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Commerce maritime

Le Havre veut sa part de mondialisation

Avec une digue de six kilomètres, Port 2000 pourra accueillir douze porte-conteneurs transocéaniques longs de plus de 300 m.(Photo : AFP)
Avec une digue de six kilomètres, Port 2000 pourra accueillir douze porte-conteneurs transocéaniques longs de plus de 300 m.
(Photo : AFP)
Certains le désignent déjà comme étant « la capitale française du conteneur » : Port 2000 -tel est son nom de baptême- n’est autre que l’extension du Port autonome du Havre (Seine-Maritime). Sa mise en service devrait intervenir en avril ; inauguré aujourd’hui, en présence du ministre des Transports, Dominique Perben, le nouveau port du Havre, qui a modernisé ses infrastructures et augmenté ses capacités d’accueil des conteneurs, devrait reprendre une place prépondérante face à ses rivaux européens. Port 2000 devrait, en outre, générer la création de nouveaux emplois et favoriser un essor économique pour la région.

L'essor de la mondialisation provoque l'explosion du trafic maritime et la circulation des conteneurs s'intensifie. Une acitivité dont le port du Havre, dans l'Ouest de la France, entend profiter. Le projet aura mis onze ans à sortir émerger des cartons. Après cinq ans et demi de travaux, le plus grand chantier maritime européen de ces trente dernières années, qui aura coûté plus d’un milliard d’euros, achève sa première phase de réalisation. Aujourd’hui, gigantesque et rutilant, le Tosca, un conteneur qui appartient à la 3ème compagnie mondiale de transport maritime (CMA-CGM), ouvre le bal en faisant une escale à Port 2000 pour l’inauguration du nouveau port du Havre. Un quai unique, protégé par une digue de six kilomètres, pourra désormais accueillir simultanément, quand il sera terminé (2010-2015), douze porte-conteneurs transocéaniques des plus grands armateurs mondiaux, longs de plus de 300 m.

Alors qu’il est bien situé sur l’estuaire de la Seine, le Havre manquait de compétitivité face à ses concurrents du nord de l’Europe. « Port européen le plus proche de l’Atlantique, le Havre -souligne Jean-Pierre Lecomte, président du port- se place comme première escale en Europe du Nord pour l'import, essentiellement en provenance d’Asie, et dernière escale pour l'export, vers les deux Amériques. D’autre part, tous les grands ports du Range (Hambourg, Anvers, Brême et Rotterdam) sont saturés, ce qui nous laisse une marge de progression significative ». En dépit de cette situation stratégique, l’activité du port était en chute libre alors que les rotations de navires toujours plus grands sont de plus en plus rapides. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2004, alors que, respectivement, Rotterdam et Anvers traitaient chacun 8,2 millions et 6 millions d’EVP*, Le Havre n’en traitait que 2 millions (loin derrière l’Asie : Hongkong et Singapour traitent, chacun, chacun 21 millions).

Or, « sans croissance, nous disparaissons », a estimé Jean-Marc Lacave, directeur du port autonome du Havre. Vétusté des outillages, manque d’équipements pour décharger les navires, organisation du travail inadaptée aux besoins et rentabilité insuffisante, tout a été reconsidéré. Avant d’investir dans Port 2000, les armateurs se sont assurés de la disponibilité des salariés, dockers et grutiers, qui déchargent les navires. Après de longs mois de négociation, un accord a finalement été trouvé avec les syndicats. Pour Patrick Deshayes, secrétaire général de la CGT Port du Havre « il reste encore des problèmes à régler notamment en termes de salaire ». La vitesse de déchargement dépendant aussi du nombre de portiques mis à disposition, six ont été installés pour augmenter la rentabilité. En triplant la capacité du port autonome, le nouveau fleuron du Havre devrait devenir un pôle majeur du trafic conteneurisé en Europe.

Une promesse d’effets positifs sur l’économie locale

Construire Port 2000 a nécessité des travaux titanesques tels que le déminage sur la zone des bombes de la Seconde Guerre mondiale, le creusement du chenal en draguant plus de 46 millions de m3 de matériaux, la construction de digues, et l'aménagement de terre-pleins. Mais, en relevant ce défi, souligne Jan Vandenbroeck, directeur de SDI (société de dragage international), ce chantier a permis de réaliser des progrès technologiques, si « les premières  semaines ont été terribles : nous travaillions en eaux très peu profondes avec de petits engins pour nous créer des chenaux d’accès (…). Par la quantité de dragages, par les délais, mais aussi par le site, soumis aux tempêtes, à la houle, aux courants … nous avons beaucoup appris, notamment au plan de la réutilisation des matériaux dragués ».

« Il ne restera plus qu’à offrir à cet outil exceptionnel des infrastructures routières et ferroviaires permettant de conquérir tous les marchés de l’Ouest européen », fait remarquer Jean-Marc Lacave, mais demain, Port 2000 -qui vivra sous haute surveillance de la police du port autonome soumise à la stricte application des standards internationaux en matière de sûreté imposés par les Etats-Unis, le code ISPS (international ship and port facility security code)- promet de favoriser un essor économique important pour la région. Quelque 2 500 nouveaux emplois sont déjà une réalité sur les 6 000 qui ont été prévus.


par Dominique  Raizon

Article publié le 30/03/2006 Dernière mise à jour le 30/03/2006 à 17:30 TU

*EVP= équivalent vingt pieds, unité de mesure de conteneur, soit : 6,058 mètres de long

Les liens

WEB

Le Havre - Port 2000
Le Moniteur du 24 mars consacre un reportage complet sur le chantier de Port 2000