de volailles, a provoqué une psychose dans toute la région. Son petit élevage a été mis en quarantaine et son autopsie n’a révélé aucune trace du virus. Même conclusion après la découverte de quelques dizaines de pigeons sauvages morts dans la région de Chlef, à quelque 150 km au sud ouest d’Alger. Les services vétérinaires ont conclu qu’ils étaient affectés par « les maladies de Marek et de Newcastle, non transmissibles à l’homme ».

La dernière fausse alerte, il y a une semaine, a eu lieu à une vingtaine de kilomètres à l’est d’Alger, dans la zone humide de Réghaïa. Une rumeur, infondée, a fait état d’un cas de grippe aviaire. Il a fallu un démenti officiel pour rassurer la population.
         
Si la grippe aviaire venait à se manifester effectivement, l’antiviral Tamiflu serait disponible en quantité suffisante. Le ministère de la Santé a passé commande auprès du fournisseur suisse Hoffman-La Roche pour 8 milliards de dinars (1 euro = 90 dinars), soit de quoi assurer la couverture du quart de la population. Parallèlement, le groupe pharmaceutique public SAIDAL produira dans ses usines ce traitement antiviral. L’entreprise a signé un contrat avec le laboratoire indien Hetro Drugs. On précise auprès du groupe algérien que le laboratoire indien a reçu l’autorisation de Hoffman-La Roche pour fabriquer le principe actif Oseltamivir et le produit Tamiflu tout en soulignant que Hetro Drugs a également obtenu le visa pour céder à son tour le savoir-faire à des fabricants de médicaments de pays comme l’Algérie.

Le contrat signé entre les deux parties a arrêté une production de 6 millions de boîtes pour l’année 2006. Dans quatre semaines, cet antiviral baptisé par les Algériens Saiflu sortira des usines de Saïdal et sera écoulé à 15 euros la boite de 10 gélules, a annoncé le PDG du groupe. Entre cette production locale et les commandes passées en Suisse, l’Algérie pourra assurer une couverture de la population à hauteur de 45 à 50% en cas de pandémie.

Mais malgré toutes ces mesures prises par les pouvoirs publics, la population a tendance à consommer moins de poulet. Son prix au kilo a accusé, en certaines régions dont Oran et Batna, une baisse de près de 50%.


par Belkacem  Kolli

Article publié le 18/02/2006 Dernière mise à jour le 18/02/2006 à 12:27 TU

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(Conception : Bourgoing / RFI)