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Afrique du Sud - France

«Grande convergence de vues»

La ministre française de la Coopération entretient de bonnes relations avec la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Nkosazana Dlamini-Zuma.(Photo : AFP)
La ministre française de la Coopération entretient de bonnes relations avec la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Nkosazana Dlamini-Zuma.
(Photo : AFP)
Tout va pour le mieux entre la France et l’Afrique du Sud, estime la ministre française chargée de la Coopération au développement Brigitte Girardin, qui a rencontré le président sud-africain Thabo Mbeki, mardi à Pretoria. Selon elle, «il y a une grande convergence de vues sur les grands dossiers internationaux». Le plus sensible, celui de la Côte d’Ivoire, a été au centre de sa visite de deux jours en Afrique du Sud.

De notre correspondante en Afrique du Sud

 «Il y a pu y avoir des malentendus dans le passé, mais je crois que tout le monde comprend bien aujourd’hui que la France ne défend pas des intérêts économiques en Côte d’Ivoire», a expliqué Brigitte Girardin, au cours d’une conférence de presse, en précisant que la France n’avait aucun intérêt dans le pétrole, le café ou le cacao ivoiriens : «Si nous nous intéressons à la Côte d’Ivoire, c’est parce que nous avons des liens historiques et affectifs, mais c’est aussi parce que nous sommes convaincus que si la Côte d’Ivoire est déstabilisée, c’est l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, voire le continent, qui est déstabilisé. Les Sud-Africains partagent notre analyse sur le fait que ce pays représente un enjeu stratégique considérable».

Diplomatie au féminin

Les relations entre les deux pays sur le dossier ivoirien ont jusqu’à présent été marquées par un climat de méfiance. Pour la France, Pretoria est trop favorable au président Laurent Gbagbo, tandis que l’Afrique du Sud soupçonne Paris d’avoir des visées néo-colonialistes. Il y a un an, le président Jacques Chirac avait été jusqu'à dire publiquement que les Sud-Africains ne comprenaient pas «l'âme et la psychologie» des Ouest-Africains, une remarque qui avait été très mal prise à Pretoria. Mais à en croire la ministre, les deux pays ont maintenant «une convergence de vue totale : nous sommes mobilisés sur l’exigence d’élections libres et démocratiques, qui soient incontestables. Nous sommes tous d’accord au sein du groupe de travail international (GTI, ndlr) pour que le désarmement et le processus d’identification, pour la confection des listes électorales, aient lieu en même temps. Si on veut restaurer un climat de confiance, l’identification doit commencer au plus vite et le désarmement se fera naturellement. Lors de la prochaine réunion du GTI, le 21 avril, nous aurons une meilleure idée de la situation. Nous verrons s’il existe encore d’énormes obstacles ou si la mise en œuvre de la feuille de route peut commencer réellement, afin que les élections aient lieu en octobre».

Sur une note plus personnelle, la ministre française a confié qu’elle avait noué «un contact personnel assez fort» avec la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Nkosazana Dlamini-Zuma, avec laquelle elle s’est entretenue lundi à Pretoria : «Nous nous voyons chaque mois à Abidjan, au GTI, et c’est quelqu’un que  j’apprécie beaucoup. La Guinée et le Niger sont aussi représentés par des femmes et nous sommes donc une force importante au sein du GTI : les femmes sont souvent très pragmatiques et font avancer les choses rapidement», estime Brigitte Girardin.

Pas pressée de renvoyer Aristide

Lors de ses entretiens, la ministre française a aussi évoqué la situation en République démocratique du Congo (RDC). Selon elle, l’Afrique du Sud ne s’oppose pas à l’envoi d’une force européenne pour assurer la sécurité des élections. «La France souhaite qu’il y ait au moins un scrutin avant le 30 juin pour ne pas décevoir la population. J’ai eu le sentiment que l’Afrique du Sud était sur cette ligne. Il peut y avoir un retard technique mais il serait dramatique que les choses tardent encore», a-t-elle déclaré.

Les entretiens ont aussi porté sur Haïti. L’Afrique du sud accueille Jean-Bertrand Aristide depuis son renversement et a fait savoir qu’elle n’était pas «pressée de le renvoyer». Paris craint qu’un retour de l’ex président dans son pays ne déstabilise la situation. «Nos entretiens ont aussi porté sur le Moyen-Orient où l’Afrique du Sud peut jouer un rôle clé. Le président (de l’Autorité palestinienne, Mahmoud) Abbas était ici il y a quelques jours. Les autorités sud-africaines ont des contacts privilégiés avec les différents interlocuteurs», a indiqué la ministre française.

Au cours de sa visite, la ministre a également signé un accord de coopération bilatérale, doté de plus de 350 millions d’euros sur cinq ans, essentiellement dans le domaine des infrastructures, de la production et de l’environnement.


par Valérie  Hirsch

Article publié le 05/04/2006 Dernière mise à jour le 05/04/2006 à 13:11 TU