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Racisme

La révolte de Samuel Eto’o

par Dave Wilson

Article publié le 27/02/2006 Dernière mise à jour le 27/02/2006 à 10:30 TU

Les irréductibles racistes de Saragosse ont, une fois encore, sévi. Leur cible : Samuel Eto’o en déplacement avec le FC Barcelone.

Samedi 25 février à Saragosse en Espagne. Pour la deuxième fois, les supporters du club local profèrent des insultes racistes à l’encontre du Camerounais du FC Barcelone, Samuel Eto’o. L’an dernier, il avait répondu au public de Saragosse en imitant l’attitude du singe. Cette fois, il a failli quitter le terrain. Après avoir subi la loi du Réal Saragosse qui l’a éliminé de la Coupe du Roi, Barcelone retrouvait ce redoutable adversaire sur le stade de la Romareda.

Le match est serré et, fort de leur précédente victoire, les Celades, Milito, Cani et autres Zapater, plus déterminés que jamais, inquiètent le Barça malgré Ronaldhino, Edmilson, Deco et…Eto’o. Ce dernier est surveillé par les défenseurs adverses qui interviennent souvent dangereusement. Il y a comme une permissivité générale qui encourage tacles dangereux et actes d’anti-jeu sur les joueurs de Barcelone. Vif, malin et véritable poison, Samuel Eto’o exaspère visiblement par son obsession du but adverse.

Connaissant sa vélocité et sa soif du but, les défenseurs de Saragosse le marquent à la culotte, mais ils ne sont pas seuls puisque le public aussi s’en mêle. Les injures racistes et les cris de singe fusent dès que le jeune buteur camerounais touche le ballon. Ces injures et ces hurlements caractéristiques, repris en chœur par d’autres supporteurs sont clairement proférés pour être entendus par les présidents et dirigeants des deux clubs.

Samuel Eto'o veut quitter le terrain

A la 76e minutes, Samuel Eto’o prend subitement la direction de la sortie. Il ne veut plus jouer et le fait savoir à ses partenaires qui le retiennent, tout comme l’arbitre et certains joueurs de l’équipe adverse. Trop c’est trop. Dans la mêlée, Samuel Eto’o montre son bras puis celui d’un joueur de Saragosse avec qui il partage la même couleur de peau. C’est Frank Rijkaard, l’entraîneur néerlandais du FC Barcelone qui parviendra à calmer Samuel Eto’o et à le convaincre de reprendre la partie.

Sur l’attaque barcelonaise qui suit l’incident, un centre parvient au défenseur Edmilson qui venait de monter en attaque. Sa reprise de volée qui prenait la direction de la lucarne, est volontairement détournée de la main par un joueur de Saragosse. D’où, expulsion, penalty et but de Ronaldinho à la 79e minute. Deux minutes plus tard, Samuel Eto’o qui s’est isolé sur le côté gauche de la défense adverse, s’empare rageusement du ballon, déborde son garde du corps, juste sous le nez de ses pourfendeurs racistes et d’un centre parfait, dépose le ballon sur la chaussure du Suédois Larsson qui marque le 2e but du Barça.

Au coup de sifflet final, c’est un Samuel Eto’o très entouré qui quitte la pelouse en faisant de ses doigts pointés vers le ciel, deux « v » de la victoire. Une victoire sportive et sûrement, une victoire sur la bêtise humaine.