Francophonie au salon du livre de Paris
Edition française : reconquérir les pays francophones
(Photo: AFP)
Le livre français ne va pas mal, mais il va moins bien qu’avant. En tout cas dans le domaine de l’exportation. Ce n’est pas, pour le moment, un repli en valeur. Avec un montant de plus de 637 millions d’euros engrangés en 2004, l’évolution est toujours positive. Le problème se situe plutôt au niveau de la force de pénétration dans les zones francophones. Dans les pays riches comme la Belgique, la Suisse, le Canada, les plus gros marchés pour les livres français, les ventes stagnent. Mais c’est surtout au Sud que la dégradation est notable.
En Afrique subsaharienne, en tout premier lieu, où le Syndicat national de l’édition (SNE) note un recul important des exportations entre 2003 et 2004. Elles sont ainsi passées de 35 715 à 28 125 livres. Ce qui représente leur «plus faible niveau historique» en Afrique francophone. Au Maghreb, la situation est différente et globalement moins mauvaise. Chaque pays a ses spécificités (pouvoir d’achat, distribution, situation politique). En Algérie, les ventes de livres français ont chuté de 6,6% entre 2003 et 2004, alors qu’elles ont augmenté de 6,7% en Tunisie et de 22,8% au Maroc.
Plusieurs facteurs ont contribué à la dégradation de la situation des exportations en Afrique francophone. Tout d’abord, la tendance au repli des ventes hors du marché national ne touche pas que la France. Il s’agit d’un phénomène général. Jean-Guy Boin, le directeur du Bureau international de l’édition française (BIEF), explique que le «marché de l’édition est mature». Autrement dit il est stable, mais ne connaît plus de développement. Il peut donc être exposé à des reculs lorsque des contraintes spécifiques apparaissent dans une zone ou un secteur. C’est le cas en Afrique où «le problème de la solvabilité des Etats» contribue à rendre les exportations de plus en plus difficiles. Il y a, d’autre part, une grande différence de niveau de vie entre la France et les pays africains, où le pouvoir d’achat est faible. Ce qui fait du livre un produit cher pour les lecteurs du continent. Coûteux, le livre est aussi difficilement accessible à cause de la faiblesse des réseaux de distribution dans la plupart des Etats. Sans librairies et sans libraires, pas de lecteurs.
Le Français recule
Mais aussi, et peut-être surtout, le recul des exportations de livres français va de paire avec celui de la diffusion internationale de la langue de Molière (même si elle reste la deuxième langue étrangère étudiée derrière l’anglais avec environ 80 millions d’apprenants). La preuve, le niveau des ventes dans les zones non francophones, hors Union européenne (où la France réalise 45% de ses exportations de livres), se réduit à peau de chagrin, avec une chute de 36% entre 2002 et 2004. Un phénomène que les professionnels de l’édition relient directement avec la perte progressive d’influence de la langue française. Ce qui ne signifie pas forcément et directement que la culture française intéresse moins. Si le bilan des exportations est décevant, celui des cessions de droits est, en effet, plutôt positif. En 2003 comme en 2004, au moins 6 000 contrats ont été signés pour permettre la traduction d’ouvrages français. Un chiffre globalement très satisfaisant qui montre que la production française suscite toujours de la curiosité.
Un bémol tout de même, et pas des moindres, les traductions en anglais sont en baisse de plus de 20%. La culture française perd donc du terrain dans les pays anglo-saxons, alors même que la prédominance des traductions d’ouvrages en anglais en France montre que l’inverse n’est pas vrai (sur environ 1400 titres traduits en 2004, plus de 980 étaient en anglais). Jean-Guy Boin explique que concernant les Etats-Unis, la suppression par le président George W. Bush d’une partie des crédits alloués aux éditions des presses universitaires américaines, même si elle n’explique pas tout, a fait beaucoup de mal. Car ce sont elles qui publiaient les traductions d’un grand nombre d’ouvrages français de sciences humaines.
Aider les Africains à se «professionnaliser»
La relation entre le rayonnement de la langue française et la diffusion internationale des ouvrages français fonctionne comme des vases communicants. L’un renforce l’autre. Le livre est un élément de la diffusion de la culture. C’est même le plus important puisque l’édition est considérée comme la première industrie culturelle. Il est donc indispensable, aussi bien économiquement (pour les professionnels) que politiquement (pour le gouvernement), de promouvoir la commercialisation du livre. Dans cette optique, les pays francophones du Sud représentent une zone prioritaire dans laquelle les dernières statistiques montrent qu’il est nécessaire d’entreprendre la reconquête du terrain perdu, puis de relancer le marché.
Pour y parvenir, il faut à la fois renforcer l’apprentissage du français, évaluer les possibilités de réduire les tarifs des ouvrages pour tenir compte du pouvoir d’achat des populations, mais aussi aider les Africains à se «professionnaliser». Jean-Guy Boin explique que leur principale attente est, en effet, d’obtenir «une aide à la qualification». Des séminaires sont déjà organisés par le BIEF en Afrique subsaharienne et à Madagascar pour former des libraires et leur permettre d’avoir, notamment, une meilleure connaissance des fonds éditoriaux. Ce type d’actions doit être renforcé. A l’occasion du salon du livre à Paris, le BIEF va aussi réunir les éditeurs francophones du Sud pour qu’ils parlent des contraintes spécifiques du marché du livre dans leur pays et de leurs attentes en terme de coopération. Car comme Jean-Guy Boin l’explique : «On ne peut pas dire que toute l’édition francophone est identique, ça n’est pas vrai. Il faut prendre en charge les problèmes à leur vrai niveau».
par Valérie Gas
Article publié le 14/03/2006 Dernière mise à jour le 14/03/2006 à 17:10 TU
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Du 17 au 22 mars 2006, le salon du livre de Paris met la francophonie à l'honneur.
Le festival francophone en France se tient en 2006 et le site propose notamment la liste des multiples manifestations oragnisées dans ce cadre.