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CPE : les parlementaires à l’écoute

François Chérèque quitte le Sénat le 5 avril 2006, après avoir rencontré les parlementaires de l'UMP.(Photo : AFP)
François Chérèque quitte le Sénat le 5 avril 2006, après avoir rencontré les parlementaires de l'UMP.
(Photo : AFP)
Les syndicats de salariés et les organisations étudiantes et lycéennes ont accepté l’invitation des parlementaires de l’UMP, le parti majoritaire, à venir discuter du contrat première embauche (CPE) et de l’emploi des jeunes. Ils se rendront donc chacun séparément aux rendez-vous fixés en terrain neutre, des locaux du Sénat, pour rencontrer les présidents des groupes de cette formation à l’Assemblée nationale et au Sénat, Bernard Accoyer et Josselin de Rohan. Mais aussi le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, le ministre délégué à l’Emploi, Gérard Larcher et les rapporteurs de la loi sur l’égalité des chances dans les deux chambres, Laurent Hénard et Alain Gournac. Les parlementaires attendent de ces rencontres qu’elles engagent une véritable négociation. Les opposants au CPE veulent avant tout que ce contrat disparaisse, très vite.

Bernard Accoyer avait dit qu’il n’y avait pas de date butoir pour préparer le nouveau projet de loi sur le contrat première embauche. Il n’envisageait d’ailleurs pas de le déposer avant le mois de mai. L’intersyndicale anti-CPE n’est pas du même avis. Les douze organisations représentatives des salariés, des étudiants et des lycéens qui en font partie, ont annoncé à l’issue de leur réunion, dans la matinée du mercredi 5 avril, qu’elles voulaient qu’une loi abrogeant le CPE soit votée d’ici le 17 avril. Avant même que la CFDT ne se rende au premier rendez-vous avec les parlementaires pour parler sortie de crise, les opposants au CPE ont donc fixé un calendrier et des objectifs précis.

Après une journée de mobilisation réussie -les manifestations du 4 avril ont rassemblé, une deuxième fois en une semaine, entre 1 et 3 millions de personnes-, le camp des anti-CPE est plus déterminé que jamais à faire valoir l’avantage que lui a donné la rue. Et surtout, les membres de l’intersyndicale ne veulent pas se laisser entraîner dans un cycle de négociations au long cours qui pourrait leur faire perdre leurs atouts. Maryse Dumas de la CGT a ainsi marqué la méfiance des opposants au CPE : «Nous ne sommes pas dupes de la manœuvre dans laquelle le président de la République et le gouvernement ont essayé de nous enfermer».

Maintenir la pression

Dans un texte commun, les douze de l’intersyndicale se déclarent prêts «faute d’une décision rapide de retrait du CPE, à décider d’un nouveau temps fort de mobilisation, sans exclure aucun moyen d’action». Une manière de continuer à mettre la pression pour obtenir ce qu’ils demandent. Les étudiants et les lycéens ont, pour leur part, décidé d’organiser une nouvelle journée d’action le 11 avril. Et dans l’intervalle, ils poursuivent leur stratégie de blocage des voies de circulation ou des centres économiques. Ce mercredi 5 avril, le Marché d’intérêt national de Nantes a été bloqué plusieurs heures. Deux centres de tri postal de Toulouse ont subi le même sort. Et Bruno Julliard, le président du syndicat étudiant Unef, a appelé les jeunes «à intensifier la mobilisation» dans les jours qui viennent.

La mission des parlementaires UMP n’est donc pas simple. En tout cas s’ils entendent s’en tenir à la feuille de route définie par le chef de l’Etat lors de son allocution télévisée, c’est-à-dire discuter pour améliorer les deux points litigieux du contrat première embauche. A savoir la durée de la période d’essai qui serait ramenée à un an au lieu de deux et les conditions de la rupture du contrat (le salarié pourrait demander à connaître les raisons d’un éventuel licenciement). Josselin de Rohan, le président du groupe UMP au Sénat, a fait mine d’aller dans ce sens en déclarant que les parlementaires allaient «d’abord voir si le texte pouvait être amélioré». Même si cette formule suggère que le retrait n’est pas la première option, elle ménage néanmoins la possibilité d’une évolution. Lors du conseil des ministres du 5 avril, Jacques Chirac a, quant à lui, manifesté son attente et son désir de voir les interlocuteurs réussir à surmonter la crise. Il a demandé que «chacun» prenne «sa part de responsabilité pour que les discussions soient constructives».

«On a eu une écoute»

Pour le moment, l’objectif des parlementaires semble donc être d’engager le dialogue et surtout de ne braquer personne de manière à pouvoir le poursuivre. François Chérèque qui était le premier syndicaliste à être entendu a déclaré : «On a eu une écoute, mais ils nous ont dit qu’ils nous répondraient après avoir reçu tout le monde». Donc pas dans l’immédiat, puisque les rendez-vous s’étalent sur toute la semaine. A défaut d’obtenir une réponse, le secrétaire général de la CFDT a, au moins, eu l’occasion d’exprimer pour la première fois «les raisons de fond pour lesquelles la CFDT est contre le CPE». Une impression confirmée par Bernard Thibault, son homologue de la CGT qui lui a succédé et a conclu de son rendez-vous avec les parlementaires : «On a dit ce qu’on avait à dire sur le CPE». Mais aussi : «On nous a plutôt écoutés et la partie en face ne s’est pas trop exprimée». Et cela représente tout de même un changement par rapport à l’entrevue que les syndicalistes avaient eu, le 24 mars, avec le Premier ministre Dominique de Villepin.


par Valérie  Gas

Article publié le 05/04/2006 Dernière mise à jour le 05/04/2006 à 18:22 TU

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