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Forum mondial de l'eau

La révolution de l’eau passe par les femmes

Plus que leurs partenaires masculins, les femmes et les filles sont exposées aux conséquences du manque d’installations sanitaires.(Photo : Laurent Correau / RFI)
Plus que leurs partenaires masculins, les femmes et les filles sont exposées aux conséquences du manque d’installations sanitaires.
(Photo : Laurent Correau / RFI)

Dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, hommes et femmes n’ont ni les mêmes attentes ni la même implication. La prise en compte de cette différence de «genre» est un atout de bonne gestion. Prendre en compte les expériences des hommes mais aussi celles des femmes laisse espérer que les actions engagées profitent à tous et que les inégalités ne soient pas perpétuées.


Pour ce qui est des ressources en eau et de l’assainissement, force est de reconnaître que les femmes et les filles sont plus que leurs partenaires masculins exposées aux conséquences du manque d’équipement car elles n’ont pas le même usage de l’eau. La même source sera utilisée par les hommes pour l’irrigation et l’agriculture quand les femmes s’en serviront aussi pour la cuisine et la lessive. Hommes et femmes ont donc souvent une vision différente de la gestion de cette ressource vitale mais parfois rare ou d’accès difficile. Des conflits peuvent même surgir, concernant le choix de l’emplacement d’un point d’eau et ses droits d’exploitation. Faute de soutien, le groupe le moins influent est toujours perdant. Et au niveau d’un village, il s’agit le plus souvent des femmes et des filles.

La pénurie d’eau a pour principale conséquence d’épuiser les femmes en portage. C’est en effet presque toujours à elles d’aller chercher l’eau, de préparer, de cuire et de stocker la nourriture, de nettoyer le domicile et les vêtements, de laver les enfants, de débarrasser les déchets ménagers et les selles des jeunes enfants. Se procurer de l’eau finit par devenir un combat quotidien presque impossible à gagner. Cette tâche occupe jusqu’au quart du temps des femmes de nombreuses zones rurales. Dans les régions arides d’Asie ou d’Afrique, les femmes ont parfois plusieurs kilomètres à parcourir pour ramener des jarres d’eau pesant jusqu’à 20 kilos ! Les fillettes, dès qu’elles peuvent porter des charges, sont aussi mises à contribution, manquant ainsi souvent l’école. Cette eau si difficile à se procurer est pourtant fréquemment de mauvaise qualité. Et en cas de contamination, ce sont encore les femmes et les fillettes qui devront soigner enfants, frères et sœurs.

Manquer l’école faute de toilettes

Le manque d’accès à l’eau est rarement associé aux atteintes à la dignité des femmes qu’il occasionne. Pourtant, dans les quartiers pauvres des villes, faute d’installations sanitaires privées, femmes et filles doivent se lever chaque jour avant tout le monde pour se rendre aux toilettes publiques, avant que celles-ci ne soient trop fréquentées. A défaut de telles installations collectives, les femmes doivent se risquer sur un terrain vague ou un endroit peu fréquenté. A la campagne, elles attendent la nuit pour aller faire leurs besoins à l’écart. C’est un trajet qu’elles redoutent souvent. Se rendre seules dans un endroit isolé, selon un itinéraire connu de tous et à une heure prévisible, est source de peur, voire parfois de harcèlement masculin et même d’agressions sexuelles.

Dans beaucoup de pays en développement, l’absence de toilettes est aussi une des raisons qui fait quitter prématurément l’école aux petites filles. Si la pudeur, la gêne ou la crainte ne se mesurent pas en terme de statistiques, elles constituent néanmoins un facteur important d’abandon, phénomène qui s’accentue dès l’âge des premières règles. Pourtant, que chacun ait accès à une eau propre et à un assainissement correct constitue un objectif réalisable, affirme A l’écoute, la revue du Conseil de concertation pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement. Beaucoup repose d’ailleurs sur la confiance qui est faite aux populations locales, la capacité laissée à chacun d’exprimer ses souhaits et ses compétences. A l’échelle des villages, quand un projet est mené avec la population, hommes et femmes s’impliquent également mais différemment, les hommes s’occupant de la réalisation des infrastructures et les femmes de l’entretien des ouvrages.

L’Alliance genre et eau, qui regroupe plus de 130 organismes dans le monde, veille à ce que la dimension hommes-femmes soit toujours abordée lors des débats. Pour cette organisation, si les mentalités et la répartition des rôles entre hommes et femmes n’évoluent guère, c’est largement faute d’actions de formation et de sensibilisation à l’intention des communautés concernées. L’Alliance estime insuffisante la présence d’au moins deux femmes qui est en général exigée dans les comités villageois chargés de la gestion des ressources en eau.

Le développement des capacités des femmes en matière de gestion constitue en effet la meilleure voie vers leur plus grande implication dans la vie sociale. Cela paraît aujourd’hui être une priorité. Toujours très peu consultées lorsqu’il est question de mettre en œuvre des ouvrages hydrauliques, les femmes sont pourtant reconnues comme les principales responsables de la gestion quotidienne de chacun des problèmes posés par les difficultés d’accès à l’eau.


par Claire  Viognier

Article publié le 15/03/2006 Dernière mise à jour le 15/03/2006 à 16:35 TU

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