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Grippe aviaire

Le virus et les chats

Principe de précaution oblige, les autorités allemandes ont demandé aux habitants de l'île de Rügen de maintenir leurs chats dans les maisons et de tenir les chiens en laisse pour les sortir.(Photo : AFP)
Principe de précaution oblige, les autorités allemandes ont demandé aux habitants de l'île de Rügen de maintenir leurs chats dans les maisons et de tenir les chiens en laisse pour les sortir.
(Photo : AFP)
Le cadavre d’un chat infecté par le virus de la grippe aviaire a été retrouvé en Allemagne sur l’île de Rügen, là même où plus d’une centaine d’oiseaux sauvages ayant contracté le H5N1 sont morts. Des analyses sont en cours pour savoir s’il s’agit de la forme asiatique du virus, la plus pathogène. Ce chat est le premier mammifère infecté en Europe mais pas dans le monde. En Asie, où la maladie se développe depuis 2003, des chats, des tigres et des léopards ont été touchés. Mais comme celle des hommes, la contamination des félidés reste exceptionnelle.

Confiner les poules d’élevage est une chose, empêcher les chats d’attraper des oiseaux en est une autre. Mais il semble que l’on n’en est pas là pour le moment. Le fait qu’un chat mort de la grippe aviaire ait été retrouvé en Allemagne ne signifie pas qu’il y existe désormais un risque plus important de propagation de l’épidémie. Il semble que cet animal, qui appartenait à un fermier de l’île de Rügen, s’était échappé depuis plusieurs jours et qu’il a dû manger un volatile porteur du virus. Ce cas de figure a été rendu possible par la présence de nombreux oiseaux malades dans cette zone. Sur les 129 cadavres de volatiles infectés retrouvés en Allemagne, plus d’une centaine l’ont été sur l’île de Rügen. Ces derniers jours, les autorités ont d’ailleurs découvert de nombreux oiseaux morts dans la baie de Wittow où le chat se trouvait. On peut donc dire que la forte concentration du virus dans ce périmètre a créé des conditions favorables à la contamination.

Principe de précaution oblige, les autorités allemandes ont immédiatement informé les habitants de l’île. Elles leur ont demandé de maintenir leurs chats dans les maisons et de tenir les chiens en laisse pour les sortir. L’autorisation d’abattre les chiens et chats errants dans le périmètre de sécurité établi dans le secteur à risque a aussi été donnée. Elles ont, d’autre part, recommandé de ramasser et d’analyser tous les cadavres de mammifères retrouvés sur l’île. Le propriétaire de l’animal a, quant à lui, été placé sous surveillance médicale.

Quel mode de contamination ?

En France, Dominique de Villepin a lui aussi tenu le langage de la prudence. Le Premier ministre a estimé que les propriétaires de chats ne devaient pas les laisser «divaguer» dans les zones où le virus a été détecté. Il a aussi annoncé qu’il avait, dès avant l’annonce de la contamination d’un chat en Allemagne, demandé à l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de lui rendre rapidement un avis sur la question. Il devrait être connu d’ici au maximum 48 heures.

Pour le moment, on ne sait pas comment le chat a attrapé la grippe aviaire. Deux hypothèses sont possibles. Soit il a été infecté par la voie respiratoire en inhalant des poussières de fientes sur le cadavre de l’oiseau en question. Soit il a subi une contamination par la voie digestive en mangeant la viande crue d’un volatile malade. Ce type de contamination a déjà été observé sur des tigres retrouvés morts dans un zoo de Thaïlande après avoir été nourris avec des carcasses de poulets. Des cas de chats domestiques infectés ont aussi été repérés en Asie depuis 2003. Il n’y a pas eu de véritables enquêtes pour établir leur mode de contamination mais il semble probable qu’elle ait aussi eu lieu par la consommation d’animaux atteints de la grippe aviaire.

La contamination de plusieurs dizaines de tigres dans un même zoo en Thaïlande, en octobre 2004, a d’autre part fait apparaître la possibilité d’une transmission du virus de tigre à tigre. Les résultats d’une recherche, effectuée par une équipe hollandaise sur des chats domestiques, ont été dans le même sens puisqu’ils ont mis en évidence que la transmission de chat à chat était possible. Même si, comme le précise Jeanne-Brugère Picoux, professeur à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort, il s’agissait de «conditions expérimentales extrêmes». Autrement dit, il y a peu de chances pour que cela ait lieu dans un cadre naturel.

Pas d’aggravation importante du danger pour l’homme ?

Même si le risque de voir apparaître de nouvelles contaminations chez les chats domestiques existe, cela ne signifie pas forcément une aggravation importante du danger pour l’homme. Jeanne Brugère-Picoux en veut pour preuve que dans le zoo thaïlandais où plus de 100 tigres ont été infectés par le virus, les membres du personnel ne sont pas tombés malades. Cela ne veut pas dire pour autant que c’est impossible. Mais il faudrait «des conditions de cohabitation particulièrement étroites» avec des animaux qui présenteraient des symptômes respiratoires importants pour que cela arrive. Dans tous les cas, une vigilance accrue de la part des propriétaires de chats devrait permettre de limiter les risques.

Mais il est vrai qu’avec la propagation de la grippe aviaire qui se poursuit sans discontinuer dans les trois régions du monde désormais touchées par l’épizootie (Asie, Afrique, Europe), tout nouvel élément qui indique que le virus est virulent et peut franchir la barrière des espèces fait grandir l’inquiétude.


par Valérie  Gas

Article publié le 01/03/2006 Dernière mise à jour le 01/03/2006 à 17:12 TU

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(Conception : Bourgoing / RFI)