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Sénégal

Bruits de bottes en Casamance

La région frontalière de la Guinée-Bissau avait connu une réelle accalmie depuis trois ans.(Carte : DR)
La région frontalière de la Guinée-Bissau avait connu une réelle accalmie depuis trois ans.
(Carte : DR)
Mercredi à la mi-journée, aucune source officielle sénégalaise ou bissau-guinéenne n’avait accrédité les accusations lancées par les partisans de Salif Sadio, le patron d’Atika, la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), qui dénonce une «attaque contre [ses] positions» à la frontière bissau-guinéenne. Ces accusations interviennent peu après une nouvelle partie de chaises musicales à la tête du MFDC, avec la nomination de Jean-Marie François Biagui, comme secrétaire général en remplacement d’Ansoumana Badji. Alors que du côté de la branche militaire du MFDC se négocie un commandement unique, ces nouvelles turbulences témoignent des divisions qui fracturent le mouvement et troublent la paix promise à la Casamance.

Secouée par un conflit indépendantiste depuis 1982, la région frontalière de la Guinée-Bissau avait connu une réelle accalmie depuis trois ans et l’accord de paix signé le 30 décembre 2004 entre Dakar et ses indépendantistes. Reste une virulente discorde entre Casamançais. Celle-ci oppose plusieurs anciens chefs de guerre indépendantistes, avec, d’un côté, Ismaïla Magne Diémé, implanté à Diakaye (ex-front Nord) dans la région casamançaise frontalière de la Gambie, et César Atoute Badiate, ancré à Cassalol (ex-front Sud), à la frontière, côté Guinée-Bissau, et, dans le camp adverse, leur ancien chef d’état-major, Salif Sadio.

Salif Sadio n’est plus en odeur de sainteté en Guinée-Bissau

Les partisans de Salif Sadio assurent que son quartier général bissau-guinéen de Baraca Mandioca serait encerclé depuis le 11 mars. De fait, Salif Sadio n’est pas en odeur de sainteté dans l’armée bissau-guinéenne en raison du soutien qu’Atika avait apporté à la fin des années quatre-vingt-dix au défunt général putschiste bissau-guinéen Ansoumane Mané. A l’époque, l’armée sénégalaise n’était pas parvenue à restaurer le président Nino Vieira, renversé en 1999 et revenu au pouvoir en 2005. Côté casamançais, les trois chefs de guerre du MFDC sont en concurrence pour le commandement militaire unique qui doit être instauré en vue de nouvelles négociations avec Dakar, avec à la clef un éventuel partage des dividendes de la paix négociée par le chef historique, l’abbé Diamacoune Senghor.

«Nous avons prévu de faire des manœuvres militaires le long de la frontière commune avec le Sénégal pour tester la capacité d'intervention de nos forces sur le terrain. Mais nous ne visons personne», répond le chef d'état-major de la Marine bissau-guinéenne, le capitaine de frégate José Américo Na Tchuto, interrogé par l’Agence France Presse (AFP). L’AFP rapporte également les propos d’un gradé anonyme selon lequel des soldats bissau-guinéens auraient été déployés en particulier à Baraca Mandioca, le fief de Sadio, ce qui n’est sans doute pas indifférent à ses frères ennemis, Diémé et Badiaté. Officiellement, ces opérations dites de routine «doivent se poursuivre dans le nord» du pays, c’est-à-dire aux portes de la Casamance, jusqu'au 25 mars.

«Ils nous attaquent à l'artillerie lourde. Depuis mardi, nos positions sont constamment pilonnées», déclarait mercredi matin un témoin cité par l’AFP qui se réclame du MFDC. Pour sa part, le correspondant de RFI sur place, Christophe Champin a recueilli dans la principale ville de Casamance, Ziguinchor, des témoignages faisant état de tirs entendus jusque dans les faubourgs. Et cela, depuis la nuit de mardi à mercredi.


par Monique  Mas

Article publié le 16/03/2006 Dernière mise à jour le 16/03/2006 à 16:55 TU