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Nucléaire iranien

Téhéran et AIEA: nouveau rendez-vous

Mohamed ElBaradei, directeur général de l'AIEA, a estimé qu'un accord était encore possible pour éviter un recours au Conseil de sécurité de l'ONU sur les activités nucléaires de l'Iran.(Photo : AFP)
Mohamed ElBaradei, directeur général de l'AIEA, a estimé qu'un accord était encore possible pour éviter un recours au Conseil de sécurité de l'ONU sur les activités nucléaires de l'Iran.
(Photo : AFP)
Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a entamé, lundi 6 mars à Vienne (Autriche), une réunion qui doit déboucher dans les prochains jours sur le transfert du dossier iranien au Conseil de sécurité des Nations unies, ouvrant ainsi la voie à d’éventuelles sanctions contre Téhéran. Face au programme nucléaire iranien, soupçonné de comporter un volet militaire, la communauté internationale continue de multiplier initiatives et contacts diplomatiques. Elle reste toutefois divisée face à une détermination iranienne affichée.

La tension est toujours forte autour du dossier nucléaire iranien. Vendredi, d’ultimes discussions menées par trois pays européens (Allemagne, France et Grande-Bretagne) se sont soldées par un échec. Un accord avec Moscou sur l'enrichissement d'uranium iranien uniquement en Russie n'a pas non plus été possible avant la réunion, ce lundi à Vienne, des 35 pays du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Dimanche, les Etats-Unis ont haussé le ton : « Le régime iranien doit être prévenu que s'il continue sur la voie de l'isolement international, il y aura des conséquences tangibles et douloureuses », a déclaré l’ambassadeur américain aux Nations unies, John Bolton, un dur de l'administration Bush.

Et pourtant, Mohamed ElBaradei se veut optimiste. Le directeur de l’AIEA a estimé lundi, à l’ouverture de la réunion de Vienne, qu'un accord était encore possible pour éviter un recours au Conseil de sécurité de l'Onu sur les activités nucléaires de l'Iran. Mohamed ElBaradei, dont le dernier rapport sur les inspections en Iran doit être examiné par les gouverneurs, a indiqué « vivement espérer » qu'un accord négocié entre Européens et Iraniens intervienne « dans la semaine qui vient » autour du programme iranien de recherches sur l'enrichissement d'uranium.

Certes, dans son rapport, le chef de l’AIEA note que l'Iran ne s'est pas conformé à la demande, faite le 4 février dernier dans une résolution du Conseil des gouverneurs, de suspendre dans un délai d'un mois toutes ses activités liées à l'enrichissement de l'uranium. Téhéran a, en effet, repris l’enrichissement à petite échelle à Natanz (au centre du pays). Cette résolution informait le Conseil de sécurité de l’ONU du dossier iranien, mais il donnait un mois à l’Iran pour obtempérer et demandait qu’il n’y ait pas de mesures prises à New York jusqu’à la réunion de ce lundi 6 mars.

Le chaud et le froid

Mais Mohamed ElBaradei ajoute : « Le point de friction reste la question des centrifugeuses pour la recherche et le développement, qui va être discutée cette semaine, et  j’espère vivement que la semaine prochaine, on pourra arriver à un accord. » Une dizaine de ces centrifugeuses nécessaires au processus d’enrichissement (aux potentialités aussi bien civiles que militaires) auraient déjà été assemblées, et leur production en série déjà entamée. A terme, Téhéran souhaite en posséder 30 000 exemplaires. Selon les experts, ce dispositif pourrait suffire à produire plusieurs armes nucléaires par an.

Face aux pressions occidentales, l'Iran souffle le chaud et le froid, ses dirigeants laissant entendre, par exemple, que le quatrième producteur mondial de brut pourrait utiliser l'arme pétrolière en cas d'escalade des pressions internationales. Téhéran ne fera preuve d' « aucune souplesse » à propos de son programme de recherche en matière d'enrichissement d'uranium, a déclaré lundi Ali-Asghar Soltanieh, ambassadeur d'Iran auprès de l’AIEA. Dans des déclarations à l'AFP, le délégué a cependant estimé qu'un accord restait possible. « Il est du droit de chaque pays que ses scientifiques puissent faire de la recherche. La voie pour un règlement n'est pas encore fermée. Nous avons soumis notre proposition aux Russes et aux Européens. Ils doivent l'examiner et donner leur réponse », a-t-il ajouté, peu après l'ouverture de la réunion du Conseil des gouverneurs, accréditant l’hypothèse de la poursuite d’intenses négociations en coulisses.

Occidentaux, Russes, Chinois et Indiens restent divisés

Pour l’heure, et malgré les nombreux contacts tous azimuts, un consensus ne parvient toujours pas à se dégager au sein de la communauté internationale. Selon des diplomates à Vienne, l’adoption d’une nouvelle résolution des 35 pays de l’exécutif de l’AIEA est peu probable cette semaine. Occidentaux, Russes, Chinois et Indiens restent divisés sur l’attitude à adopter, ne s’accordant que sur le principe d’une suspension rapide des activités iraniennes d’enrichissement.

Samedi, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, plus nuancée que l’ambassadeur américain auprès de l'ONU John Bolton, soulignait que des sanctions rapides contre l'Iran n'étaient pas à l'ordre du jour. Les Etats-Unis envisageraient de réclamer au Conseil de sécurité un ultimatum d'un ou deux mois pour contraindre l'Iran à suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium. Un porte-parole de l’AIEA indique que le Conseil des gouverneurs se bornera sans doute, dans les prochaines heures, à « examiner le dernier rapport de Mohamed ElBaradei, qui sera ensuite transmis automatiquement au Conseil de sécurité des Nations unies. »


par Philippe  Quillerier

Article publié le 06/03/2006 Dernière mise à jour le 06/03/2006 à 17:53 TU

Les liens

WEB

Le dossier de l'AIEA sur le nucléaire iranien
Dossier en anglais avec des rapports et des résolutions de l'AIEA disponibles en français, arabe, russe et espagnol

Dossiers

(Conception : RFI)

Audio

Siavosh Ghazi

Correspondant de RFI en Iran et envoyé spécial à Vienne

«Le rapport de l'AIEA sur le nucléaire iranien sera transmis au Conseil de sécurité et, à partir de là il reviendra au Conseil de prendre les décisions nécessaires.»

[06/03/2006]