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Football

L'Olympique de Marseille devant les juges

Robert Louis-Dreyfus. L'OM résisterait-il à une condamnation de son président-mécène? 

		(Photo : AFP)
Robert Louis-Dreyfus. L'OM résisterait-il à une condamnation de son président-mécène?
(Photo : AFP)
Après sept années de procédure et cinq ans d’instruction, l’enquête sur les malversations financières présumées de l’Olympique de Marseille va trouver son dénouement devant le tribunal correctionnel de la ville. En cause les pratiques suspectes du club en matière de transferts et l’opacité des circuits financiers. Quatorze prévenus comparaissent devant les juges dont l’actuel président, Robert Louis-Dreyfus.

L’homme qui avait sauvé l’Olympique de Marseille de la disparition en 1995 et qui a investi depuis la somme de 170 millions d’euros sur sa cassette personnelle se retrouve jusqu’au 31 mars au banc d’infamie. Robert Louis-Dreyfus est mis en examen pour « abus de biens sociaux » comme la plupart des treize autres prévenus. A ses côtés ses deux anciens présidents-délégués, Jean-Michel Roussier et Yves Marchand, Rolland Courbis, entraîneur de l’OM entre 1997 et 1999, Marcel Dib, ancien directeur sportif du club, Charles Camporo, directeur sportif de Bordeaux, accusé de faux et d’usage de faux, Denys Angeloglou1, avocat, six agents de joueurs et un intermédiaire. Selon l’enquête des deux juges en charge du dossier, les montants des transferts étaient systématiquement surévalués de 15 à 25% pour intégrer une prime versée au joueur par le club vendeur. But de l’opération : minorer le salaire du joueur et donc, pour l’OM, payer moins de charges sociales, pour le joueur, payer moins d’impôts.

Aucun joueur dans le prétoire

De nombreux joueurs impliqués dans l’affaire ont été entendus lors de l’instruction mais aucun n’a été mis en examen. Pourtant ils seront au cœur des débats. Quinze transferts ont fait l’objet d’une étude approfondie : ceux des internationaux français Laurent Blanc, lors de son passage en 1997 de Barcelone à l’OM, et de Christophe Dugarry arrivé la même année du même club, celui de l’international italien Fabrizio Ravanelli, ceux des internationaux ivoiriens Ibrahima Bagayoko et Cyrille Domoraud, ceux du Ghanéen Arthur Moses et du Guinéen Kaba Diawara et de quelques autres qui n’ont finalement jamais porté les couleurs du club. A chaque fois la justice soupçonne le versement de « commissions occultes » et de « malversations financières ». A chaque fois la signature du grand patron du club figure au bas des documents officiels. De là à imaginer que Robert Louis-Dreyfus aurait été l’inspirateur sinon le complice de telles pratiques, il y a un pas que beaucoup se refusent à franchir. Lui-même a dit et répété, lors de ses auditions par les juges d’instruction, qu’il n’avait jamais cautionné de telles pratiques, que, de toute façon, il ignorait. Le procès de l’OM risque fort de devenir celui du football français. Rolland Courbis, souvent montré du doigt et qui a déjà eu affaire à la justice, a laissé entendre que les montages financiers réalisés à l’occasion des transferts étaient ceux de la grande majorité des clubs français dans l’incapacité, fiscalement parlant, de rivaliser avec les grands clubs européens et, par là, d’acquérir les meilleurs sur le marché. L’ennui c’est qu’une nouvelle enquête est en cours dans d’autres clubs dont le grand rival parisien, PSG, et toujours l’OM pour la période 2002-2004. Le parquet de Marseille enquête en particulier sur les modalités du départ de l’Ivoirien Didier Drogba pour le club londonien de Chelsea.

L’OM résisterait-il à une condamnation de son président-mécène? Sur la Cannebière beaucoup s’interrogent à commencer par les hommes politiques qui savent que le club est le point de rencontre, le plus grand dénominateur commun de la ville la plus cosmopolite de France.



par Gérard  Dreyfus

Article publié le 13/03/2006 Dernière mise à jour le 21/02/2011 à 16:41 TU

(1) La 5ème Chambre des Appels Correctionnels de la Cour D’appel d’Aix-en-Provence (arrêt 5ème Ch n°2007/580) a prononcé publiquement, le 17 octobre 2007, la relaxe de Me Denys Angeloglou et le renvoi des fins des poursuites exercées contre ce dernier.