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Journée internationale de la femme

Les Africaines travaillent plus que leurs hommes

Les femmes occupées en dehors de l’agriculture sont prédominantes dans le commerce, à l'exemple de cette vendeuse malienne de bananes.(Photo : Monique Mas / RFI)
Les femmes occupées en dehors de l’agriculture sont prédominantes dans le commerce, à l'exemple de cette vendeuse malienne de bananes.
(Photo : Monique Mas / RFI)
Premières levées et dernières couchées, les femmes africaines travaillent quotidiennement entre une et deux heures de plus que les hommes. Paradoxalement, leur contribution réelle à l’économie reste très sous-estimée. Jacques Charmes, économiste à l’IRD, publie un état des lieux des études réalisées dans plusieurs pays africains.

Au Bénin, madame travaille deux heures de plus par jour que monsieur. Et à Madagascar, comme en Afrique du Sud, la journée de travail d’une femme dépasse d’une heure celle d’un homme. En Afrique, les femmes font des heures sup’ qui ne sont pas encore reconnues à leur juste valeur. En effet, même si, selon les Nations unies, l’Afrique subsaharienne compte aujourd’hui le taux d’activité économique féminine parmi les plus hauts du monde, « la mesure de l’activité féminine reste un lancinant problème », explique Jacques Charmes, économiste à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et auteur de l’article « Femmes africaines, activités économiques et travail : de l’invisibilité à la reconnaissance ».

En effet, les femmes africaines sont surtout présentes dans des activités considérées, « à tort » selon le chercheur, à faible valeur ajoutée, comme l’agriculture ou le commerce. « En Afrique subsaharienne, où les femmes représentent près de 43% de la population active, près des deux tiers sont employées dans l’agriculture et, pour le plus grand nombre, en tant qu’aides familiales. Dans les secteurs non agricoles, c’est en tant qu’indépendantes (travailleuses à leur compte) qu’elles sont en majorité employées, l’emploi salarié protégé étant essentiellement masculin. Ce n’est que dans l’emploi salarié informel que leur proportion prend le dessus. »

Secteur informel et pluriactivité

Les femmes occupées en dehors de l’agriculture sont prédominantes dans le commerce, surtout le petit commerce ambulant comme on le voit dans toutes les villes d’Afrique où elles vendent de la nourriture ou des petits objets dans la rue. « Mais la visibilité de ces activités exercées en plein soleil plutôt que dans l’ombre des domiciles n’empêche pas qu’elles sont généralement tenues comme faiblement rémunératrices - ce qui est contestable -  et donc négligeable », regrette l’économiste. Depuis une quinzaine d’années, pourtant, les systèmes de comptabilité nationale ont évolué, prenant en compte les activités informelles dans lesquelles les Africaines sont souvent dominantes afin de mesurer leur contribution réelle au Produit intérieur brut (PIB).

La définition du travail a également été élargie pour mesurer une activité économique non plus seulement marchande mais étendue aux activités de soins apportés aux membres de la famille et aux activités bénévoles exercées au profit de la communauté. Enfin, la pluriactivité féminine, souvent méconnue, est aussi de plus en plus prise en compte. Au cours d’une saison, d’une période, d’une semaine, voire d’une journée, les femmes multiplient les activités. En zone rurale, celles qui travaillent dans le secteur de l’agriculture sont aussi engagées dans des activités de transformation des produits agricoles (vannage, tissage, confection…) et alimentaires, comme la fabrication de la bière de mil.

Journées doubles pour les femmes

Entre 1998 et 2003, le Bénin, le Nigeria, l’Afrique du Sud, Madagascar, l’île Maurice, le Ghana ou encore la Tanzanie ont réalisé des collectes d’informations en fonction de ces données. Les dernières enquêtes révèlent ainsi la contribution réelle des femmes africaines à la production nationale et au bien-être des ménages. L’enjeu est de taille : « valoriser les activités féminines mènera à la reconnaissance d’un statut consacrant à une plus grande égalité entre les sexes », assure Jacques Charmes.

La femme africaine a souvent une journée « double », à cause du temps qu’elle consacre aux tâches domestiques, qui est par exemple trois fois supérieur à celui qu’y consacrent les hommes à Madagascar et au Bénin, selon les statistiques citées par l’économiste. En milieu rural, les femmes béninoises passent 1 heure 25 au portage de l’eau et du bois, contre 20 minutes pour les hommes… Quant au temps physiologique, dédié au sommeil, au repos et aux repas, il est à peu près le même dans tous les pays, et pour les deux sexes. C’est déjà ça.

par Olivia  Marsaud

Article publié le 07/03/2006 Dernière mise à jour le 07/03/2006 à 17:12 TU

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(Photo: Monique Mas/RFI)

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