Grippe aviaire
Un élevage français contaminé
(Photo: AFP)
A en croire Dominique de Villepin, «on n’en fait jamais trop pour la protection des Français». Le Premier ministre, qui vient d’annoncer le déblocage de 52 millions d’euros pour aider la filière avicole à supporter la baisse d’activité occasionnée par la grippe aviaire, ne veut prendre aucun risque. Le dispositif élaboré depuis plusieurs mois pour faire face à toute apparition du virus H5N1 sur le sol français a donc été mis en œuvre dès que la mort inexpliquée de dindes dans un élevage de l’Ain a été connue, jeudi 23 février.
Un périmètre de sécurité a été instauré dans une zone de 3 kilomètres autour de la commune de Versailleux où est localisée l’exploitation touchée. Seuls les résidents sont autorisés à y pénétrer ou à en sortir, après s’être soumis à une opération de désinfection au passage de l’un des onze barrages qui ont été établis. Les véhicules doivent ainsi passer dans des rotoluves remplis de désinfectant pour éviter que le virus ne soit transporté sur les pneus des véhicules. Des sapeurs-pompiers équipés de combinaisons et de masques surveillent les opérations. Les personnes ayant été en contact avec les volailles malades ont été placées sous surveillance médicale et ont reçu un traitement antiviral au Tamiflu à titre préventif.
Une zone de surveillance étendue
Les premières analyses avaient permis d’identifier la présence du virus H5 «hautement pathogène» dans cet élevage. Les tests complémentaires réalisés dans le laboratoire de Ploufragan (Côtes d’Armor) ont ensuite confirmé qu’il s’agissait bien de la souche N1, tant redoutée puisqu’elle est à l’origine de l’épizootie de grippe aviaire qui s’est propagée depuis deux ans à partir de l’Asie. Pour ne prendre aucun risque, les autorités avaient décidé dès jeudi de procéder à l’euthanasie immédiate de la totalité des 11 000 dindes élevées en batterie dans l’exploitation. Il est vrai que la ferme en question se trouve dans la zone où des canards sauvages infectés par le H5N1 avaient déjà été retrouvés. Un secteur qui semble particulièrement exposé puisque c’est encore là que l’on a découvert, vendredi, les cadavres de 5 cygnes qui pourraient bien, eux aussi, être porteurs du virus de la grippe aviaire. Du coup, un tiers du département de l’Ain a été placé en «zone de surveillance», où le transit d’animaux vivants est interdit, les pédiluves à l’entrée des exploitations et le confinement des volailles obligatoires.
L’exploitation de Versailleux est donc le premier élevage contaminé par la grippe aviaire en France mais aussi dans l’Union européenne. Jusque-là, en effet, le virus H5N1 n’y avait atteint que des oiseaux sauvages, à l’exception de deux poules identifiées il y a quelques jours dans une fourrière autrichienne. Il s’agit donc d’une mauvaise nouvelle. D’autant plus que l’on se demande comment les dindes de cette ferme de Versailleux, qui n’étaient pas élevées en plein air, ont pu être contaminées. L’hypothèse que les éleveurs aient eux-mêmes été les vecteurs de la maladie est envisagée sérieusement.
Les éleveurs mis en garde
La transmission qui a le plus souvent lieu par l’inhalation directe de sécrétions de volailles infectées, peut aussi se faire par l’exposition à des matières contaminées dans l’eau, sur les vêtements, le matériel agricole (la paille, par exemple). C’est pourquoi le préfet du département a alerté les professionnels du secteur pour les inciter à prendre toutes les précautions lors de leurs allées et venues. L’une des mesures recommandées est de placer des pédiluves à l’entrée des hangars où se trouvent les volailles. Ce message a été relayé par la FNSEA, le syndicat paysan. L’objectif est d’éviter à tout prix que le virus passe d’élevage en élevage.
par Valérie Gas
Article publié le 24/02/2006 Dernière mise à jour le 24/02/2006 à 18:32 TU