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CPE : on vote, et on oublie

La proposition de loi sur « l'accès des jeunes à la vie active en entreprise » qui remplace le CPE a été votée ce mercredi à l'Assemblée nationale.(Photo : AFP)
La proposition de loi sur « l'accès des jeunes à la vie active en entreprise » qui remplace le CPE a été votée ce mercredi à l'Assemblée nationale.
(Photo : AFP)
Les députés ont voté la proposition de loi UMP qui remplace le contrat première embauche (CPE) par un dispositif en faveur de «l’accès des jeunes à la vie active en entreprise». Le texte doit être examiné et voté très vite, dès jeudi 13 avril, par le Sénat. Après quoi, le CPE sera mort et enterré. Il aura fallu trois mois de manifestations et de grèves contre ce contrat pour aboutir à sa disparition et faire retomber la tension entre le gouvernement et les opposants, notamment les jeunes. Dans les lycées et les universités, la situation est en passe de redevenir normale. Mais il y a urgence, car les examens approchent.

Le CPE est mort, vive les études ! Pour les jeunes, lycéens et étudiants, le vote de la loi qui remplace le contrat première embauche signifie que le temps du retour dans les classes et les amphithéâtres est venu. Après douze semaines d’une mobilisation très importante, le mouvement de protestation des jeunes est en passe de s’achever. Bien sûr, il reste encore des bastions d’irréductibles mais leur nombre se réduit petit à petit. Le dernier bilan du ministère de l’Education nationale faisait état, le 12 avril, de 17 universités encore perturbées sur les 62 qui ne sont pas en vacances, soit dix de moins que la veille. Et sur les 4 établissements qui demeuraient totalement bloqués, deux ont voté l’arrêt du mouvement (Grenoble II et III) et vont rouvrir leurs portes. Dans les lycées, la tendance est identique. Le ministre de l’Education nationale, Gilles de Robien, a affirmé, mardi, que «les choses rentrent dans la norme à peu près partout». La journée de manifestation organisée le 12 avril par les jeunes a d’ailleurs montré que la mobilisation était sur la phase descendante. A Paris, ils n’étaient plus que 2 300, selon la police, à défiler. Et parmi les manifestants, les lycéens et les étudiants semblaient très minoritaires.

Il est vrai que les jeunes n’ont plus à craindre un retour en arrière concernant le CPE. La proposition de loi préparée par les députés UMP à la suite des discussions avec les syndicats de salariés, étudiants et lycéens, pour remplacer le texte qui instaurait le contrat a été adoptée par 151 voix contre 93 à l’Assemblée nationale, mercredi 12 avril. Il ne reste plus qu’à procéder au même vote (a priori jeudi 13 avril) dans la deuxième chambre, le Sénat, et c’en sera définitivement fini du CPE. Il pourra être rangé dans le tiroir des tentatives avortées juste avant les vacances parlementaires (17 avril), comme l’avait exigé les organisations membres de l’intersyndicale.

Eviter que la crise du CPE ne produise une année de sous-diplômés

La séance d’examen de la proposition de loi destinée à remplacer l’article 8 de la loi sur l’égalité des chances, à l’Assemblée nationale, a été rapide mais plus mouvementée que prévue. Si tout le monde semblait d’accord pour en finir le plus vite possible, un député socialiste, Didier Migaud, a néanmoins contesté la validité du financement des mesures proposées pour remplacer le CPE et a demandé une réunion de la commission des Finances de l’Assemblée pour vérifier la recevabilité du texte. Cette initiative était d’autant plus surprenante que le Parti socialiste avait assuré qu’il n’avait pas l’intention de faire durer les débats. Ce sont donc des dissensions entre courants du parti qui ont été à l’origine de ce couac. Cela n’a néanmoins pas empêché un vote rapide de la proposition de loi que les représentants des partis communiste et socialiste n’ont pas soutenu, notamment car elle ne visait pas à abroger clairement le CPE, présentait un dispositif de remplacement jugé peu convaincant et ne mentionnait pas, comme l’avait proposé le PS, l’obligation de négocier avec les partenaires sociaux avant toute modification du code du travail.

La page est donc tournée. Reste maintenant à envisager l’avenir. Et dans l’immédiat, il s’agit pour les lycéens et les étudiants de rattraper le temps perdu. Yannick Vallée, premier responsable de la conférence des présidents d’université, estime que la situation est encore «gérable à peu près partout». Mais il faut que le mouvement cesse immédiatement et que chacun se remette au travail sans attendre. Il a d’ailleurs rencontré, dès mardi, les responsables des principaux syndicats étudiants (Unef, Fage, Confédération étudiante) pour faire le point et examiner avec eux les possibilités d’aménagement du calendrier de rattrapage des cours mais aussi planifier les examens. Le rythme doit être soutenu car il faut quasiment faire deux semaines en une jusqu’à fin juin pour pouvoir enchaîner ensuite les examens jusqu’à la mi-juillet.

Un objectif semble prioritaire : réussir à dispenser tous les enseignements prévus au programme pour ne pas dévaloriser les diplômes obtenus cette année. L’enjeu est important pour les universités françaises qui ne sont pas bien cotées sur le marché mondial de l’enseignement supérieur. Il est donc indispensable de ne pas dégrader un peu plus la situation en produisant, en 2006, une génération de sous-diplômés. La mobilisation pour sauver l’année scolaire et universitaire fait donc partie des principales préoccupations à l’issue de la crise provoquée par le CPE. Jacques Chirac l’a confirmé en appelant les jeunes, lors du dernier conseil des ministres, à «reprendre les cours et préparer les examens».


par Valérie  Gas

Article publié le 12/04/2006 Dernière mise à jour le 12/04/2006 à 16:34 TU

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