Grippe aviaire
Nigeria, Egypte… et maintenant Niger
(Carte : Bourgoing/RFI)
Ce n’est pas véritablement une surprise. La confirmation de la présence de la grippe aviaire au Niger était presque attendue. La proximité de ce pays avec le Nigeria, premier Etat africain où le virus a fait son apparition il y a bientôt deux mois, mettait le Niger en tête de liste des contaminés potentiels. Et c’est bien dans la zone frontalière entre les deux Etats que le H5N1 a été repéré. Les élevages de canards concernés se trouvent dans les localités de Magaria et Dan Bardé (sud-est).
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), Bernard Vallat, a annoncé la nouvelle après avoir obtenu les résultats des tests réalisés dans le laboratoire italien de Padoue, à partir des échantillons prélevés sur les cadavres des volatiles. Les autorités nationales nigériennes ont déclaré qu’elles n’avaient pas été informées officiellement et qu’il fallait attendre la confirmation des analyses complémentaires en cours en France et en Suisse pour être sûr qu’il s’agit du H5N1.
Manque de moyens
Des mesures ont néanmoins déjà été mises en œuvre pour essayer d’éviter que le virus ne se propage. Les autorités ont décidé, dès dimanche, de restreindre la circulation des volailles dans le pays. A l’entrée de Niamey, la capitale, les poulets, oies ou canards en provenance de l’intérieur du pays sont même interceptés et incinérés. Le gouvernement a aussi décidé une indemnisation des éleveurs de 1 000 FCFA pour les inciter à déclarer des morts suspectes. Mais au Niger comme ailleurs en Afrique, les services vétérinaires et sanitaires n’ont pas les moyens de prendre en charge une épizootie de grippe aviaire. Joseph Domenech, le chef du service de santé animale de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), a ainsi fait part de son inquiétude : «On préconise l’abattage des animaux malades, mais plus de la moitié des pays en développement ne sont pas équipés pour les euthanasier et plus encore se débarrasser des cadavres de manière écologique… Ces pays ont des économies fragiles et des services qui ont besoin d’appui».
Les difficultés rencontrées par le Nigeria pour gérer l’épidémie offrent un exemple des obstacles à surmonter. Malgré les recommandations des organisations internationales, les autorités ont mis plusieurs semaines à essayer de limiter la circulation et le commerce des volailles dans le pays. L’abattage des animaux malades n’a pas toujours été réalisé dans des conditions adéquates. Tout comme la désinfection des fermes contaminées. Et on trouve aujourd’hui des foyers dans huit Etats du pays : Katsina, Kano, Yobe, Kaduna, Bauchi (nord), Plateau, Nassarawa (centre) et le territoire de la capitale fédérale Abuja.
Eviter les cas humains
Dans ces conditions et en tenant compte du fait que la propagation du virus H5N1 est partout très difficile à éviter, il paraît vraisemblable que l’épizootie continue son chemin en Afrique. Des soupçons existent déjà concernant l’Ethiopie. On y a retrouvé 6 000 poulets morts dans une ferme de Gubere dans la région d’Endibir, au sud. Les échantillons prélevés ont été envoyés au laboratoire de Padoue mais des tests réalisés sur place semblent indiquer qu’il pourrait s’agir de la grippe aviaire, a déclaré le directeur du département vétérinaire du ministère de l’Agriculture. Au Kenya, les résultats des analyses réalisées à partir des échantillons prélevés sur 400 poulets retrouvés morts dans un terrain vague à Nairobi, où ils avaient été jetés, ont en revanche permis d’écarter l’hypothèse de la grippe aviaire.
A la lumière de l’évolution de l’épizootie en Asie depuis 2003, les spécialistes de l’OIE estiment qu’«en Afrique, il faudra attendre au moins trois ans pour juguler la maladie». Dans l’intervalle, l’enjeu est désormais de tout mettre en œuvre pour éviter, ou au moins limiter, la transmission du virus à des êtres humains. Dans cette optique l’Organisation mondiale de la santé a déjà engagé des actions au Nigeria pour aider le pays à mettre en place un dispositif d’alerte et de dépistage des cas humains. Notamment en développant les capacités des laboratoires sur place et en améliorant la formation des personnels de santé.
par Valérie Gas
Article publié le 28/02/2006 Dernière mise à jour le 28/02/2006 à 17:45 TU