Revue de presse internationale du 25/2/2006

Ca n'est pas encore la panique dans les poulaillers, mais l'agitation est déjà bien palpable dans la presse. «Grippe aviaire, la grande peur», titre le Figaro. «L'Hexagone en alerte», annonce Libération. La plupart des quotidiens nationaux, qui étaient hier soir encore dans l'attente de la confirmation des tests menés à Versailleux dans l'Ain, reviennent longuement sur ce premier cas de contamination d'un élevage dans l'Union européenne. Cette nouvelle tombe, alors que s'ouvre aujourd’hui ce qui est censé être la grande fête de la profession: le salon de l'Agriculture de Paris. Dans les allées du salon cette année: ni cocorico, ni caquètement, tous les animaux à plumes étant désormais privés de sortie.

Pas de volaille donc, mais gageons qu'elles seront dans toutes les têtes, à commencer par celles des éleveurs. Des éleveurs menacés de «bérézina économique», pour reprendre l'expression de Pierre Taribo dans l'Est républicain. France Soir estime que «le virus H5N1 décime les éleveurs». Selon le quotidien, la filière avicole dégringole: elle aurait perdu 30 millions d'euros pour le seul mois de janvier. 14 000 éleveurs et près de 43 000 salariés pourraient souffrir de la menace d'une épizootie. Selon Le Parisien-Aujourd'hui en France, les grandes entreprises spécialisées dans la vente de volailles ont déjà procédé à près de 3 000 suppressions de poste.

Et ça n'est pas la décision prise par le Japon de stopper toute importation de volaille française, qui va arranger les choses. «Les paysans bientôt plumés ?», s'interroge L'Humanité hebdo, qui invite à réfléchir aux dangers d'une «libéralisation sans limites du commerce des denrées alimentaires sous le direction de l'Organisation mondiale du commerce». Une OMC, qui, selon le quotidien communiste, ne fait pas grand cas des dégâts sociaux et environnementaux que cause la compétitivité. Libération est allé enquêter auprès des éleveurs bretons. Après les épisodes de la vache folle et de la tremblante du mouton, ils redoutent aujourd'hui l'arrivée de la grippe aviaire. «On a fait moins 11% de ventes en janvier, et si la grippe aviaire débarque ici, c'est la catastrophe», confie au quotidien un éleveur de Loudéac.

A mille lieues de nos problèmes de poulets malades, le Kenya, lui, est frappé par une très grave sécheresse, la plus importante depuis dix ans. Le Monde nous dresse un tableau inquiétant: les bovins meurent les uns après les autres, les troupeaux de vaches qui résistent encore, se déplacent vers Nairobi, dans l'espoir d'y trouver un peu d'herbe à brouter le long des routes ou de s'abreuver dans la rivière polluée de la capitale kenyane. Et puis, il y a ces «morts discrètes», comme les désigne ce responsable local de la Croix rouge, ces bébés, qui meurent sur le dos de leur mère, partie chercher de l'eau.

Gang de bras cassés

En une de Libération ce matin: le visage de Youssouf Fofana, le chef du gang accusé du meurtre l'Ilan Halimi. Selon le quotidien, avant de s'en prendre au jeune juif, la bande aurait multiplié les menaces et les tentatives de racket auprès de nombreuses personnalités, chefs d'entreprises ou médecins. Le groupe agissait sous des noms et de sigles d'emprunts, dont celui des clandestins corses d’Armata Corsa.

Parmi les cibles du gang: le fondateur de Médecins du monde, Rony Brauman. En avril 2004, il reçoit une lettre exigeant qu'il verse une somme de plusieurs centaines de milliers d'euros sur un compte Western Union. Il n'y donne pas suite, mais six mois plus tard, un coup de feu est tiré sur le portail de sa maison et deux cocktails Molotov sont lancés sur sa porte. Par chance, ils n'explosent pas.

Le Figaro a tenté d'en savoir plus sur ce «gang des barbares», «une bande hétéroclite, liée par la thune et le rap», selon le quotidien, un groupe assemblé au hasard des rencontres dans la cité , rien à voir, visiblement, avec une bande organisée. Selon l'avocat d'une personne mise en examen dans l'affaire du meurtre d'Ilan Halimi, on a plutôt affaire à «un assemblage de gamins, petits voyous et autres bras cassés qui se sont laissés entraîner dans une entreprise sadique». Quant à Youssouf Fofana, arrêté en Côte d'Ivoire et visé par un mandat d'arrêt, sa personnalité demeure des plus troubles. Certes, il était connu dans sa cité pour avoir commis de nombreux délits, mais un voisin raconte: «c'est un garçon très poli, très gentil (...) Lorsque je n'étais pas là, il aidait ma mère à porter ses paquets».

Pour terminer sur une note plus agréable, parlons d'amour... ou plutôt de «la nouvelle côte d'amour des musées». La Croix y consacre un dossier. Qu'ils soient français ou étrangers, les amateurs d'art sont visiblement de plus en plus nombreux. Le Louvre, par exemple, a connu l'année dernière une fréquentation record : 7,5 millions de visiteurs. Le château de Versailles n'est pas en reste, avec ses 4,5 millions d'entrées. La rançon du succès : ce sont ces files d'attente interminables devant les musées. Mais certains ont trouvé la parade pour éviter de patienter : ils viennent avec une poussette. Il parait que c'est imparable !

par Anastasia  Becchio

[25/02/2006]