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Forum mondial de l'eau

Des actions locales pour relever un défi mondial

Femme à un point d'eau en Afrique.(Photo : Coopération/ministère des Affaires étrangères)
Femme à un point d'eau en Afrique.
(Photo : Coopération/ministère des Affaires étrangères)

Face au risque mondial de pénurie d’eau douce, les rencontres internationales se sont multipliées pour tenter de développer une vision partagée de la gestion de l’eau et obtenir les engagements politiques nécessaires à la résolution de ce problème crucial à l’échelle planétaire. Initiative conjointe du gouvernement mexicain et du Conseil mondial de l’eau (CME) créé en 1996 pour stimuler la réflexion sur les enjeux de la politique internationale de l’eau, le 4e Forum mondial de l’eau devrait mettre l’accent cette année sur le financement d’actions locales dans le secteur agricole et la construction d’infrastructures d’accès à l’eau et à l’assainissement.


De six milliards d’individus en l’an 2000, la population mondiale devrait passer à huit milliards en 2025 tandis que la quantité moyenne d’eau douce disponible – 6 600 mètres cubes par habitant et par an – devrait de ce fait chuter d’un tiers. Si rien n’est fait, plus de la moitié de l’humanité serait alors menacée de «stress hydrique», seuil d’alerte que les Nations unies ont établi au-dessous de 1 000 mètres cubes par habitant et par an. De plus, la consommation d’eau est inégalitaire : en moyenne 20 litres par personne et par jour dans les pays en développement (PED), contre 400 à 500 litres dans les pays industrialisés. Ne serait-il pas temps d’établir une hiérarchie des besoins, en évitant les mauvaises affectations et les gaspillages ? D’autant que l’eau douce ne représente que 3 % des ressources hydriques disponibles à l’échelle planétaire.

L’eau, un bien économique

Ces quinze dernières années, la problématique mondiale de l’eau a progressivement évolué. Dans la perspective d’un développement durable et de la réduction de la pauvreté, la question de l’eau a été identifiée pour la première fois comme un problème majeur par le Sommet de la planète Terre de Rio de Janeiro (Brésil) en 1992. Un peu plus tôt, en Irlande (Dublin, 1992), le principe de la valeur de l’eau «en tant que bien économique» est posé, suscitant bien des questions sur la manière de concilier la tarification et l’accessibilité à l’eau, notamment pour les plus pauvres, ainsi que celui d’une gestion intégrée de l’eau, qui introduit l’idée d’une tarification comme outil de gestion et de récupération des coûts des investissements dans le domaine.

Comment réduire de moitié le déficit de financement des infrastructures de l’eau et de l’assainissement alors qu’un habitant sur cinq de la planète n’a pas d’accès à l’eau potable et qu’un sur deux ne bénéficie pas de connexion à un réseau d’assainissement ? «Un monde sécurisé sur l’eau», le rapport commandité par 1er Forum mondial de l’eau, organisé par le CME au Maroc (Marrakech, 1997), et présenté lors du 2e Forum aux Pays-Bas (La Haye, 2000), préconise d’investir 100 milliards de dollars de plus chaque année dans toutes les branches du secteur. Dans une déclaration intitulée «Vision mondiale de l’eau», le CME s’engage aussi à mieux faire connaître la crise que vit cette ressource et à forger un consensus quant à la manière de l’utiliser durablement.

Comment protéger les écosystèmes, partager les ressources, gérer les risques, évaluer le prix de l’eau, la gérer de façon plus judicieuse ? Ces priorités ont pris toute leur dimension avec la Déclaration du millénaire (New-York, 2000) et les conclusions du Sommet mondial sur le développement durable (SMDD) de Johannesburg (Afrique du Sud) en 2002. Dans les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) pour 2015, les Etats-membres de l’ONU s’engagent à réduire de moitié le nombre des ceux qui n’ont pas d’accès durable à une eau saine, accessible et en quantité suffisante. Un tremplin vers l’accès mondial à la sécurité de l’eau dans le monde en 2025, adopté par le Partenariat mondial de l’eau (créé en 1996), qui inclut cette fois l’irrigation, le traitement des eaux usées, les effluents industriels, la gestion des ressources en eau et l’environnement.

L’irrigation, une question de financement

Reste à évaluer les ressources financières nécessaires à la réalisation de ces OMD. Un comité d’experts, présidé par Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI, a présenté un rapport, «Financement de l’eau pour tous», lors du 3e Forum (Kyoto, 2003). «Il n’était pas dans notre mandat de philosopher sur ce drame mais d’explorer, semble-t-il pour la première fois, sa dimension financière», déclare Michel Camdessus. Un groupe de travail, chargé de la mise en œuvre de ce rapport, a ensuite été constitué en 2005, sous la direction de Angel Gurria, membre du Panel Camdessus, ancien ministre des Finances du Mexique et nommé entre temps secrétaire général de l’OCDE. Lors de trois rencontres à Hyderabad (Inde), Pretoria (Afrique du Sud), Alexandrie (Egypte), il a mis l’accent sur le «financement de l’eau pour l’agriculture», qui représente «entre 70 % et 80 % des ressources en eau douce» consommées sur la planète, précise M. Gurria. Un sujet que le Panel Camdessus n’avait pas abordé, posant plutôt un diagnostic – assez sévère – sur les conditions de gestion et de financement de l’eau potable et de l’assainissement urbain.

Afin de mettre en place une approche décentralisée, les organisateurs du Forum ont aussi instauré un processus préparatoire régional – Afrique, Amériques, Asie Pacifique, Europe et Moyen-Orient. Après avoir recensé leurs défis majeurs, ses différents acteurs (Institutions financières internationales, autorités gouvernementales, partenaire publics et privés, ONG) se sont penchés sur les moyens de renforcer les actions locales les plus pertinentes développées depuis Kyoto. Chaque groupe a recensé dans son rapport de synthèse les exemples les plus significatifs, ceux qui ont eu un impact concret sur l’amélioration de la gestion de l’eau, et qui sont susceptibles d’être reproduits dans d’autres contextes, locaux ou nationaux. Des études de cas qui pour certaines inspireront les conclusions et recommandations de la déclaration ministérielle finale, le 22 mars 2006, à Mexico.


par Antoinette  Delafin

Article publié le 10/03/2006 Dernière mise à jour le 10/03/2006 à 17:24 TU