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Sénégal

Poursuite de la grève à l’université de Dakar

Etudiants au campus francophone de Dakar.(Photo : AFP)
Etudiants au campus francophone de Dakar.
(Photo : AFP)
Les cours n’ont que partiellement repris à l’université de Dakar. A la faculté de médecine et dans certains instituts, les cours ont eu lieu lundi. Mais quatre autres facultés, qui représentent plus de la moitié des étudiants, ont reconduit leur mot d’ordre, malgré les nouvelles concessions du ministère de l’Education.

De notre correspondant à Dakar

Dix jours après les émeutes violemment réprimées par les forces de l’ordre, l’université de Dakar a, en apparence, retrouvé son animation habituelle. Mais en réalité, seule une minorité d’étudiants a repris le chemin des amphithéâtres, mardi matin. Lundi, les cours ont repris à la faculté de médecine et dans certains instituts. Mais lors d’une assemblée générale, les élèves des facultés de lettres, de droit, de sciences économiques et des sciences et techniques ont reconduits leur grève pour 72 heures.

Ils ont posé leurs conditions pour une reprise du dialogue. «D’abord, que l’on nous permette d’accéder aux hôpitaux pour voir l’état de nos blessés, martèle Alioune Gning, vice-président de l’Amicale de la faculté de lettres et de sciences humaines. Ensuite, la police a pénétré sur le campus. Elle a fait des dégâts colossaux et nous exigeons une prise en charge intégrale des étudiants qui ont subi ces dégâts-là. Troisièmement, il faut que les évaluations soient faites concernant les événements de vendredi et que les responsabilités soient situées. La police ne s’est pas réveillée un matin pour entrer sur le campus et traquer les étudiants.»

Mise en place d’une commission d’enquête

La réponse du ministre de l’Education ne s’est pas faite attendre. Lundi, en fin de journée, Moustapha Sourang a déclaré a RFI que les étudiants pourraient se rendre au chevet de leurs camarades hospitalisés. Et il s’est dit prêt à répondre aux autres revendications, à condition qu’une enquête situe toutes les responsabilités. Le directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar, Iba Gueye, a d’ailleurs annoncé qu’une commission d’enquête sur les événements du 17 février pourrait prochainement être mise en place.

Mais les délégués étudiants accueillent ces promesses avec méfiance. « Nous attendons des preuves concrètes de ces engagements. Nous sommes trop habitués aux promesses non tenues,  explique Abdoulaye Diallo, délégué des étudiants de la faculté des sciences et techniques. Donc pour l’instant nous maintenons notre mot d’ordre.»

Polémique entre le pouvoir et l’opposition

Résultat : la majorité des amphithéâtres étaient encore vides mardi matin, car les facultés grévistes représentent plus de la moitié des étudiants inscrits. De quoi donner du fil à retordre au médiateur de l’université qui travaille d’arrache pied pour trouver une issue à la crise. « Il faut poursuivre le travail de fourmi engagé auprès de toutes les parties, soupire Bouba Diop. Mais il y a au moins un point positif. C’est que les étudiants ont pu tenir pacifiquement leur assemblée générale sur le campus, sans débordement. C’est un premier pas.»

Parallèlement, la crise universitaire suscite toujours la polémique entre le pouvoir et l’opposition. Dans un communiqué diffusé ce lundi, le Parti démocratique sénégalais, au pouvoir, dénonce ces « groupes politiques désabusés [qui entraînent] des segments du mouvement étudiant dans des logiques de violence aveugle. » Accusation catégoriquement rejetée par l’ensemble de l’opposition. « La ficelle est si grosse que personne ne s’y est trompé, rétorquent  les adversaires du président Wade dans une réponse commune. Les Sénégalais n’ont pas la mémoire courte et savent que dans l’opposition comme au pouvoir, Abdoulaye Wade a toujours bâti son action sur la violence, la manipulation et le peu de considération qu’il a pour les valeurs républicaines».


par Christophe  Champin

Article publié le 28/02/2006 Dernière mise à jour le 28/02/2006 à 13:03 TU