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Santé

Hannah a retrouvé son cœur

Hannah Clark, 12 ans, avait reçu il y a dix ans un nouveau cœur, son cœur avait été laissé dans sa poitrine, mais mis au repos.DR
Hannah Clark, 12 ans, avait reçu il y a dix ans un nouveau cœur, son cœur avait été laissé dans sa poitrine, mais mis au repos.
DR
Des chirurgiens britanniques viennent de réaliser une opération destinée à remettre en fonctionnement autonome le cœur d’une petite fille qui avait dû subir une transplantation cardiaque à deux ans. Atteinte d’une grave cardiomyopathie, Hannah Clark n’aurait pas pu survivre sans le greffon qu’on lui a implanté dans la poitrine pour faire le travail de son cœur malade, pourtant laissé en place dans l’espoir d’un rétablissement. Aujourd’hui, l’organe transplanté a été enlevé et son cœur a repris son rôle. Il s’agit d’une très grande avancée qui ouvre des perspectives pour les malades qui souffrent de ce genre de pathologies.

Hannah n’espère qu’une chose : pouvoir retourner très vite à l’école. Cette petite fille de 12 ans qui habite Moutain Hash, au sud du Pays de Galles, est presque une miraculée. Mais aujourd’hui, elle va bien et elle sourit. Il est vrai que depuis sa naissance, elle n’a peut-être jamais été aussi confiante en l’avenir. Et pour cause, elle vient de subir avec succès une opération qui a permis à son cœur, endormi pendant dix ans, de reprendre son fonctionnement normal. Elle a donc aujourd’hui enfin l’espoir de pouvoir mener une vie presque comme celle de toutes les petites filles de son âge.

Lorsqu’elle est née, son espérance de vie était pourtant réduite. Hannah était atteinte d’une forme très grave de cardiomyopathie : son cœur enflait et ne pouvait jouer son rôle de pompe. Il aurait très vite fini par doubler de volume et cesser de fonctionner. C’est la raison pour laquelle, les médecins ont décidé, lorsqu’elle avait seulement deux ans, de tenter une greffe. Mais au lieu de remplacer l’organe malade par celui d’un donneur, l’équipe du professeur Magdi Yacoub a décidé de faire cohabiter les deux. Hannah a donc vécu avec un cœur au repos et un autre au travail. Le greffon a joué le rôle de pompe principale mais le cœur de la petite fille a continué à être irrigué et à fonctionner au ralenti. Les deux organes étaient attachés l’un à l’autre et les aortes regroupées.

Une greffe et des complications

Ce système a permis à Hannah de continuer à vivre. Mais il ne lui pas épargné de nouvelles épreuves. Car les suites d’une transplantation sont toujours difficiles. Elle a souffert de problèmes rénaux et pulmonaires. Elle a dû prendre des traitements anti-rejet forts et contraignants qui ont certainement contribué à l’apparition d’une forme de cancer de la lymphe dont elle est atteinte.

Lorsque, lors d’une visite de routine, les médecins se sont aperçus que son corps était en train de rejeter le greffon implanté dix ans plus tôt, l’horizon de la petite fille s’est une nouvelle fois assombri. L’équipe du Great Street Ormond Hospital de Londres a alors pris la décision de tenter le tout pour le tout et de remettre en état de fonctionnement le cœur d’Hannah. C’est ce qui a été fait le 20 février dernier en collaboration avec le chirurgien qui avait réalisé la greffe, le professeur Magdi Yacoub, qui est revenu de sa retraite à la demande de la famille pour participer à l’opération avec deux autres confrères.

Un exemple et un espoir

Il s’agit d’une grande première en Grande-Bretagne. Et elle s’est déroulée mieux que les médecins ne pouvaient l’espérer. L’intervention, prévue pour durer au moins huit heures, n’en a finalement pas pris cinq. La petite fille est sortie de l’hôpital au bout de cinq jours alors qu’on avait prévenu ses parents qu’elle risquait de rester en service de réanimation plusieurs semaines. Hannah se sent bien et récupère parfaitement. Elle a retrouvé son cœur et se projette dans l’avenir. A 12 ans, la petite fille courage qui, selon ses parents, n’a jamais perdu le sourire est, on l’espère, au bout de ses peines. Elle n’a plus besoin de prendre les traitements anti-rejet. La chimiothérapie qu’elle a subie avant son intervention pour lutter contre le cancer a fait effet. Elle est en rémission.

Hannah est un exemple et un espoir. Car elle a permis d’expérimenter une technique de lutte contre les inflammations du muscle cardiaque qui pourra peut-être sauver d’autres vies. Les médecins savent maintenant qu’un cœur atteint de ce type de maladie peut guérir si on le met en vacances. Ils estiment d’ailleurs qu’il ne sera plus désormais obligatoire de recourir à une greffe mais à un cœur mécanique (dispositif d’assistance ventriculaire) qui remplacera l’organe malade pendant quelques mois avant d’être retiré. «Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir», en tout cas cette histoire donne une raison d’y croire.


par Valérie  Gas

Article publié le 14/04/2006 Dernière mise à jour le 14/04/2006 à 15:10 TU