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Festival francophone en France

Francofffonies: mode d'emploi

Logo des «francofffonies!».DR
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Francofffonies ! Tel est le sigle adopté par l’Association française d’action artistique (AFAA) pour le festival qui se déroulera de mars à octobre 2006 dans l’ensemble de l’Hexagone. Ses ambitions : mettre en valeur les réalités francophones, leur originalité comme leur diversité et faire découvrir au public français la richesse et la vitalité de ses cultures.

C’est au Sommet de Beyrouth, en 2002, « dans un monde inquiet et déchiré par les effets ravageurs de la haine et du terrorisme, de l’incompréhension et du repli sur soi », que le Président Jacques Chirac a promis d’accueillir un jour en France un festival sur les cultures francophones, rappelait le 18 janvier 2006 Abdou Diouf, ancien chef de l’Etat sénégalais et Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), lors du lancement du festival francofffonies ! Loin d’être un événement comme les autres, cette saison culturelle a pour but de faire découvrir aux Français les différentes facettes des mondes francophones, en mesurer « la profonde unité » autant que « l’éclatante diversité ». « Avec trois « f » comme fortissimo, c’est aussi une exclamation intense, profonde et puissante, un message, une voix forte dans le concert des cultures du monde », renchérissait Renaud Donnedieu de Vabres, ministre français de la Culture et de la Communication, hôte de la cérémonie.

Plus qu’une série de spectacles – musique, théâtre ou danse –, de manifestations littéraires, d’expositions, le festival va rassembler plus de 2 000 artistes, créateurs, intellectuels et scientifiques venus de 63 Etats et gouvernements, dont le point commun est d’avoir le français en partage. Cette grande manifestation croisera en plusieurs points l’hommage rendu cette année à l’un des pairs de la Francophonie, Léopold Sédar Senghor, à l’occasion du 100e anniversaire de sa naissance.

Une géopolitique originale

« Pour nombre de mes compatriotes, a insisté le président français, cette manifestation sera, je n’en doute pas, une révélation et une source de fierté et de confiance (…). C’est toute l’actualité du message francophone qui s’exprime ». Quelques clés, en tout cas, qui contribueront peut-être à apaiser les débats qui agitent la société française : de la réalité de son héritage colonial au sort qu’elle réserve à ses enfants des banlieues. Le mot francophonie n’a pas toujours eu bonne presse, en France, assimilé souvent aux institutions post-coloniales qui en furent certes à l’origine. Langue de contact et de communication, avant d’être langue dominante, le français a d’abord voyagé d’un pays d’Europe à un autre avant de voguer vers d’autres continents. Orient, Afrique, Caraïbes... Aujourd’hui, sur la toile, aux quatre coins de la planète, émancipée, la langue vit sa vie, métissée, créolisée, avec son rythme et ses mouvements, ses innombrables respirations ; appropriée par ceux-là même à qui elle avait voulu s’imposer.

La francophonie a « pris son essor après la décolonisation à partir de la culture », pour devenir « une géopolitique originale fondée sur les solidarités historiques et culturelles (...), un modèle possible pour une autre mondialisation, plaide Monique Veaute, la commissaire générale de francofffonies ! Le français appartient à tous ceux qui le parlent, poursuit-elle, à ceux qui en ont hérité comme à ceux qui l’ont choisi et qui l’enrichissent de leurs apports continuels. L’objectif du festival est de prendre au mot les paroles de liberté, d’égalité, de diversité qui s’expriment sur les cinq continents en langue française ». Abdou Diouf l’a pointé, lui aussi, affirmant malicieusement que le festival allait « bousculer quelques idées reçues et un peu ringardes ».

« La France est un moteur majeur de l’ambition francophone »

Aujourd’hui, le projet francophone cherche en effet à mettre en avant un dialogue constructif entre ses identités diverses, dans le respect de chacune d’elles. « Avec l’adoption en 2005 de la Convention de l’Unesco sur la diversité culturelle, la Francophonie a remporté une belle et grande victoire, a rappelé à cet égard le président français. Pionnière dans ce domaine, elle a su mobiliser la communauté internationale pour la mise en place d’un nouveau droit garantissant la diversité des expressions culturelles. » Et d’annoncer que son gouvernement va promulguer la loi de ratification – si possible avant la Journée de la francophonie le 20 mars 2006.

« La France est un moteur majeur de l’ambition francophone », a encore ajouté Abdou Diouf, affirmant que ses actions font l’objet d’immenses attentes, en particulier chez les Francophones du Sud, « les artistes et les créateurs de notre espace inquiets des si lourdes menaces qui pèsent sur le développement de leurs capacités d’expression ». La Francophonie aura par ailleurs une année 2006 chargée. Elle prépare son prochain sommet à Bucarest, en septembre, sur le thème de l’éducation. Celle de la jeunesse est « un défi majeur que notre famille doit relever, a conclu M. Chirac. De notre capacité collective à répondre à ses aspirations et à ses besoins, dépend pour l’essentiel l’avenir de notre langue».


par Antoinette  Delafin

Article publié le 14/03/2006 Dernière mise à jour le 14/03/2006 à 18:45 TU


Cet article a été publié initialement par MFI, l'agence de presse de RFI (plus d'informations)

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(Photo: AFP)